Publié il y a 2 h - Mise à jour le 17.11.2025 - Thierry Allard - 3 min  - vu 142 fois

FAIT DU SOIR Au micro-collège du Tourrihou, « l’enfant est acteur de son apprentissage »

La présidente de l'association qui porte le collège Delphine Girard-Bouchard et l'enseignante de l'établissement Mélissa Pelloux

- Thierry Allard

C’est un bâtiment anonyme de la rue Gentil, dans le centre-ville de Bagnols. Derrière cette porte se trouve pourtant un établissement atypique : un micro-collège associatif, celui du Tourihou. L’établissement, qui compte 9 élèves, a fait sa deuxième rentrée en septembre dernier, en prônant toujours un autre modèle d’enseignement.

« Les enfants sont tous différents par nature », pose la présidente de l’association qui porte le micro-collège, Delphine Girard-Bouchard. C’est en partant de ce constat que l’association, qui porte déjà l’école du Tourrihou à Montclus, a décidé en 2024 de plonger l’expérience à travers un micro-collège, cette fois à Bagnols. Un établissement hors contrat, où les élèves de la 6e à la 3e sont mélangés, et où il n’y a « pas de notes, explique-t-elle. Nous avons neuf livrets de compétences, et il faut que la notion ait été vue sept fois pour être validée. »

Un modèle différent, complètement assumé par l’équipe de l’établissement. « Dès qu’on commence à mettre des notes, un stress s’installe, affirme Delphine Girard-Bouchard. Le but est de travailler dans la bienveillance, d’impliquer l’enfant dans son évaluation pour qu’il la comprenne. L’objectif de l’école, c’est que l’élève aie envie de venir. » L’établissement s’inspire de la pédagogie Freinet, où « l’enfant est acteur de son apprentissage, et au coeur des recherches et de leur restitution », pose-t-elle. Ainsi, chaque matin les élèves ont un temps d’échange sur différents sujets qu’ils doivent préparer, de quoi « développer leur culture générale », rajoute la présidente.

Pour autant, « les programmes de l’Éduction nationale sont respectés, mais nous avons la liberté de l’aborder dans un certain sens », affirme-t-elle, tout en maintenant que « le but est d’aller jusqu’au brevet », et que le micro-collège sera inspecté par le rectorat cette année. Ainsi, les élèves mènent des projets en commun, étudient les matières principales le matin et les « matières transverses » l’après-midi autour de sorties, de sport, de théâtre, ou encore d’écriture de poésies, le tout encadré par l’enseignante du micro-collège, Mélissa Pelloux. Ce jeudi-là, elle rentre d’une session roller au skate-park de Bagnols avec ses élèves.

« Reprendre confiance »

Pour certains parents, le micro-collège est presque un refuge. Ainsi, Bertrand(*) scolarise son fils Alex(*) au Tourrihou depuis septembre dernier. Le préadolescent, en classe de 6e, rencontrait des difficultés scolaires « depuis la primaire, explique son père. Nous nous sommes rendus compte très tard qu’il avait un problème d’audition, ce qui implique un retard sur la lecture, la compréhension. » La période du covid, durant laquelle les enseignants portaient un masque, accroît les difficultés, si bien qu’Alex est déscolarisé en CE1.

« Il y avait aussi peut-être du harcèlement, il ne voulait pas revenir à l’école », souffle Bertrand. Une fois appareillé, Alex apprend à lire à la maison, et dévore les bouquins avant d’être rescolarisé l’année dernière à l’école communale de son village. « Mais il a encore du retard sur certaines choses, comme l’écriture, or les écoles sont dans l’attente d’un groupe avec un niveau homogène », reprend le père, qui a tenté de bénéficier d’un accompagnement, « mais les dossiers prennent un à deux ans », autant de temps de perdu.

Il en est convaincu, « au collège, il aurait de nouveau perdu pied ». Alors Bertrand a tenté le Tourrihou, « la possibilité d’être dans un environnement de confiance, à son rythme pour travailler, pour lui remettre le pied à l’étrier. Ici ça se passe bien. » David a lui aussi scolarisé son fils au Tourrihou. « Il a été diagnostiqué porteur d’un trouble du spectre autistique et d’un trouble du spectre de l’attention avec hyperactivité, pose-t-il. La scolarité dans un collège public ou privé de plusieurs centaines d’élèves était inconcevable, et il s’épanouit aujourd’hui. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si cette structure n’avait pas existé. »

Delphine Girard-Bouchard, dont la fille est atteinte de dyslexie et de dysorthographie, affirme que le micro-collège « accueille des enfants qui pour certains n’ont aucune problématique scolaire, mais pour beaucoup des enfants ‘dys’, pour qui il faut quelque chose de personnalisé. Nous apportons un complément. » Et un endroit où le harcèlement scolaire, qui touche souvent ces enfants différents, n’existe pas. « Dans un groupe plus petit, où tout le monde est différent ne serait-ce que parce qu’ils n’ont pas le même âge, on est plus enclin à s’entraider qu’à se moquer », affirme Bertrand.

De quoi « reprendre confiance », souligne Delphine Girard-Bouchard, dont la fille a rejoint le collège public du Bosquet cette année, après son passage au Tourrihou. Un exemple pour Bertrand et son fils Alex, qui espèrent « avoir un jour une chance de reprendre un cursus normal. »

Plus d’informations ici.

* le prénom a été modifié à la demande de la personne.

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