Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 26.12.2023 - Norman Jardin - 3 min  - vu 2278 fois

FAIT DU SOIR Tiphaine Daniel, la grande passion camarguaise en miniature

Tiphaine pose devant ses œuvres.

- © Romain Cura

Bercé depuis son enfance dans la culture camarguaise, l’ancien élève raseteur allie son amour des traditions et sa passion pour le modélisme. D’abord un passe-temps, la reproduction en miniature du monde camarguais est devenue son activité principale depuis cette année. À travers des arènes, des chars et une galerie de petits personnages, le Moulézanais défend les traditions de ses racines. Rencontre avec un Gardois pour qui le bonheur se niche dans le détail. Cet article est issu du numéro 70 du magazine Objectif Gard paru en avril 2023. 

Il réalise même des adaptations sur des véhicules existants. • © Romain Cura

Tiphaine se dit qu’il vient de découvrir un filon et il étoffe la gamme de ses produits. « Je passais des nuits à faire ça pour m’amuser. C’était destiné à mes amis et ma famille. Juste un passe-temps. » Mais il est difficile de concilier son activité de vendeur animalier avec cette passion chronophage. Le maquettiste décide de franchir le pas et de créer sa société. Provence & Camargue en miniature voit le jour le 1er janvier dernier. « Il y avait de plus en plus de demandes et je voulais que les arènes que je réalisais soient élaborées et représentatives des arènes de nos villages », explique l’ancien élève raseteur de Lunel.

Un bel abrivado avec ses atrapaïres. • © Romain Cura

Les arènes de Vauvert et celle de Lunel

Pour Tiphaine, le bonheur se cache dans le détail et il tient à ne rien laisser au hasard : « Il y a des détails dans des arènes. Ça peut être difficile pour les razeteurs pour plein de raisons, comme l’ombre ou des coins où le mur est plus éloigné. Pour les arènes de Vauvert, j’ai représenté les palissades spécifiques et les blasons de la ville et les couleurs. Les publicités sont aussi des marqueurs pour les razeteurs car ils savent que c’est plus compliqué dans certains secteurs de l’arène et ils les localisent avec les publicités. Il y a deux ans, j’ai fait l’ornède de la manade Rebuffat. »

Les arènes comme celles de Vauvert ou Lunel lui demandent tout de même une dizaine d’heures de travail. « C’est du contreplaqué de peuplier que je débite en petits morceaux et je dois faire face à l’augmentation des prix des matériaux comme les bois, les colles et les peintures », explique Tiphaine, qui produit des éléments comme les barrières beaucairoises et les chars à taureaux à l’échelle des Playmobil®. Tiphaine assemble les personnages et cherche constamment des pièces détachées via des clubs et des associations à travers toute l’Europe, et auprès de fans des célèbres jouets allemands.

Une course camargaise dans les arènes de Vauvert, comme si vous y étiez. • © Romain Cura

Un taureau difficile à trouver

« J’ai trouvé des chemises qui ressemblent à celles des gardians et je sculpte le trident, mais je cherche quelqu’un capable de m’imprimer en 3D le crochet du raseteur. Cela mesure environs six millimètres. » Et le taureau dans tout ça ? « Les seuls taureaux avec les cornes vers le haut, typés Camargue, ont été fabriqués entre 1974 et 1976 par Playmobil®, depuis il n’y en a plus », regrette l'artiste qui ne désespère pas de trouver une solution. Pour la confection des chars à taureaux, il ne garde que la cabine et le châssis puis il fabrique la caisse en bois. Quant à la décoration, c’est l’acquéreur qui choisit les couleurs.

Dans son garage, qui lui sert d’atelier, tout est impeccablement rangé. Les plans affichés aux murs avec les cotes pour les arènes côtoient une magnifique photo en noir est blanc d’un abrivado à Lunel. Non loin de là, sur un établi trône une création représentant des maisons typiquement provençales. Elles sont réalisées en vraies pierres de taille minutieusement assemblées. « J’aimerais me mettre à ce genre de réalisation dans le futur, mais aussi élargir ma palette avec des reproductions de mas et de châteaux de vignoble », confie l’artisan qui travaille seul à son domicile.

« C’est une façon de promouvoir et soutenir notre culture et nos traditions »

Mais il n’en a pas encore fini avec la Camargue puisqu’il projette de s’attaquer au plan d’Aigues-Mortes, avec ses remparts et ses théâtres typiques. Mais à qui sont destinées ces œuvres ? « À tout public. Il y a des enfants qui les demandent pour décorer une chambre et des personnes en réclament pour des crèches. C’est en fait pour les passionnés de la Camargue », évoque l’auteur qui détaille les tarifs : « L’arène classique est le produit phare 160€, l’arène en bois 90€, le char est à 80€, les Beaucairoises - aimantées avec les ballots de paille - à 60€. On peut faire des parcours d’abrivado, de bandido et de courses au plan, et des arènes de villages qui sont plus grandes 210€. »

Originaire de Saint-Just (Hérault), près de Lunel, Tiphaine a toujours baigné dans cette culture avec les fêtes de village et son travail revêt aussi un côté militant : « C’est une façon de promouvoir et soutenir notre culture et nos traditions. » Aujourd‘hui, le bouche-à-oreille comble le carnet de commande de Provence & Camargue en miniature où les arènes de Baillargues et Sommières sont déjà inscrites. À en croire la demande, Tiphaine n’a pas fini de miniaturiser sa grande passion.

Norman Jardin

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