Dans la croissance de l'école Marcel-Pagnol à Ribaute-les-Tavernes, la crainte de perdre une classe, à la rentrée 2024, n'était qu'un petit accident de parcours. Non seulement, ceci n'a finalement pas eu lieu, mais, surtout, mis à part cette crainte, l'école n'a cessé de croître, depuis sa création en 2003.
"On avait six classes à l'ouverture, explique le maire, Frédéric Itier, par ailleurs professeur à mi-temps. L'école a connu une première extension pour monter à huit classes. Puis, en 2016, on l'a portée à onze classes, ce qui explique les trois entrées différentes." Et la voilure ne devrait pas réduire, avec "cette année, plus de trente naissances sur le village", alors que le taux de fécondité est en baisse partout et que la démographie scolaire s'en ressent fortement.
Et, depuis la rentrée 2024, l'école a fait une place à l'UEMA (unité d'enseignement maternelle autisme), qui accueille sept enfants atteints de trouble du spectre autistique, au sein d'une école de 183 élèves. "C'est un gros plus pour l'école, s'enthousiasme Laurent Boutonnet, directeur de l'école. Le contact est bon avec le personnel médico-social, on a même eu une formation."
Le groupe est petit, sept élèves, ce qui est la norme pour une UEMA. La classe est rattachée à l'UNAPEI 30, association de parents qui agit pour l'inclusion des personnes en situation de handicap. À part Ribaute, trois autres classes du même type existent dans des maternelles du Gard, à Nîmes, Remoulins et Uchaud.
Si la classe est petite, elle réunit, sous forme de professionnels, les conditions de la réussite pour ces enfants. Une enseignante titulaire du certificat d'aptitude professionnelle aux pratiques de l'éducation inclusive (CAPPEI), autre à cinq éducateurs spécialisés qui se relaient, une psychologue et un ergothérapeute. Les élèves observent des horaires classiques, comme leurs camarades des autres classes. Quand l'activité est à la lecture dans une autre classe de maternelle, des élèves de l'UEMA rejoignent souvent leurs homologues. "À l'heure de la récré, ils ont également un temps commun avec les autres."
À l'école de Ribaute, la convention entre la commune et l'UNAPEI 30 a été signée pour deux ans. D'où une crainte de voir la classe repartir à la rentrée prochaine... ce qui n'est pas à l'ordre du jour, a rassuré Christophe Mauny. Une conviction confirmée par l'écoute des témoignages de trois parents, présents pour rencontrer le DASEN, qui ont fait part de leur changement de vie depuis que leur fils fréquente l'UEMA. "Le fait d'avoir trouvé une école qui l'accueille et réponde à ses besoins, c'est génial. Il est accompagné dans la vie de tous les jours."
"On ne voulait pas faire le choix de le sortir de l'école. La prise en charge est exceptionnelle", abonde la mère de l'enfant. "Depuis qu'il est à l'UEMA, ça va mieux." "Et des parents apaisés, ça fait aussi des enfants apaisés", surenchérit Christophe Mauny, qui rassure : "Le sujet de l'inclusion est une priorité dans le pilotage du département". Les parents bénéficient en plus d'un dialogue facile avec la psychologue de la classe, avec des intervenants comme les orthophonistes, etc.
"On co-construit les solutions, explique Jérôme Lemaistre, directeur de l'UNAPEI, pour gérer au mieux les difficultés des familles." Pour Christophe Mauny, "il faut garder le caractère innovant de la démarche de départ". Même si, pour les parents, la suite interroge : après l'UEMA, il n'existe qu'un seul équivalent pour l'école élémentaire dans tout le département, à Caissargues. Selon le handicap et les progrès de l'enfant, il pourra être orienté vers un SESSAD (service d'éducation spéciale et de soins à domicile) ou un IME (institut médico-éducatif) à temps partiel. Une "diversification des leviers d'intervention, selon le DASEN, on va vers une démarche de personnalisation des choses". Et ce, alors que les besoins ne cessent d'augmenter quand un enfant sur six naît avec un problème de neuro-développement.