Publié il y a 2 h - Mise à jour le 02.10.2025 - Julia Razil - 4 min  - vu 144 fois

ARLES L’opposition claque la porte du conseil municipal, la majorité vote seule

En quittant la salle des fêtes ce jeudi soir, les élus de l'opposition ont laissé un conseil municipal sans quorum.

- S.Ma.

Ce jeudi soir, le conseil municipal s'est tenu sans les élus d'opposition qui ont quitté la salle pour dénoncer "une majorité fantôme".

La scène est rare, presque inédite depuis l’ère Camoin. Ce jeudi soir, le conseil municipal d’Arles s’est tenu sans un seul élu d’opposition. En moins d’une heure, 49 délibérations ont été avalées à l’unanimité, dans un hémicycle déserté par ceux qui, d’ordinaire, animent les débats. Mais cette fois, les dix conseillers de l’opposition ont choisi de quitter la salle des fêtes avant même l’ouverture officielle de la séance, laissant la majorité voter… seule.

Un quorum in extremis

À 17h, heure de l'appel, ils sont 32 élus autour de la table : 22 de la majorité et les 10 membres de l’opposition. Mais ces derniers, "excédés par les retards et les absences répétées de certains élus de la majorité" se lèvent et sortent. Un geste politique et symbolique pour signifier leur ras-le-bol. Un geste qui, de fait, laisse le conseil municipal privé de quorum. "Une nouvelle fois, la majorité n’avait pas les élus nécessaires pour assurer le quorum", lâchent-ils dans un communiqué expédié depuis le couloir, d’où certains croyaient encore les voir revenir. "Nous, élus d’opposition, étions là. Nous étions présents, assis dans l’hémicycle, prêts à débattre et à voter. Eux, la majorité, étaient absents."

Dans la salle, l’embarras est palpable. Des chuchotements, des regards en coin, un élu de la majorité qui glisse : "En même temps, c’est le jeu… Moi, dans l’opposition, j’aurais fait pareil. Puis, faut être sérieux aussi." Le cabinet du maire, lui, assure qu’une élue manquante est en route. Reste alors une question cruciale : un conseil déjà appelé une première fois peut-il légalement redémarrer ? "Oui", selon le cabinet du maire qui, en urgence, a consulté la sous-préfète. À 17h30, nouveau décompte : 23 présents. La séance peut commencer. Sans opposition. Sans débat.

Initialement programmé à 17h, le conseil municipal a finalement démarré à 17h30. Pendant une demi-heure, et même encore après, l’embarras était palpable dans la salle. • S.Ma

L'opposition dénonce "une majorité fantôme"

Pour les élus des groupes d’opposition, cette situation est le reflet d'un malaise bien plus profond. "À six mois des élections, cette situation est intolérable : Patrick de Carolis et son équipe ne sont même plus capables d’assumer leur mandat devant les Arlésiennes et les Arlésiens, écrivent-ils dans leur texte. Un mandat d’élu ne se résume pas à une signature sur un bulletin de vote : il engage à être là, à participer aux débats, à représenter dignement la ville et ses habitants. Nous soulignons également que les élus d’opposition ne perçoivent aucune indemnité, contrairement à ceux de la majorité. Pourtant, nous assumons notre rôle avec constance et sérieux, sans contrepartie financière, par sens du devoir et par respect pour les Arlésiennes et les Arlésiens. (…) Trop souvent, la majorité se dérobe, laisse les sièges vides, et met en péril le fonctionnement des instances. C’est grave (…)." Et de rappeler les précédents : il y a deux semaines, déjà, le quorum aurait manqué au conseil communautaire ACCM sans leur présence. "Arles est laissée à l’abandon par ceux qui devaient la diriger. (Elle) mérite mieux qu'une majorité fantôme", lancent-ils, évoquant aussi de "nombreux courriers" envoyés à la sous-préfète "ces trois derniers mois" pour dénoncer des violations de la loi -- restés sans réponse.

Ce jeudi soir encore, les élus des groupes d’opposition ont interpellé "par écrit", la représentante de l’Etat conformément à l’article L2121-17. Lequel indique que "le conseil municipal ne délibère valablement que lorsque la majorité de ses membres en exercice est présente. Si, après une première convocation régulièrement faite selon les dispositions des articles L.2121-10 à L.2121-12, le conseil municipal est à nouveau convoqué à trois jours au moins d'intervalle. Il délibère alors valablement sans condition de quorum." "On espère que cette fois-ci la sous-préfète sera à la hauteur, lâchent les élus d’opposition. On n’a plus envie d’être les piliers de la politique de Monsieur de Carolis. Avec ce conseil illégal, il montre encore qu'il fait fi de la démocratie.

Le maire regrette une "politique de la chaise vide"

Face à la fronde, l'édile, lui aussi, a réagi par communiqué, évoquant "une attitude qu’(il) ne (peut) que déplorer". Patrick de Carolis regrette que "les élus de l'opposition aient choisi d'exprimer leur désaccord en quittant le débat plutôt qu'en y contribuant. Un conseil municipal est un lieu d’échange républicain, un espace de confrontation d’idées au service de l’intérêt général", rappelle-t-il, comme pour mieux souligner l’absence criante de contradiction. "Le quorum était atteint à l’heure prévue", affirme-t-il, avant d’admettre que son rétablissement in extremis a permis à la séance de se tenir… "sans débat". "Plusieurs sujets structurants n’ont pu être discutés publiquement", reconnaît-il, citant la réhabilitation et l'extension du centre social et de la crèche de Barriol, l’avenir de la gare maritime, ou encore le devenir des sites des Minimes et de l’ancien collège Mistral. "Les Arlésiens en sont les premiers lésés."

Car c'est bien là le problème. Derrière des passes d’armes politiques, ce sont des dossiers sensibles qui ont été votés sans aucune discussion. "On a travaillé dessus pendant des jours, les Arlésiens nous ont demandé de porter leur voix", confie un élu de l’opposition, amer. "Je suis déçu pour eux aussi. Mais on ne pouvait plus cautionner ça." Reste une question : cet événement, qui s'inscrit dans une période préélectorale, marquera-t-il un tournant ? Car au-delà des arguments de chacun, et si le conseil a bien eu lieu, le débat démocratique, lui, est resté sur le seuil de la salle des fêtes. 

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Julia Razil

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