EXPRESSO Nouvelle aire de camping-car : la crainte des campings à Sommières

De gauche à droite : Maxence Raynal, gérant du Garanel ; Julien Werner, des Chênes et Florence Berbier de L’Olivier
- Coralie MollaretDans le pays de Sommières, plusieurs campings tirent la sonnette d’alarme face à l’arrivée d’une nouvelle aire de camping-car prévue l'an prochain.
Le mois dernier, le maire de Sommières, Pierre Martinez, a annoncé la création, en 2026, d’une aire de camping-car de 25 places, à proximité de l’ancienne gare. Gérée par une entreprise privée (le choix n’est pas encore arrêté, ndlr), cette aire proposera un tarif de 14 € la nuit. « J’ai rencontré les gérants des campings locaux. Il n’y aura pas de concurrence directe, car la clientèle visée n’est pas la même », affirme l’élu, avant d’expliquer : « Il s’agit de camping-caristes de passage, qui restent une ou deux nuits, contre un mois dans les campings traditionnels. »
Sur le terrain, les professionnels ne partagent pas cet avis. Maxence Raynal, qui a repris le camping Le Garanel à Sommières en 2023, présente chiffres à l’appui une tout autre réalité : « Notre clientèle principale, ce sont justement les camping-caristes de passage. Ils viennent pour une ou deux nuits. Les séjours de moins de 3 nuits représentent 65% des séjours tandis que les séjours d'un mois représentent 2%. Conséquence : cette aire va directement nous impacter. » Dans les campings, le tarif est autour des 19€ notamment en raison des services apportés qui différent des aires de passage.
« Nous sommes un peu des relais de l'office du tourisme »
Même inquiétude chez ses homologues : Florence Berbier, à la tête du camping L’Olivier à Junas depuis 1973, et Julien Werner, cogérant du camping Les Chênes. L’Olivier dispose d’une quarantaine d’emplacements, dont une vingtaine réservée aux camping-cars : « Nous faisons un vrai travail d’accueil. On conseille les clients, on leur parle de la voie verte, des carrières, du territoire. On est un peu des relais de l'office du tourisme de proximité… » Maxence Raynal complète : « On participe aussi à l’économie locale en recommandant des restaurants, des commerces. Avec une plateforme impersonnelle, on se tire une balle dans le pied ! »
Tous redoutent une fragilisation de leur activité : « Beaucoup de petits campings disparaissent aujourd’hui au profit des grandes chaînes ( 50 petits campings de moins de 100 emplacements chaque année selon la FNHPA (Fédération nationale de l'Hôtellerie de plein air)». Julien Werner résume leur position : « L’idée, c’est simplement de dire que nous ne sommes pas d’accord avec un projet qui va impacter nos campings, alors qu’on fait vivre le territoire. » Et Maxence Raynal de conclure : « Ce qu’il faudrait, c’est au contraire développer l’offre locale pour inciter les visiteurs à rester plus longtemps à Sommières. »