Publié il y a 11 mois - Mise à jour le 04.05.2023 - Corentin Migoule - 5 min  - vu 1847 fois

LA GRAND'COMBE Patrick Malavieille, "l'homme qui fait l'unanimité", a reçu le titre de maire honoraire

Patrick Malavieille

La préfète du Gard a remis le diplôme de maire honoraire à Patrick Malavieille. 

- Corentin Migoule

Ce jeudi soir à la salle Marcel-Pagnol de La Grand'Combe, la préfète du Gard a remis à Patrick Malavieille, ex-édile de la commune, le diplôme de maire honoraire. Au cours de cette soirée hommage qui récompense 40 ans d'engagement politique, le vice-président du Conseil départemental a été couvert de louanges. 

Il aurait presque fallu la salle polyvalente Denis Aigon ! C'est dans une salle Marcel-Pagnol de La Grand'Combe archi-comble que s'est tenue la cérémonie de remise de l'honorariat à Patrick Malavielle ce jeudi soir. Une distinction qui s'adresse aux maires et adjoints qui ont exercé des fonctions municipales pendant au moins 18 ans dans une même commune. C'est évidemment le cas de celui que tout le monde appelle "Mala", maire de La Grand'Combe de 1995 à 1999, puis de 2008 à janvier 2023.

Un CV politique long comme le bras, député de la 4e circonscription du Gard de 1997 à 2002, conseiller départemental depuis octobre 1988 et vice-président d'Alès Agglo, le désormais ex-édile grand'combien qui a passé la main à Laurence Baldit en début d'année n'a pas seulement reçu ce titre honorifique ce jeudi soir, mais un concert de louanges venues de toutes parts. 

Patrick Malavieille
Salle comble pour écouter Patrick Malavieille, nouveau maire honoraire. • Corentin Migoule

Car l'aura du premier maire communiste de l'histoire de La Grand'Combe dépasse allègrement les clivages politiques et les traditionnelles logiques de partis. En témoigne la présence dans l'assistance d'élus de tous bords. Car si les "cocos" étaient majoritaires, à l'image des maires voisins que sont Claude Cerpédès, Ghislain Chassary et Sylvain André, les socialistes Jean Denat et Arnaud Bord étaient aussi de la partie, comme l'ex-députée de la 5e circonscription, Catherine Daufès-Roux.

En marge des discours qui n'avaient pas encore débuté, celle qui défendait les couleurs de ce qu'il convenait d'appeler La République En Marche (LREM) donnait le ton d'une soirée riche en éloges sincères. "Patrick est quelqu’un qui fait l’unanimité. Politiquement, c’est quelqu’un de très courageux !", glissait Catherine Daufès-Roux. ll y avait assurément du vrai dans ces propos tant la suite allait être du même acabit.

Patrick Malavieille
La préfète du Gard a remis le diplôme de maire honoraire à Patrick Malavieille.  • Corentin Migoule

Sur scène, Laurence Baldit, laquelle a succédé à Patrick Malavieille à la tête de la commune - sur proposition du dernier nommé - en février dernier, lançait les hostilités en introduisant la cérémonie qui allait faire de son mentor le maire honoraire de la cité des "mans negros pan blan". La solennité du moment était telle que ce dernier se devait d'être "parfait" aux yeux de la nouvelle édile qui, pour son récit, avait choisi de "prendre l'histoire en chemin" en remontant 30 ans en arrière quand sa route a croisé celle de "Mala".

"En 30 ans, j’ai assisté à la métamorphose d’une ville. Cette cité mine de charbon s’est peu à peu transformée en mine de culture et mine d’espoir. Patrick, c'est une ouverture d'esprit qui fédère les dissemblances, une empathie qui apaise les tourments, une générosité qui éveille à l’humanité. Patrick, homme de lettres (Il a il est vrai été nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture en 2019, Ndlr), a été le scribe de la Grand’Combe. Je n’avais pas mesuré l’ampleur de la tâche de lui succéder", a clamé l'élue.

Il avait fait le déplacement "en toute amitié", et sa venue sur scène n'était pas forcément prévue, elle a d'ailleurs bouleversé le protocole, mais Christophe Rivenq (LR), président d'Alès Agglomération, ne se voyait pas rater cet hommage rendu à son "ami". "Des batailles homériques nous ont opposé par le passé mais tant de choses nous rassemblent aujourd’hui", a entamé le premier adjoint au maire d'Alès.

