FAIT DU JOUR À Deaux, l'inflation donne du boulot à l'unique fabricant français de portiques antivol
Boostés par une inflation galopante, les vols à l'étalage ont augmenté de 14% en 2022. Ce qui fait les affaires de l'entreprise Dimag, unique fabricant français de portiques antivol basé à Deaux, près de Vézénobres, dans la zone d'activité La Bausse.
Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Si l'activité de l'entreprise Dimag ne se portait déjà pas mal, elle est dernièrement boostée par la hausse des vols à l'étalage (+14% en 2022 selon le ministère de l'Intérieur) étroitement liée à l'inflation. "À l'époque, les vols étaient plutôt destinés à satisfaire des besoins relatifs à la notion de loisir, alors qu'aujourd'hui on est vraiment sur des besoins primaires comme la nourriture", enclenche Fanny Diet Maurin, jeune (25 ans) responsable commerciale d'une société fondée par son papa Jean-Paul en 1994.
Basée à Deaux, près de Vézénobres, cette entreprise familiale qui emploie sept salariés - sans compter les parents retraités qui veillent toujours au grain - est spécialisée dans la fabrication de portiques anti-vol. "Il y a beaucoup de revendeurs en France, des assembleurs aussi, mais on est le seul fabricant français", assure Fanny Diet Maurin, tandis que son frère aîné Rémy, 29ans, a endossé le rôle de président-directeur général (PDG).
Il faut remonter à la fin des années 80 pour retracer l'histoire de cette discrète entreprise gardoise, aujourd'hui solidement ancrée dans le paysage économique national. "Un jour, je me promenais en ville active à Nîmes. À l'entrée d'un grand magasin, j'ai vu une petite antenne toute riquiqui. J'ai demandé au patron de quoi il s'agissait. Il m'a dit que c'était contre le vol à l'étalage. Je n'avais jamais vu ça auparavant", rembobine Jean-Paul.
Le lendemain, le dernier nommé prend contact avec le fabricant dont le siège social est basé à Paris. Sans trop de difficulté, il obtient l'autorisation pour visiter l'usine. "Quelques années plus tard, j'ai décidé d'inventer mon propre système. J'ai senti que c'était un marché d'avenir", raconte le fondateur, opiniâtre et clairvoyant.
Valoriser le savoir-faire français
L'appellation Dimag, pour "démarque inconnue des magasins", autrement dit la différence entre le chiffre d'affaires théorique et le chiffre d'affaires réel d'une entreprise amputé par les vols, a été trouvé bien plus tard. En trois décennies d'existence, la société deuxoise peut se targuer d'avoir assuré l'installation de 10 000 solutions pour plus de 2 500 clients à travers la France, en Espagne, en Allemagne, en Belgique et au Maroc.
"On ne refuse aucune demande à l'étranger, mais on ne fait pas de démarchage pour se concentrer sur le marché français", explique la responsable commerciale qui, sans que ça ne soit tout à fait anodin, a récemment modifié la charte graphique et les couleurs de l'entreprise (bleu, blanc et rouge) "pour valoriser le savoir-faire Made in France". Car la concurrence étrangère, par Checkpoint Systems et Sensormatic notamment, reste féroce.
Ainsi, Dimag ne propose pas "les prix les plus bas du marché" mais mise sur la "qualité" de ses équipements. De sorte que les techniciens deuxois n'auraient que "très peu" de services après-vente à réaliser. "La durée de vie d'un portique anti-vol varie en fonction de l'environnement. Si les antennes sont installées à l'extérieur, l'humidité peut détériorer le matériel. Mais en temps normal, le portique est fonctionnel une dizaine d'années. Cette semaine, j'ai même eu un appel d'une cliente nîmoise qui avait fait installer son antenne au début des années 2000. Ça fait plaisir, ça a tenu plus de 20 ans", apprécie Fanny Diet Maurin.
Faits de plexiglas, les portiques et antennes antivol sont tous fabriqués dans les ateliers de Deaux. "On continue à proposer des modèles à armature métallique ou en bois", précise la responsable commerciale. À l'intérieur du dispositif, une carte électronique nichée dans des câbles est réglée sur une radio fréquence, technologie la plus utilisée au niveau mondial, ou en "acousto-magnétique", dispositif particulièrement plébiscité par les parfumeries et cosmétiques.
"lls ont toujours des ruses"
"On a plusieurs tailles d'antennes. Plus elle est large, plus sa capacité de détection grandit", prévient Fanny Diet Maurin. Évidemment, la première vocation des portiques antivol est dissuasive. "On évite les 'voleurs du dimanche', ceux qui n'avaient pas forcément prévu de voler mais à qui il manquait quelques euros sur le moment", expose la jeune femme. D'autres, plus aguerris, trouvent des moyens pour contourner le système. "lls ont toujours des ruses", reconnaît-elle. Certains voleurs agissent parfois avec des sacs métalliques ou doublés d'aluminium. "C'est la raison pour laquelle nos nouvelles installations peuvent s'accompagner de détecteurs de métaux", rebondit la responsable commerciale.
À l'heure où la baisse du pouvoir d'achat constitue un "facteur aggravant", nombreuses sont les enseignes jadis épargnées qui décident de s'équiper. "On fait face à une grosse augmentation des demandes d'équipements pour les petits supermarchés comme Franprix, Spar et d'autres petites épiceries", promet la cadette des enfants Diet Maurin. Et d'ajouter : "Dans les supermarchés, avant c'était surtout l'alcool qui était sujet à des vols. Dernièrement, on nous demande de protéger du surgelé et de la viande. On a donc fait rentrer des étiquettes spéciales qui résistent à la congélation et à l'humidité."
À l'échelle locale, la librairie Sauramps (Montpellier), la chapellerie Bérénice (Alès et Nîmes), Tissus choc (Alès), IKKS (Alès), ou encore la pharmacie de Clavières sont autant de clients qui ont misé sur les portiques de Dimag. Pour rappel, les voleurs à l'étalage encourent jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000€ d'amende.
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