Le 30 mars 2014, Julien Sanchez remporte les élections municipales à Beaucaire avec 3 083 voix récoltées contre 2 246 pour Jacques Bourbousson, le maire UDI sortant et 1 883 pour le candidat UMP, Christophe André. La division de la Droite aura ainsi fait le jeu du Front national devenu depuis le Rassemblement national. "À l'époque, j’avais annoncé publiquement qu'en cas de troisième position, je me retirerais pour ne pas faire passer le FN. Je pensais que les autres auraient fait pareil. J’ai des regrets pour Beaucaire, pas pour moi. Mais ils ont été élus démocratiquement. Ce que je regrette c’est que les gens ne votent plus." En 2014, le taux d'abstention au second tour était de 23,66% à Beaucaire, en 2020 - élection marquée par la victoire dès le premier tour de Julien Sanchez - il s'élevait à 48,25%.

Après avoir rendu son écharpe de maire (il a aussi été président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence entre 2008 et 2014), l'homme est resté plutôt discret, travaillant dans ses vignes. Il fera malgré tout une apparition dans la rubrique Justice des médias locaux, pour des faits "d'emploi fictif " et de "détournement de fonds publics" dénoncés en 2015 par son successeur. L'ex premier édile beaucairois était suspecté par le nouveau, d'avoir employé sans contrepartie de travail son ami Robert Pilès, une référence dans le monde de la tauromachie. Tous deux, ainsi que l'ancien adjoint au secteur social de la ville et l'ancien directeur du CCAS, ont été relaxés en janvier 2018. 

"J’ai donné beaucoup de mon temps pour aider les gens"

"Quand je finis quelque chose et qu’on ne me veut plus, c’est terminé." Assis à la terrasse du Chalet des Sports tout près des arènes de Beaucaire, Jacques Bourbousson prend un air bien résolu : "On est venu me chercher en 2020 pour repartir, j'ai refusé. Encore aujourd'hui, on me parle des prochaines élections, mais j'ai 74 ans..." Et une carrière déjà bien remplie, puisqu'il a oeuvré plus de 30 ans au sein de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles du Gard, de la cave coopérative de Beaucaire, plus de 24 ans à la Chambre d'agriculture du Gard etc.

"J’ai donné beaucoup de mon temps pour aider les gens, et même après la mairie, j'ai donné des coups de main autant que j'ai pu à des personnes, même celles dont je savais qu'elles avaient voté contre moi", sourit-il. Un engagement qu'il dit tenir de son grand-père, lui-même élu (radical-socialiste) à Beaucaire pendant 34 ans. "Il s’occupait de la plaine de Beaucaire. J’avais 13 ans et demi quand ma mère est morte, j'ai ensuite vécu avec lui et j'ai toujours vu des gens frapper à sa porte pour lui demander de l'aide. Ça m’a formé certainement à cette époque-là." 

L'avenir des retraités agricoles et la baisse des installations de jeunes agriculteurs

Une formation bien personnelle que l'agriculteur retraité - il aide toujours son fils qui a repris le domaine viticole familial, les vendanges approchent d'ailleurs - met aujourd'hui encore à profit d'autrui en tant qu'élu, avec Georges Zinsstag, du collège des anciens exploitants de la FDSEA du Gard depuis un an. Deux sujets le préoccupent particulièrement : l'avenir des retraités agricoles et la baisse des installations de jeunes agriculteurs. "Ce sont deux dossiers sur lesquels nous travaillons. Envoyer des personnes âgées, salariés et chefs d'exploitations agricoles, dans des Ehpad, ne doit pas être une solution systématique. Nous travaillons avec la MSA (Mutualité sociale agricole, Ndlr) sur la création de Marpa dans le territoire, dont une est en discussion sur le secteur de Jonquières-Saint-Vincent", précise Jacques Bourbousson. Les Marpa sont des résidences pour seniors qui souhaitent préserver leur autonomie en bénéficiant d'un logement privatif, entre autres services - hors médicaux - et d'une capacité d'accueil de 24 résidents maximum. 

Quant aux jeunes agriculteurs, le Beaucairois estime "qu'on en a perdu la moitié, on en perdra encore la moitié dans les années à venir, c'est dramatique." Et le même de poursuivre : "Très peu d’enfants d’agriculteurs s’installent, découragés après avoir vu la vie de leurs parents. Par contre, les écoles agricoles sont pleines de personnes qui ont les compétences mais pas de terrain. Et c'est là où nous devons aider ces jeunes, et mettre des outils en place pour que le foncier ne leur coûte pas grand chose." Et cela afin de les encourager à s'installer.