Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.06.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 6938 fois

NÎMES Dix mois de prison pour un Saint-Gillois qui s'était félicité de la mort de trois gendarmes sur Facebook

Palais de justice Nîmes 8-9-2020 (photo Norman Jardin) (2)

Un habitant de Saint-Gilles de 26 ans est condamné à 10 mois d'emprisonnement, dont six avec sursis, par le tribunal judiciaire de Nîmes, mardi 7 juin, pour avoir publié sur Facebook un message se félicitant de la mort de Arno Mavel, Cyrille Morel et Rémi Dupuis, trois gendarmes tués par un forcené, alors qu’ils venaient secourir une femme victime de violences, dans le Puy de Dôme, fin décembre 2020.

Alors que les trois militaires avaient été abattu lors de cette intervention, le jeune avait réagi sur Facebook en écrivant : « Voilà trois bons flics, car un bon flic et (sic) un flic mort. Ni oubli ni pardon pour les victimes des victimes tuées par les forces de l’ordre. » Mais à l’audience, Lucien se ferait presque passer pour un défenseur des forces de l’ordre. « En aucun je n’ai incité les gens à faire du mal aux forces de l’ordre. Je voulais juste montrer qu’il y avait deux justices. On parle souvent des personnes en uniforme tuée, mais très peu des victimes de violences policières, explique le jeune ouvrier dans le bâtiment, polo noir, et tatouage de chaîne enlacées sur l’avant-bras gauche. Et puis, on parle des gendarmes quand ils sont tués. On les acclame ou on leur décerne des médailles. Mais jamais quand ils font un travail exemplaire… » Le juge le regarde surpris. « Ce n’est pas vrai, ils ont souvent été félicités pendant les derniers épisodes terroristes que l’on a connu », fait remarquer le président, Jean-Pierre Bandiera.

Gilets jaunes et feux d’artifice

Lucien a déjà été condamné par le tribunal de Montpellier en juin 2019 pour avoir participé à une manifestation de gilets jaunes, porteur de feux d’artifice. « Je ne les ai pas utilisés et je les avais pris pour le côté festif, comme au 14 juillet… », se justifie le prévenu, d’un air borné. Puis, le 17 novembre 2021, il comparaît de nouveau pour provocation à la rébellion et outrage, lors d’une autre manifestation. « J’étais assis sur les marches de l’Opéra de Montpellier. Un mec à côté de moi a tiré des pétards. Quand il s’est fait interpellé je me suis levé car une femme avait été poussée, et de là, ils s’en sont pris à moi. Tout ça, on le voit sur les caméras », persiste-t-il.

Complot mondial

Soupçonné de fréquenter les "black blocs", le jeune révolté nie toute accointance avec le groupuscule d’ultra-Gauche ou la mouvance anarchiste. Mais devant la psychologue, il évoque une théorie de complot mondial contre les populations. Le procureur requiert huit mois d’emprisonnement contre le jeune Saint-Gillois. « Facebook est devenu un moyen de communication permettant à chacun d’invectiver, d’insulter ou de faire l’apologie de crimes, avec un sentiment d’impunité et de toute puissance. Il déteste les forces de l’ordre et la justice, mais n’assume plus rien aujourd’hui devant vous, pointe Romain Domingues. Mais la liberté d’expression a des limites. Ce sont des propos abjects, lâches et inadmissibles, car au-delà de l’atteinte à l’honneur de ces trois hommes, cela porte atteinte à l’Institution et à la République elle-même. »

Trois cents copains Facebook

« Où a-t-il inviter qui que ce soit, à faire quoi que ce soit envers des policiers ? Ce sont des mots jetés sur Internet, sans véritable sens, pour faire un peu de buzz, s’offusque l’avocate de Lucien, Aude Widuch. Mais il n’a que 300 copains sur Facebook et son message sera vue par six pelés seulement ! On ne peut pas dire qu’il mobilise les foules, il n’intéresse personne ! Il reste les propos d’un gamin en colère, remonté par les titres des médias. Des propos inintéressants et inaudibles qui ont déclenché une machine judiciaire surréaliste, digne d’une enquête pour terrorisme ! Rendez-vous compte : on a surveillé sa voiture, remonté les lignes téléphonique de lui, de sa mère et de sa sœur. Il a passé 4 mois en détention provisoire. Tout ça pour un crétin qui veut se défouler de sa frustration ! On a cru qu’il faisait partie ou qu’il finançait l’extrême-Gauche, mais il n’est rien, seulement un pauvre type au chômage qui a déjà été largement puni. »

Pierre Havez

Pierre Havez

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio