« C’était une vendange tardive, que nous avions faite à la main le 1er novembre, pour réaliser un vin doux naturel, c’était la première fois qu’on le faisait, on en était assez content », retrace Thibault Kerhoas, à la tête de la cave familiale, à Théziers, ce vendredi après-midi. La cuvée, baptisée « Raisins secs », a été « pressée direct », dixit le vigneron, puis embouteillée dans des quilles de 50 cl. « On en a fait 600, et on s’en est fait voler 500 », soupire-t-il.

Pour les dérober, le ou les voleurs ont forcé le portail du hangar, situé dans le village, puis une porte, et ont emporté les cartons de 12 bouteilles disposés sur une palette. « Ça m’aurait arrangé qu’ils en prennent une autre », souffle Thibault Kerhoas, devant le peu de bouteilles qu’il avait produit de cette cuvée censée célébrer le cinquantième anniversaire de passage en bio de l’exploitation, réalisé par son oncle Michel Delacroix en 1973, à qui il a repris l’exploitation en 2012. « C’est pour ça que ça nous fout les boules », lance le vigneron, dont une cuve de fioul de 200 litres, qu’il venait de faire remplir, a été vidée par la même occasion.

Un coup dur pour le petit domaine, qui exploite 7 hectares de vignes et 3 hectares de vergers, tout en bio, surtout que le contexte est difficile en ce moment dans les Côtes du Rhône. « Le vin ne se vend pas, mais il se vole », grince Thibault Kerhoas, qui a déposé plainte à la gendarmerie, et reste philosophe en rappelant qu'« il y a plus grave dans la vie. » S’il ne se fait guère d’illusion sur le fait qu’il reverra ses bouteilles, le vigneron espère au moins que les voleurs n’arriveront pas à les revendre. Alors, amateurs de vin doux, ouvrez l’oeil (et le bon !).