Publié il y a 12 ans - Mise à jour le 20.08.2013  - 3 min  - vu 955 fois

POLLUTION : Il faudra des années pour traiter les mines de St Sébastien d'Aigrefeuille

Le préfet Hugues Bousiges sur le site minier pollué de St Sébastin d'Aigrefeuille avec le maire, Alain Beaud et le représentant de l'Ademe Patrick Jacquemin. Ph DR/RM

Invité par le maire de la commune en présence des habitants sur le site de l'ancienne mine Pennaroya, le Préfet du Gard Hugues Bousiges a fait le point avec le représentant de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) sur les travaux entrepris par l'Etat pour traiter la pollution dont la commune a héritée.

"On va passer du temps au XXIe siècle à réparer les tords causés au XXe siècle" commentait ce mardi Hugues Bousiges après la visite de l'ancien site minier situé sur les hauteurs de la commune de St Sébastien d'Aigrefeuille, "et je tiens à redire ici que s'il y a des retards dans ce dossier ce n'est pas le fait de la commune qui a su regarder la réalité de cette pollution en face jusqu'à la date du 21 juillet 2010 où l'Etat a pris la décision d'intervenir, alors qu'il n'y avait plus de recours possible contre l'entreprise. Les sites pollués sont très nombreux en France et chacun des cas est préoccupant. Je me réjouis que l'Ademe travaille aujourd'hui sur ce dossier et je souhaite que l'on puise trouver de vraies solutions au delà des seules contraintes financières".

Il faut dire que la situation est préoccupante. Le maire de St Sébastien d'Aigrefeuille, Alain Beaud a d'ailleurs choisi dès le départ la transparence de l'information en rendant public les résultats des premier travaux entrepris par l'Ademe au fur et à mesure de l'avancée du dossier. Le problème est concentré autour des résidus produits pendant les douze ans d'extraction minière entre 1951 à 1963 par l'entreprise Pennaroya. "Aujourd'hui on aurait certainement imaginé un stockage sec et à la abri des écoulements, mais en l’occurrence à l'époque ces résidus ont été stockés dans une vallée, là où il y avait des sources et des écoulements" explique Patrick Jacquemin, chargé de mission à l'Ademe. Résultats : l'eau qui sort des résidus contient 7500 microgrammes par litre d'Arsenic soit un taux 750 fois plus élevé que le niveau de potabilité de l'eau (10 microgrammes /l). Cette eau qui s'écoule librement se mélange à l'eau du Reigoux où l'on retrouve encore des taux de 350 microgrammes/l au milieu du village et de 17 microgrammes/l aux limites de la commune à Générargues. Pour le plomb les chiffres sur les mêmes lieux de prélèvements sont de 170, 46 et 9. Pour donner un ordre d'idée le maire Alain Beaud cite le chiffre incroyable de 8 tonnes d'arsenic qui s'écoulent ainsi chaque année devant sa mairie !

"Dans une première phase la priorité consiste donc à limiter les entrées (et donc les sorties) des eaux depuis ces résidus" expliquait ce mardi Patrick Jacquemin. Pour cela une première enveloppe de près de 2 millions de travaux sera consacrée à refaire tout le réseau hydraulique afin de capter l'eau avant qu’elle ne pénètre dans le massif pollué. La phase d'étude est aujourd'hui terminée. Elle doit encore passer en commission technique le 3 octobre prochain. "On peut donc penser que les travaux pourront démarrer fin 2014, début 2015" explique Patrick Jacquemin."Quand cette première phase sera terminée nous pourrons mesurer l'étendue du chemin parcouru et envisager des solutions complémentaires.  Comme par exemple collecter les eaux souterraines par  des puits de pompage en profondeur (un test est en cours). Si les écoulements étaient faibles, on pourrait même imaginer une épuration classique en sortie ou encore la mise en place d'une phytoépuration..."

En attendant, l'accès au mur de soutènement, l'installation d’ une clôture et d’un portail  au niveau de la digue ainsi que de capteurs a déjà permis de sécuriser les lieu tout  en surveillant en temps réel les débits. Dans le même temps l'Ademe qui travaille en collaboration avec l'Agence régionale de Santé(ARS) a mené des études sur la rivière, les sols, les poussières, mais aussi les jardins potagers du village afin de mettre en évidence d'éventuelles conséquences sanitaires. "Ces recherches vont se poursuivre notamment en direction des enfants qui sont les plus sensibles aux pollutions par le plomb" explique Patrick Jacquemin "mais la question des risques reste compliquée parce que leur évaluation repose sur des paramètres de calculs qui sont parfois abstraits et des normes qui ne sont pas toujours fixées au niveau national".  Il cite par exemple le cas d'un des vergers du village. Compte tenu des taux dans le sol et en considérant que 20% de la consommation alimentaire du ménage proviendrait dudit verger on approcherait de la notion de prudence. Pour l'instant et en l'absence de dépistage il s'agit surtout d'être conscient de ces risques et de les évaluer. Il y a  d'ailleurs des habitants qui se sont installés en parfaite connaissance de cause dans des bâtiments réhabilités sur le site même de l'ancienne mine !

Raphaël MOTTE

raphael.motte@objectifgard.com

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