Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 13.07.2024 - Thierry Allard - 3 min  - vu 349 fois

SAINT-QUENTIN-LA-POTERIE Au festival Terralha, la céramique se découvre sous toutes ses formes

Le céramiste villeneuvois Matthieu Faury expose au festival Terralha

- Photo : Thierry Allard

Pour sa 39e édition, qui se tient ce week-end à Saint-Quentin-la-Poterie, le festival européen de la céramique Terralha, organisé par l’Office culturel, propose un parcours d’une vingtaine de céramistes à découvrir dans les rues du village. L’occasion d’explorer la diversité foisonnante de la scène contemporaine.

Commençons par le début : les différents lieux d’exposition sont repérés par des lettres, et autant démarrer par la lettre A, dans une cour privée de la rue du Dr Blanchard. Ici, l’oeil est attiré par des céramiques qui ne ressemblent à rien de ce qu’on imagine quand on parle de céramique. Ce sont les créatures de Matthieu Faury, sculpteur villeneuvois « récemment converti à la céramique », comme il dit. Depuis quatre ans, il a troqué le bronze et la pierre pour la terre, qui « pour le sculpteur est comme le dessin pour le peintre, le départ très fréquent de toute sculpture », la terre qui lui permet « une expressivité énorme ».

Les oeuvres de Matthieu Faury sont très graphiques • Photo : Thierry Allard

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’en sert : ses créatures, très graphiques, sont recouvertes de lacets de terre méticuleusement entremêlés ou de feuilles tout aussi soigneusement disposées, puis recouverts d’émail aux couleurs vibrantes. « Je raconte une histoire de connexion à la nature », dit-il. Et Matthieu Faury expose tout à côté une tête réalisée grâce à une imprimante 3D capable de travailler la terre, qui donne à cette oeuvre un côté surréaliste.

On monte dans les rues du village pour rejoindre la lettre J, celle derrière laquelle s’abrite la céramiste biélorusse installée en Pologne Hanna Miadzvedzva. Elle propose des oeuvres là aussi très graphiques, aux formes rondes, ponctuées de centaines de reliefs. « Des formes naturelles, les surfaces, beaucoup de textures », dit-elle en anglais. Méticuleusement, elle travaille ses textures à l’aide d’une petite poire, « goutte par goutte ». Si elle a déjà exposé ailleurs en France, elle est pour la première fois à Terralha.

Les oeuvres d'Hanna Miadzvedzeva • Photo : Thierry Allard

Dans un tout autre style, quoique, les oeuvres de la Lilloise Anne Breton sont elles aussi inspirées par la nature. Ainsi, on est accueillis à la lettre G par deux troncs d’arbre qui nous regardent. « Il y a quelques années je travaillais autour de la montagne, puis des yeux se sont percés, de ces yeux sont nés des portraits fantômes », explique-t-elle. Aujourd’hui ces portraits fantômes se sont multipliés, « ils prennent des formes naturelles », explique la céramiste qui travaille aussi les textures comme du tissu à partir des grès. Pour elle aussi, la céramique, c’est la liberté, « ce mou qui durcit et devient immuable, imprime le geste, le rend, quelque chose d’assez primitif. »

Anne Breton crée des portraits fantômes • Photo : Thierry Allard

La céramique, on peut en faire des fèves, aussi. C’est le médium artistique qu’ont choisi Leïla Fromaget et Anastasia Gaspard, qui forment le le duo JJ Von Panure, à la lettre H. Elles créent des fèves de toutes formes, souvent inattendues : un mégot, un capuchon de stylo Bic tout mâchouillé, une carte Vitale… « Ce sont des fèves sculptures, uniques, modelées et peintes à la main par nous deux », explique Anastasia Gaspard.

Le duo JJ Von Panure créé des fèves originales • Photo : Thierry Allard

Pourquoi les fèves ? « C’est un objet magique, qui pouvait élire le roi », commence-t-elle. Un objet « devenu religieux par la suite, et maintenant sous l’ère capitaliste la fève est devenu un support marketing, on a trouvé intéressant de s’inscrire dans cette histoire et de se réapproprier cet objet », explique Anastasia Gaspard. Un objet très populaire aussi, que certains, les fabophiles, collectionnent. « Certaines personnes nous les achètent comme des fétiches, certaines en tant que fève, d’autres comme un objet d’art », sourit-elle.

Un président de la République se cache parmi ces fèves, saurez-vous le retrouver ? • Photo : Thierry Allard

Le festival Terralha se poursuit ce dimanche de 10h à 20h dans les rues de Saint-Quentin-la-Poterie. Entrée libre, programme complet ici.

Thierry Allard

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