Publié il y a 1 an - Mise à jour le 13.09.2022 - boris-de-la-cruz - 4 min  - vu 9641 fois

NÎMES L'étudiant surprend les voleurs, il est roué de coups : 7 ans de prison pour un cambrioleur

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Un étudiant, âgé de 20 ans, a surpris deux cambrioleurs. Des voleurs qui sont devenus des agresseurs. L'un des deux, un trentenaire, a été condamné ce mardi en audience de comparution immédiate à 7 ans de prison.

Le jeune homme était en cours ce 7 avril 2022 lorsque l'alarme de son petit studio se déclenche sur son téléphone portable. N'écoutant que son courage, l'étudiant quitte la faculté sans savoir encore ce qu'il va trouver et l'agression qu'il va subir... En arrivant essoufflé chez lui, il surprend dans son appartement deux individus en train de quitter son logement. Les malfrats sortent avec deux sacs d'objets volés et se retrouvent face à l'étudiant qui leur demande de lâcher les sacs et de quitter les lieux. "Mais comble de l'affaire, les voleurs s'attaquent à lui", résume le président Jean Michel Pérez, ce mardi 13 septembre à l'audience du tribunal correctionnel.

"Je me suis adressé à eux en leur disant : 'Vous avez été filmés chez moi et je vous demande de tout poser'", reprend le président Pérez en lisant à l'audience le procès-verbal de la victime. "Il avait ma veste sur lui. Le premier me rend ma veste en me disant désolé, le plus grand des deux saisit une pierre en me disant : 'J'ai fait de la prison, je m'en bas les couilles'". Téméraire, le jeune tient tête à ses voleurs : "Je voulais qu'il vide ses poches. J'ai été saisi au bras, propulsé au sol, j'ai compris qu'il voulait m'assommer", poursuit l'étudiant en craquant psychologiquement devant les enquêteurs. "Pour me protéger, je me suis mis en position de foetus. J'ai pris des coups à la tête. Un était enragé. J'ai fermé les yeux, j'ai crié pour appeler quelqu'un. Lorsqu'ils sont partis, je n'arrivais pas à marcher, j'ai perdu mes moyens, j'étais sonné", se souvient l'étudiant.

"On va le tuer"

"C'était un simple vol, monsieur le président. Bon c'est vrai j'y suis allé un peu fort, je présente des excuses à la victime", se défend le prévenu de 32 ans au casier judiciaire composé de 15 mentions. "Il ne serait pas intervenu chez lui, nous serions partis. Je venais de sortir de prison, ajoute-t-il sans vraiment réaliser l'énormité de ses propos. Il aurait d'ailleurs crié le jour de l'agression : "On va le tuer". 

Le mis en cause raconte, lui, une version un peu différente : "On est entré dans la maison. Au moment de sortir, le propriétaire revient chez lui. Il y a eu une altercation, il ne voulait pas me laisser partir, on est tombé par terre. Là, j'ai réalisé qu'il avait une barre de fer dans les mains. Mais en aucun cas j'ai dit que j'allais le tuer". L'accusé venait de purger une peine de plusieurs années de prison et il a été "remonté" sur un autre vol avec effraction par les enquêteurs du groupe "cambriolages" et "vols avec violences" de la sûreté départementale de Nîmes. Les policiers ont effectué une perquisition à son domicile et ont trouvé des stupéfiants. Le prévenu est également poursuivi pour cette infraction.

"En lisant ce dossier je me pose une question : que faire de vous, monsieur ?", interroge le président Jean-Michel Pérez. "Je viens de faire six ans de prison, on ne m'a pas aidé à la sortie", réplique du tac au tac l'agresseur dont le complice est toujours dans la nature. "C'est peut-être à vous d'essayer de vous en sortir et ne pas toujours demander l'aide des autres, poursuit le magistrat. Par contre, en action de vol, vous êtes fortiche".

"Il n'y a qu'en prison qu'il ne commet plus d'infraction"

"Il n'y a pas de prise de conscience et de regrets et surtout pas de prise en compte des conséquences sur la victime. On dit aujourd'hui à ce jeune étudiant qu'il n'aurait pas dû rentrer chez lui, mais il était en droit de dire laissez mes affaires et partez de chez moi", intervient maître Camille Proix. Son client est encore marqué par cette agression et il n'a toujours pas retrouvé son disque dur et l'ordinateur sur lequel il avait enregistré ses cours.

"C'est un dossier tellement simple dans les faits, mais qui laisse perplexe sur la personnalité de l'homme que vous avez devant vous. Au lieu de se dire je suis pris, j' abandonne, il va commettre des violences. Un multi-condamné prêt à tout pour parvenir à s'échapper. Vous vous interrogez monsieur le président sur sa place dans la société ? Je constate que lorsqu'il est en prison il ne commet plus d'infraction", accable le procureur adjoint Stéphane Bertrand, en réclamant une peine qui ne peut pas être inférieure à 6 ans, assortie d'un maintien en détention.

Une affaire difficile pour l'avocat du cambrioleur, maître François Jehanno. "Il reconnait les vols, il s'en excuse devant vous. Reste le quantum de la peine, il vient d'effectuer des années de prison. Je sais que la parole de la victime est importante, mais les voleurs n'étaient pas armés", plaide l'avocat qui demande que la peine soit inférieure aux réquisitions. Le problème pour son client reste, outre l'agression, les très nombreuses condamnations inscrites sur son casier. Ce mardi, le mis en cause en a une supplémentaire de 7 ans de prison. Il reste en détention.

Boris De la Cruz

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