Au cœur d'une semaine mouvementée, entre l'accident tragique à Tamaris et le Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance, les autorités alésiennes ont tenu à remettre les pendules à l'heure concernant la sécurité dans la capitale des Cévennes, lors d'une assemblée générale du CISPD aux chiffres encourageants.
En préambule de ce bilan sécuritaire, le maire Christophe Rivenq a "transmis {s}es condoléances aux familles endeuillées" par le drame routier. À leur demande, il rencontrera bientôt des parents d'une victime et les riverains : "En 2025, le monde va de mal en pis et connait une période difficile. Il faut, en réponse, mettre en valeur des actions portées de soutien et d’aide, sans nier ce qu’il se passe bien sûr. J’ai beaucoup de colère, mais aussi beaucoup d’espoir, car les choses vont moins mal", entame le président d'agglomération.
Une action en droit de réponse pour redorer le territoire
Une émotion et une détermination non dissimulées, avant d'asséner : "J’ai récemment été choqué par la désinformation sur les chiffres et réalités, salissant la ville d’Alès et son agglomération." Christophe Rivenq fustige ainsi les prétendus 128 % d'hausse d’activité du tribunal depuis 2022, un nombre "mensonger, faux et infondé. En conséquence, il mènera "une action en droit de réponse pour le territoire, afin de le redorer, car il est inacceptable de parler d’Alès comme cela alors que les données réelles démontrent une baisse entre 2024 et 2025, grâce au travail remarquable de chacun et tous".
Entre deux coups de fil et au cœur de l'enquête sur l'accident, le procureur Abdelkrim Grini approuve : "Je m'inscris aussi en faux sur ce qui peut se dire, ce n’est pas la réalité de la situation. Les chiffres, de délinquances générale et mineure, ne sont pas alarmants pour le secteur rural et légèrement au-dessus des nationaux pour le secteur urbain, recadre le chef de la juridiction alésienne. Il y a des difficultés évidentes que l’on connait et reconnait tous, bien que la délinquance soit maîtrisée. Mais il ne faut pas voir que le côté obscur, ça ne fait d’Alès ni Chicago, ni Marseille."
Tribunal pour enfants : "Alès n’est pas l’annexe de Nîmes"
En discussion depuis des années et revenue sur le devant de la scène, et même sur les marches du tribunal récemment, la question d'un tribunal pour enfants sur Alès a aussi été évoquée. Une question à laquelle tous les acteurs souhaitent avoir pour réponse un 'oui' : "Cela fait dix ans que nous réclamons et travaillons collectivement pour l'obtenir. J’ai eu le cabinet du Garde des Sceaux ce mercredi, qui a remis la situation d’Alès sur la table, les chefs de cours sont à nouveau interrogés sur sa pertinence, ce que j’ai argumenté", annonce Christophe Rivenq. "Assez optimiste", le premier magistrat de la ville avait reçu "un engagement presque formel en février. Auparavant, Éric Dupond-Moretti s’était déjà engagé à le créer dans les deux ans qui venaient et Jean Castex, alors Premier ministre me l’avait promis. Nous sommes tous unis pour cette affaire, même si la délinquance des mineurs n’est pas en explosion comme prévu."
Le procureur Grini "porte aussi cette création, tout y converge. C’est une nécessité, non seulement par rapport aux conditions matérielles, mais aussi par rapport au temps de travail et à la disponibilité des forces de l’ordre, qui peuvent passer une journée pour une présentation à Nîmes. Alès n’est pas l’annexe de Nîmes. Nous avons notre spécificité et devons avoir notre autonomie. Cela permettra aussi de revitaliser l’action de l’autorité judiciaire. La délinquance des mineurs à Alès n’est pas pire qu’ailleurs, elle est en adéquation avec l’ensemble du territoire français." Le commissaire divisionnaire Emmanuel Dumas le demande aussi, pour les mêmes raisons, ainsi que pour répondre à un "souci de cohérence de la décision judiciaire" : "Certaines affaires incluent un majeur et un mineur, le premier sera jugé à Nîmes, le second à Alès, faisant perdre de la cohérence et de l’efficacité", regrette le chef de la police nationale d'Alès.
161 mineurs ont été mis en cause en 2025, soit une augmentation de 14 %, ils représentent 16 % des mis en cause, un chiffre "à peu près stable à Alès depuis dix ans, aux alentours des 15%", mais quatre points au-delà de la moyenne nationale.
