FAIT DU JOUR Pour laisser paître ses moutons, Blandas souhaite arracher ses pins noirs d'Autriche
Afin de gagner des hectares pour ses élevages ovins, la commune de Blandas demande l'autorisation de supprimer une partie des pins noirs qui gagnent la lande, hors de la forêt. L'arbre participe à la fermeture des milieux et empêche les moutons de circuler librement, en contradiction avec le label patrimoine mondial de l'Unesco sur l'agropastoralisme. La municipalité attend désormais un retour des services de l'État, tandis qu'une entreprise de Mende se chargerait gratuitement de la coupe et du retrait.
"On en a planté un peu partout en France. À un moment donné, c'était la mode : c'est un arbre qui pousse vite et se déploie vite." Maire de Blandas, Marc Weller trouve sans problème des excuses aux gestionnaires des décennies précédentes. Mais, désormais, les temps ont changé. D'autant qu'en matière de valorisation, le pin noir d'Autriche ne présente pas vraiment d'intérêt. "Mais le bois peut quand même être déchiqueté pour alimenter les chaudières de Mende."
"L'inconvénient, c'est que les pins gagnent la lande, à l'endroit où les troupeaux passent, explique Marc Weller. Et les moutons sont de moins en moins nombreux. Mais ils restent le système le plus efficace pour nettoyer une lande. Il y a un peu plus d'un siècle, derrière la commune, c'étaient des paysages nus. L'ONF (Office national des forêts, NDLR) pensait qu'elle allait donner le bois au profit des communes, apporter du revenu aux paysans. Mais ça ne rapporte absolument rien."
Et se débarasser de l'essence n'est pas, non plus, une sinécure. "Quand on coupe, on voit qu'en un ou deux ans, ça repousse. C'est un arbre qui referme les milieux. Oui, on doit planter des arbres. Mais il faut savoir quels arbres", plaide le maire de Blandas. D'autant que, paradoxalement, la lande apporte "beaucoup plus de biodiversité, que ce soit en matière de flore, de batraciens, ou d'oiseaux qui nichent au sol. Nous devons donc restaurer les paysages ouverts". Et retrouver l'image attachée au pays, pour lequel il a obtenu une reconnaissance du patrimoine mondial, celle de l'agropastoralisme, "l'image du mouton à côté du berger. Aujourd'hui, il y a de nouveaux éleveurs qui souhaitent s'installer". La végétation n'étant pas extrêmement riches pour les troupeaux, ceux-ci ont besoin de grands espaces "et les éleveurs sont toujours à la recherche de terrains".
200 hectares de parcelles communales et des parcelles privées
Une grande parcelle communale, d'environ 200 hectares, verrait ainsi ses pins noirs d'Autriche disparaître. "Ainsi que des parcelles privées pour lesquelles les propriétaires ont donné leur accord." Sondée, la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer, NDLR) a donné son accord de principe. "L'obligation qu'on se donne, c'est que ces terres soient exploitées, précise Marc Weller. Il faudra y mettre un troupeau au printemps, c'est une obligation. Parce que si on ne fait que couper, ça n'aura pas de lendemain."
Le maire de Blandas attend désormais la possibilité d'une mesure dérogatoire de la part de la DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, NDLR). "La loi dit que quand on demande de défricher, il faut des mesures compensatoires. Sinon, c'est 4 000 € l'hectare. Et si le défrichage représente moins de 10% de la parcelle, il est possible sans compensation. Sinon, on peut demander à la DREAL d'accepter le défrichement sans mesures compensatoires, puisque ce n'est pas pour faire de l'aménagement." Le débouché du bois est déjà tout trouvé. "On fait appel à une entreprise de Mende, qui le fait déjà à d'autres endroits. Ils travaillent gratuitement et se rémunèrent sur le bois qu'ils utilisent pour la chaudière."
Cinq éleveurs ovins sont actifs sur la commune de Blandas, un peu plus au total sur le Causse. Et si les paysages ouverts facilitent leur activité, celle-ci est aussi la meilleure assurance contre le risque incendie. C'est donc avec bon espoir que la municipalité attend la réponse de la DREAL.
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