OCCITANIE Des souffrances invisibles à ne pas négliger

78 % des dirigeants en Occitanie souffrent de troubles physiques et psychologiques.
Le baromètre de la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur « Santé des dirigeants de TPE, PME et ETI – Focus Consommations à risque » est désormais tombé et les chiffres ne sont pas très bons.
La Fondation MMA a pour champ de réflexion et d’action la personne de l’entrepreneur, sa forme physique et mentale et les interactions nourricières que cette personne entretient avec son entreprise et son territoire. Au printemps 2025, la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur et Bpifrance Le Lab, ont interrogé les dirigeants de TPE, PME et ETI de la région Occitanie sur leur forme physique et psychologique. Les chefs d’entreprise en Occitanie commencent à ressentir des signaux palpables d’essoufflements : 78 % d’entre eux souffrent de maux physiques ou psychologiques, un taux en forte hausse sur un an.
Malgré cette fatigue, ces femmes et ces hommes qui ont affronté tant de crises depuis le Covid, gardent le moral : 74 % d’entre eux estiment être en bonne santé psychologique !
Cette édition interroge également les dirigeants sur leur rapport à la consommation d’alcool, de tabac, de drogues et de médicaments : près d’un dirigeant sur quatre confie souffrir ou avoir déjà souffert d’une addiction dans sa vie.
Les dirigeants d’Occitanie se distinguent une nouvelle fois par une très bonne santé physique : 90 % d’entre eux se déclarent en bonne santé physique. Un taux en légère baisse sur un an (93 %) mais qui dépasse la moyenne nationale, établie à 85 %. Les chefs d’entreprise en Occitanie se placent devant leurs voisins de Nouvelle Aquitaine (81 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (87 %) en matière de forme physique.
Si la grande majorité des dirigeants estiment être globalement en bonne forme physique, 78 % des sondés déclarent ressentir au moins un trouble physique ou psychologique. Un taux qui grimpe de dix points sur un an (68 % en 2024), témoignant ainsi de maux de plus en plus durement ressentis.
Sylvie Bonello, déléguée générale de la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur, commente : « Alors qu’ils font preuve d’une force de résilience absolument remarquable depuis le Covid, les femmes et hommes dirigeants d’Occitanie montrent de premiers signes d’essoufflement, surtout physiques, qu’il nous faudra surveiller et accompagner. Nous avons choisi de dédier notre focus sociétal annuel aux problématiques de consommations de tabac, alcool, drogue et médicaments, qui peuvent avoir un impact dramatique sur la santé. »
Dans le détail, on observe que les souffrances qui touchent le plus grand nombre de dirigeants sont : le mal de dos (51 %), les troubles du sommeil (47 %), suivis de près par les douleurs articulaires (45 %) et les troubles anxieux (43 %).
Alors que la santé psychologique des dirigeants a considérablement chuté au niveau national (67 % soit moins neuf points qu’en 2024), les décideurs d’Occitanie se positionnent comme champions de la santé mentale. Ils sont 74 % à se déclarer en bonne forme psychologique, un taux qui se stabilise sur un an (75 % en 2024). Néanmoins, un écart toujours remarquable de 16 points persiste entre la forme physique et psychologique des dirigeants Occitans.
Le comportement des dirigeants vis-à-vis de leur suivi médical reste fidèle à la moyenne nationale. Sur le renoncement, 13 % des décideurs ne vont jamais voir un médecin (contre 11 % au national). 32 % ont annulé une consultation dans l’année par manque de temps (cité à 64 %) ou pour privilégier leur activité (cité à 38 %).
Après avoir étudié le renoncement (aux soins, à la parentalité, à aider un proche) et le rapport à la maladie longue comme le cancer, cette édition 2025 lève un nouveau tabou sociétal en questionnant les femmes et hommes dirigeants sur leur consommation d’alcool, de tabac, de stupéfiants ou de médicaments.
Sur l’ensemble des dirigeants interrogés, 49 % déclarent consommer de l’alcool au moins une fois par mois, 43 % indiquent en consommer de manière hebdomadaire et 4 % de manière quotidienne.
Une infime partie des dirigeants d’Occitanie (2 %) révèle consommer des drogues illégales, suivant ainsi la tendance nationale des décideurs. Ils sont également très peu nombreux (3 %) à prendre des médicaments contre la dépression et l’anxiété.
Les chefs d’entreprises, interrogés sur les occasions où ils consomment alcool, tabac ou drogue, évoquent à 61 % les festivités personnelles, à 32 % chez soi et à 21 % les mondanités professionnelles.
« Un chiffre nous met particulièrement en alerte car il dit beaucoup de la relation des dirigeants à leurs problématiques de santé : 21 % des dirigeants occitans souffrent ou ont souffert d’une addiction et la majorité ne sont pas aidés. Un enseignement clé que nous devons intégrer aux actions de sensibilisation que nous menons tout au long de l’année », poursuit Sylvie Bonello.
Sur les raisons qui les amènent à consommer, les décideurs évoquent une quête de détente (39 %) ou, à des niveaux similaires, l’habitude (36 %) ou le goût (36 %). Une minorité (7 %) associe ses consommations au fait de « tenir le rythme ».
Près d’un dirigeant sur quatre (21 %) confie souffrir ou avoir déjà souffert d’une addiction dans sa vie, un seuil légèrement inférieur à la moyenne nationale (25 %).
Est-ce par crainte de fragiliser leur image et celle de leur entreprise, ou par habitude de gérer leurs problèmes seuls ? Une grande majorité (66 %) n’a pas souhaité se faire aider. Parmi celles et ceux qui ont souhaité être aidés, 36 % se sont orientés vers un professionnel de santé. Une part identique s’est fait aider par des proches (famille, amis).