La politique de rationalisation de la réponse pénale porte ses fruits"
Malgré des compétences qu'il n'a pas encore et une augmentation de son activité, le tribunal s'est attelé à réduire ses délais : "En janvier 2024, lorsque vous étiez convoqué au tribunal correctionnel pour une décision, vous deviez attendre entre 18 mois et deux ans. Aujourd’hui, grâce à l’action résolue du parquet et des magistrats du siège, le délai n’est que de deux mois pour les délits les plus simples. Pour les collégiales, c’est entre six et sept mois et cela va encore baisser. C’est un vrai indicateur tangible et palpable de qualité et d’amélioration de notre performance, grâce, aussi, à l’afflux d’effectif et à une prise en main de rationalisation par la juridiction", se félicite Simon Lanes, président du tribunal d'Alès.
Et Abdelkrim Grini d'abonder : "Ces chiffres révèlent le dynamisme et l’énergie déployés par les magistrats du parquet et du siège. Notre politique de rationalisation de la réponse pénale porte ses fruits. Nous apportons une réponse pénale de qualité et des décisions à la hauteur de l’enjeu. Mais on ne peut pas poursuivre tout et n’importe quoi, nous n’avons ni les moyens, ni les effectifs, ni le temps. Aussi, il ne faut pas hésiter à apporter une réponse énergique, dynamique, systématique et ferme de comparution immédiate lorsque nécessaire. La justice alésienne travaille, apporte des réponses et rend des décisions dans des délais extrêmement favorables, dont peu de juridictions peuvent se tarir, avec de réels résultats."
Pour Émile Soumbo, ces bons résultats s'expliquent car "les services anticipent, ont confiance les uns en les autres et sont cohérents." La sous-préfecture mène 50 à 60 réunions d’ordre public par an, avec la police, l’enseignement territorial, l’éducation, le SDIS, ... : "Ce système de confiance, entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les institutions, permettra de perpétuer cette dynamique quand de nouveaux responsables nous remplaceront."
Stupéfiants et cambriolages
Cette collaboration étroite est nécessaire pour mener à bien les différents combats des forces de l'ordre et de la justice. À Alès et Saint-Christol-les-Alès, la police nationale s'intéresse particulièrement aux stupéfiants et cambriolages. Ces derniers sont en baisse de 18 % par rapport à l’année dernière. Les soldats de la paix en ont dénombré 240 à ce jour et prévoient de finir l’année à moins de 300, un niveau jamais vu depuis 2001 : "Cela compte beaucoup dans la sécurité du quotidien, à 530 cambriolages, comme en 2019, on ne parlerait que de ça", rappelle le commissaire Dumas. Le nombre d’écrous a d’ailleurs plus que doublé depuis cette même période, avec un taux d’élucidation de crimes et délits à 40%, au-dessus de villes comparables, comme Nevers, Châteauroux et Saint-Malo, pour la seconde année de suite. "Mais on ne va pas se reposer sur nos lauriers, il y a encore du travail."
Concernant le narcotrafic, "il n’y a pas plus de points de deal qu’il y a dix ans. Ils sont toujours quatre : les Cévennes, Rochebelle, les Prés Saint-Jean et les Promelles, dont certains en courant alternatif", rappelle le premier policier alésien. Malheureusement, "des acteurs extérieurs ont apporté tensions et violences". Un seul homicide lié au narcotrafic est à déplorer cette année à Alès, mais il y a bien sûr "des gênances indéniables pour les riverains. Le territoire est inondé de cocaïne". Preuve en est, le kilo de poudre blanche est passé de 25 000 euros, à 14 000 euros en deux ans. L'activité ‘Stupéfiants’, - consommation, cession-revente, trafic - a ainsi augmenté de 46 % par rapport à 2024, qui était déjà une année record.
Une politique offensive et de contact
Avant même d'intervenir, les gendarmes et policiers essaient de prévenir. Pour ce faire, le commandant de gendarmerie Gabriel Dugas veut "bleuir le territoire". En fonction depuis deux mois, le chef d'escadron constate déjà une baisse de 10 à 15 % par rapport à 2024 sur les atteintes aux personnes et biens, avec l'implication de mineurs dans 12 % des interventions. Une cellule de lutte contre l'atteinte aux personnes, forte de quatre militaires spécialisés, a été créée.
Sous l'impulsion de la "politique offensive" du procureur et du tribunal, le bataillon de gendarmerie cévenole a augmenté de 20 % ses gardes à vue, alors que sur les routes, “l’accidentalité est contenue et le nombre de morts en baisse”.
La police nationale cherche elle à multiplier les patrouilles pédestres pour être présente "là où les Alésiens se trouvent : les écoles, la gare, le centre-ville, les zones commerciales…" En collaboration avec la sous-préfecture, l'autorité policière a imposé quatre fermetures administratives d’établissements nuisibles dans l'année. Les festivités de Noël lancées, les uniformes devraient se montrer encore plus présents, aux abords des marchés et lieux fréquentés.