Publié il y a 1 an - Mise à jour le 21.10.2022 - boris-de-la-cruz - 4 min  - vu 3150 fois

TRIBUNAL Agression de l'élu RN Yoann Gillet à la terrasse d'un bar, 4 condamnations

Photo DR ville de Nîmes

 

Yohan Gillet (Photo archive Yannick Pons) • Yannick Pons

Quatre prévenus étaient jugés ce vendredi matin devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour des "violences aggravées par trois circonstances". Des hommes, âgés d'une vingtaine d'années qui réfutent en coeur avoir reconnu la principale victime, Yoann Gillet, à l'époque des faits, conseiller municipal Rassemblement National de Nîmes et conseiller régional sous la même étiquette.

Le 26 octobre 2019, plusieurs amis boivent un verre sur la terrasse d'un café de Nîmes, avec vue directe sur la Maison Carrée. Un habitant de Saint-Gilles passe près d'eux et lance à la volée "alors les fachos", indique à la barre, l'homme qui va être à l'origine des violences. Un autre jeune attablé avec Yoann Gillet entend lui : "salut les fachos, on va vous crever..." L'auteur des mots initiaux aurait entendu comme réponse et selon ses propos à l'audience : "salut bougnoule".... Une expression qui va déclencher chez lui des envies d'explications...

Des coups sur la tête de l'élu du Rassemblement National alors qu'il est à terre

La substitut du procureur, Estelle Meyer, a requis des condamnations pour des hommes à l'origine de violences sur l'élu RN Yoaan Gillet (Photo Archive B.DLC/ Objectif Gard)

C'est cet habitant de Saint-Gilles "qui provoque, qui appelle à l'aide, qui revient à la table des victimes et qui commence les violences", estime la substitut du procureur Estelle Meyer en visant le prévenu à l'origine de toute cette histoire, âgé de 24 ans à l'époque. Une altercation qui se déroule "gratuitement autour d'un motif futile et injustifié". "On commence par des tapes d'humiliation à l'arrière de la tête de monsieur Gillet, puis on jette la cigarette sur son visage en geste de dédain et rapidement la situation dérape en violences graves, en violences extrêmes dira même un témoin car il y a une victime au sol sans défense, qui reçoit des coups de pied à la tête", poursuit la représentante du parquet de Nîmes qui réclame une condamnation contre les 4 prévenus. "On parle de bagarre, mais pour une bagarre il faut une forme de réciprocité, dans ce dossier il n'y a pas d'échange, pas le temps de riposter", accable la procureure Estelle Meyer.

Dans ce dossier, les images sont "parlantes", car le tribunal présidé par Jean-Michel Pérez dispose des caméras de vidéosurveillance de la ville. On ne voit pas le premier passage avec l'altercation verbale, mais par contre on voit ensuite un groupe appelé à la rescousse par celui qui a "balancé" "alors les fachos" aux clients attablés. Il revient à la charge et il est accompagné de plusieurs hommes. Rapidement les gestes dépassent les mots et une série de coups est enregistrée avec la scène finale et Yoann Gillet, devenu depuis député du Gard, à terre, et frappé de plusieurs coups de pied à hauteur de la tête. Des coups portés par le petit frère de cet habitant de Saint-Gilles à l'initiative de la rixe. Tous les prévenus affirment haut et fort qu'ils ne connaissent pas l'élu gardois, par contre l'habitant de Saint-Gilles raconte qu'il a reconnu en passant près de la Maison Carrée, un jeune homme faisant parti d'un groupuscule identitaire d'extrême droite.

"Une expédition punitive pour un motif politique"

"Il ne s'agit pas d'une banale affaire de violences volontaires, le mobile de ce dossier est quoi que l'on en dise politique. Est-ce que l'on va pouvoir continuer à avoir des idées, des idées politiques dans ce pays, sans être victime d'une ratonnade", plaide maître Sylvie Josserand, avocat des victimes. "La violence inouïe de cette scène est injustifiable de la part d'hommes qui aujourd'hui encore n'assument rien. Le soir des faits ils ont pris la fuite, un est venu une capuche sur la tête pour ne pas être reconnu, alors que l'on ne vienne pas me dire qu'ils étaient là pour discuter", enchaîne l'avocate nîmoise. "C'est une expédition punitive pour un motif politique", estime maître Josserand.

Pour la défense, pas de lien entre les idées du RN et l'agression ce soir-là

"Ils ont entre 22 ans et 24 ans au moment des faits, et je viens vous plaider la bêtise de ces jeunes. Il ne faut pas faire d'amalgame avec les idées politiques du RN et l'agression ce soir-là. Mon client n'a jamais voté, il ne connaît même pas les élus de sa commune, estime Maître Geoffrey Piton pour le principal prévenu. "Contrairement à ce que l'on veut vous faire croire, ils n'ont jamais voulu viser les idées du Rassemblement National. Ce qui fait monter la pression ce soir-là c'est l'expression bougnoule. Dans cette affaire, il faut se replacer dans le contexte ou des groupes s'interpellent depuis des semaines, des mois sur les réseaux sociaux et font monter la mayonnaise", dénonce Me Piton.

"Mon client travaillait dans un collège et a perdu son emploi auquel il tenait beaucoup à cause de cette histoire. La punition est importante pour lui, mais il a voulu se relancer et a trouvé du travail dans un autre domaine", insiste maître Baptiste Scherrer pour un des prévenus. Les quatre "complices" n'étaient pas connu de la Justice jusqu'à cette affaire. Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné les quatre prévenus à des peines allant de six mois avec sursis à un an ferme pour les deux frères, à l'origine de la rixe. La sanction ferme s'effectuera sous forme de bracelet électronique.

Boris De la Cruz

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