"C'est incroyable pour moi de recevoir cette bourse, j'étais élève en SEGPA, je suis passé en bac pro MELEC. On me donnait le sentiment que je n'y arriverai pas. [...] Je suis premier de ma classe." Les mots de Nouhaël Ech-Chkhaïma sont emplis de gratitude et de fierté suite à la remise de sa bourse d'études. Le jeune homme de 17 ans, habitant Rochefort-du-Gard et scolarisé au lycée Einstein à Bagnols-sur-Cèze, fait partie des 10 élèves choisis cette année pour bénéficier de ce coup de pouce. Ils ont été désignés en novembre par un jury de professionnels du secteur pour leur mérite et pour leur motivation dans leur formation qui les prépare aux métiers en tension de la filière nucléaire.

Nouhaël et ses neuf autres camarades toucheront chacun 5 400 €. Un joli montant qui les aidera à "se lancer dans la vie active ou leurs études", à financer leur permis, acheter une voiture, à se loger ou à mettre un pécule de côté. Cette bourse d'études nucléaire est délivrée par l'université des métiers du nucléaire, créée en avril 2021, et s'inscrit dans le cadre du plan France relance. C'est la troisième année qu'elle est remise aux élèves bagnolais de formations diverses, qui vont de la première année de bac pro à la Terminale ou au niveau BTS. Les élèves lauréats profiteront pendant les mois qui viennent d'un accompagnement fort et d'une découverte du monde du travail, assuré notamment par leur parrain ou leur marraine issus du monde de l'industrie, comme Orano, SNEF, EDF, Cyclife ou le groupe DS. 

Être prêt pour le "renouveau du nucléaire"

Plus globalement, cette bourse d'études nucléaire traduit une volonté de dynamiser et rendre attractive la filière qui connaît un "renouveau" mais qui subit encore un certain "désamour", comme le souligne Bruno Girard, responsable gestion de compétences et relations avec les écoles chez Orano. Pourtant, de forts enjeux se dessinent autour du nucléaire et de la souveraineté énergétique dans les années à venir, ce qui va générer des milliers d'emplois. "On a besoin de personnes à tous les niveaux (...) Vous avez des perspectives de carrière très importantes. Vous pouvez rentrer en tant que technicien puis cheminer vers des postes à responsabilité", a adressé aux élèves Florent Lemont, directeur de l'INSTN de Marcoule et directeur de recherche du CEA, un des principaux acteurs de cette démarche. "C'est donc important qu'il y ait un rapprochement entre école et entreprises pour une meilleure mutualisation des connaissances", souligne Thierry Delaigue, le proviseur du lycée Einstein. 

Le chef d'établissement se réjouit de compter dans les classes des "élèves passionnés". D'ailleurs, un chantier-école devrait ouvrir au mois de mars : "Suite à un appel à manifestation d'intérêt, on a reçu un financement de l'État et une aide des entreprises. Cela va permettre que les élèves soient sensibilisés à un premier niveau aux métiers du nucléaire. Ce chantier-école sera mutualisé avec tous les établissements scolaires et les entreprises qui le souhaitent", annonce Thierry Delaigue. Ce dernier désire aussi entamer une réflexion sur les métiers du tertiaire.

"Il faut clamer haut et fort que tous les parcours ne passent pas que par la filière générale", a enchéri Marion Rilhac, inspectrice du second degré. La remise des bourses a eu lieu ce mercredi matin en présence de tous les partenaires mais aussi de Jean-Yves Chapelet et de Claire Lapeyronie, respectivement maire de Bagnols-sur-Cèze et de Pont-Saint-Esprit, ainsi que Sylvie Barrieu-Vignal, maire de Saint-Laurent-des-Arbres et vice-présidente de l'Agglomération du Gard rhodanien déléguée à l'Emploi. Tous trois applaudissent la "force du collectif" qui se déploie sur le territoire.