Patrick Malavieille
Le sénateur Denis Bouad a remis à Patrick Malavieille la médaille du Sénat. • Corentin Migoule

À ses yeux, Patrick Malavieille était un maire "bâtisseur", "visionnaire", qui continue de "consacrer sa vie et son temps aux concitoyens".  "C’est ça être élu local. C’est un don de soi qui est fait à la population", a conclu Christophe Rivenq, avant d'inviter le sexagénaire à ne pas prendre sa retraite de vice-président de l'Agglo car il a "encore besoin de toi (lui)". Après quoi, le sénateur Denis Bouad a allongé la liste des imprévus du soir. 

Mais le dernier nommé, ex-président du Conseil départemental, a d'abord lui aussi tressé des lauriers à l'élu communiste. "J’ai été l’observateur privilégié de ta détermination, de ta ténacité. C’est ce dévouement qui t’a permis de marquer l’histoire de la commune de La Grand'Combe", a expédié le sénateur. 

"Si je suis aujourd’hui sénateur, c’est en partie à toi que je le dois", a-t-il rajouté. Quoi de plus symbolique pour Denis Bouad que de remettre alors à Patrick Malavieille la médaille du Sénat... Les mains du dernier cité allaient encore s'alourdir - quoique très légèrement - quand la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, s'avançait au pupitre pour lui délivrer le diplôme de maire honoraire. 

Patrick Malavieille
Patrick Malavieille a remis une lampe de mineur à la préfète afin que cette dernière "prenne des décisions éclairées".  • Corentin Migoule

"Une remise certes hautement symbolique, mais qui vient souligner un engagement de 40 ans. Il exprime la reconnaissance de la Nation à l’égard de ceux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes au service de l’intérêt général", a rappelé la représentante de l'État. Décidement ce jeudi soir, tous les protagonistes se sont efforcés de se hisser à la hauteur de la qualité des discours habituels de l'ardent défenseur de la culture qu'est Patrick Malavieille.

Munie de ses fiches, celle qui n'a découvert le phare des grand'combiens qu'en février 2021 à l'issue de sa nomination dans le Gard avait potassé son sujet. "Vous n’aviez que 20 ans lorsque le maire de la ville, Maurice Larguier, a fait de vous le benjamin du conseil municipal", a notamment retracé la préfète. Avant de rendre hommage à la fonction "complexe" de premier magistrat, "un sacerdoce républicain", à l'heure où celle-ci fait l'objet d'une inquiétante désaffection : "Le maire demeure toujours l’élu le plus populaire de la République. Il est des situations où vous êtes le premier, parfois le dernier recours pour vos administrés. Merci pour tout ce que vous faites."

Dans un registre plus jovial, Marie-Françoise Lecaillon a aussi provoqué l'hilarité de la salle quand elle a fait le récit d'un épisode à l'issue duquel Patrick Malavieille, alors élu de la Nation, s'était vu affublé du surnom de "député accoucheur" par Laurent Fabius, ancien président de l’Assemblée nationale, après avoir aidé une jeune femme à accoucher sur le bord de la route "entre Nîmes et Alès". Enfin, dans son armoire à trophées virtuelle, l'ex-édile grand'combien garde sans doute une place pour les souvenirs générés par les multiplies missions humanitaires qu'il a accomplies, dont la création d’un dispensaire qui porte son nom à Djilacoune au Sénégal.

La prose au service du bouquet final

Naturellement gagné par l'émotion, l'émotif "Mala" voyait son tour arriver pour le discours, exercice dans lequel il a excellé tout au long de sa carrière. Avec des sanglots dans la voix qui traduisaient une émotion inévitable en pareilles circonstances, le conseiller départemental a honoré sa réputation : "C’est le genre de moment qui fait hésiter entre la modestie et la fierté. Mais comme l’écrivait ce bon vieux Joseph Cressot, 'la fierté vraie est une grande qualité qui s’arrange très bien avec la modestie. Celui qui est fier ne veut ni briller ni dominer, mais il veut rien faire qui le rende honteux de lui-même, à ses yeux et à ceux d’autrui.'"

"Toutes ces fonctions", lesquelles avaient été énumérées un peu plus tôt par les différents orateurs, "m’ont permis de découvrir ce monde vaste des collectivités et d’avoir en permanence le microscope et la longue vue. Le microscope pour voir de près, et la longue vue pour voir loin. Je remercie le corps électoral qui m’a fait si souvent confiance", a enchaîné le vice-président de l'Agglo. 

Ce dernier n'en avait pas fini. Et c'est fort logiquement qu'il gardait son dernier mot pour La Grand'Combe, "la femme de sa vie" dixit Laurence Baldit : "Avance avec conviction, avance encore avec audace, avance toujours avec ambition. Et qu'un dernier mot te survive, comme un écho de rive en rive, un mot dans ma gorge serrée, et que ce mot s'appelle fraternité !"

Corentin Migoule

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