Publié il y a 4 h - Mise à jour le 08.07.2025 - © Sabrina Ranvier - 7 min  - vu 62 fois

LE DOSSIER Bambous et rizières, cap sur l’Asie

Le paysagiste Érik Borja a aménagé le vallon du dragon de la bambouseraie en s'inspirant de l'art du jardin japonais. 

- © Bruno Preschesmisky

En Cévennes, on peut se perdre dans une gigantesque bambouseraie. En Camargue, 160 agriculteurs inondent leurs champs pour faire pousser du riz.

« Je m’appelle Rozière. Il y a simplement une lettre qui change avec « Rizière ». C’était prédestiné », éclate de rire Marine Rozière. Dans sa famille, on cultive le riz en Camargue depuis six générations. « Ils ont commencé aux alentours de 1860. Ils étaient parmi les premiers », ajoute-t-elle. Installés à Albaron, à 7 km de Saint-Gilles, ils ont aménagé une « Maison du riz » sur leur exploitation. Quelle est l’histoire du riz ? Comment le cultive-t-on ? Comment le transforme-t-on ? Quels sont les secrets de l’irrigation ? Marine fait découvrir son « métier passion » dans ce lieu pédagogique. Un sentier d’un kilomètre suit le cours de l’eau et mène les visiteurs jusqu’aux rizières. Les champs ont été semés mi-mai. « Ils sont en eau. Ils sont bien verts. Les plantes ont deux feuilles, comme ce que l’on voit en Asie, décrit-elle. En plus, il y a beaucoup d’oiseaux migrateurs dans les rizières en ce moment, comme les ibis noirs. » 90 % de la production mondiale pousse en Asie. Pourquoi le riz a-t-il été implanté en Camargue ? Dans ce territoire balayé par le Mistral, il n’y a pas de moussons, mais le Rhône permet un apport d’eau douce. « On a les températures adéquates », complète Marine Rozière. Les premières expériences de plantation de riz en Camargue ont été menées sous Henri IV. Mais c’est le plan Marshall qui a véritablement permis l’essor de cette culture après la Seconde Guerre mondiale. « Il y a 160 riziculteurs aujourd’hui en Camargue et environ 13 000 hectares de rizières », décompte Marine Rozière. Le riz camarguais est protégé par une IGP.

Des bananiers cernent le village traditionnel laotien de la bambouseraie. • © Bruno Preschesmisky
Une rizière route des Iscles à Saint-Gilles • © Yannick Pons

Un voyage au Laos et au Japon

La famille Nègre ne vit pas en Camargue mais au pays des châtaigniers, à Générargues, en Cévennes. Valentine Crouzet et sa mère Muriel Nègre ne s’intéressent pas au riz, mais à une autre plante asiatique : le bambou. Leur bambouseraie, inscrite à l’inventaire des monuments historiques, abrite 210 variétés différentes de bambous, mais aussi des séquoias.

L’histoire démarre en 1856. Eugène Mazel achète une propriété à Générargues, village voisin d’Anduze. Dans l’ancien lit du Gardon, il acclimate des espèces de bambous venues de Chine, du Japon, d’Amérique du Nord et de l’Himalaya. L’histoire aurait pu s’arrêter là car Eugène Mazel meurt ruiné. Sa propriété, hypothéquée, est vendue aux enchères. La famille Nègre l’achète. En 1953, le parc ouvre au public. Même s’il devra subir les conséquences du grand gel de 1956 ou les inondations de 2002, la bambouseraie se développe grâce aux différentes générations de la famille Nègre.

Aujourd’hui, elle propose un voyage express à travers l’Asie. Elle abrite un village traditionnel laotien. Il a été construit par un membre du personnel originaire de ce pays. Il est entouré par des espèces végétales poussant au Laos comme le bananier ou la canne à sucre… Le bucolique vallon du dragon s’inspire, quant à lui, de l’art traditionnel du jardin japonais. Petit plus cet été, les serres d’Eugène Mazel accueillent en ce moment une exposition sur la flore d’Afrique du Sud.

Capucine Bauchet, compagne de Nathan Balenbois est entraineuse de cheveux. Elle est ici avec sa jument Smokin Rebel Cat. • © Damien Lambert
Théo Balenbois, frère de Nathan et également associé dans cette exploitation, est ici sur son cheval Spookcompresso. • © Alexandre Mazzocco
On peut découvrir ce paysage de steppe aux confins du Gard et de l'Aveyron, à Lanuéjols, à 2h30 de route de Nîmes. • © Alexandre Mazzocco

Des bisons dans le Far West gardois

La famille Balenbois élève une centaine de ces animaux sauvages à Lanuéjols. Du 17 au 20 juillet, leur ranch accueille une compétition de jeux de cow-boy où on doit parquer le plus vite possible des vaches.

Adulte, le mâle pèse une tonne. On peut les parquer, mais jamais les domestiquer. La famille Balenbois possède une centaine de bisons dans un domaine de 550 hectares. Ils sont installés à Lanuéjols, dans le Far West gardois, cette pointe d’altitude qui flirte avec l’Aveyron. Les premiers d’entre eux sont arrivés par avion du Canada en 1991. « Mon père est originaire du Nord et ma mère de Vendée. Au départ, ils avaient acheté un élevage de brebis à Lanuéjols. Mais cela ne leur a pas trop plu », raconte Nathan Balenbois. Un ami leur suggère une bestiole bien plus originale : le bison. Le couple part se former deux mois au Canada. 19 bisons leur sont livrés ensuite dans des cages par avion cargo. Une seconde « importation » est réalisée l’année suivante. L’élevage est lancé. Le climat à Lanuéjols qui peut descendre jusqu’à moins 15 degrés en hiver leur convient.

En chariot au milieu des bisons

Le ranch est ouvert au public. On peut les approcher, juché sur un chariot, tiré par un solide tracteur. L’exploitation, baptisée Randals bison, propose cinq départs par jour en été. La première démarre à 11h. En une heure, on peut tout savoir sur ces bovins.

Mais la famille Balenbois élève aussi des vaches Angus. Entre le 17 et le 20 juillet, elle va même en louer d’autres à Saint-Étienne pour compléter son cheptel. Il y aura en tout entre 120 et 130 vaches pour la compétition « Authentic cowboys ». Cet évènement est ouvert gratuitement au public.

Des cavaliers vont s’affronter sur des épreuves de tri de bétail western. Des numéros sont placés sur les animaux. Le juge annonce un numéro et le cow-boy doit le trier le plus rapidement possible. Les inscriptions sont possibles jusqu’à la veille du concours. « Au moins 170 cavaliers viendront », estime Nathan Balenbois. Ce ne sont pas forcément des fermiers : « On a des maçons, électricien, quelqu’un qui fait du transport poids-lourd, un chirurgien… » Une trentaine de cavaliers viennent d’Espagne ou d’Italie pour assister à cette compétition que la famille Balenbois organise depuis plus de 20 ans. On trouve des Néerlandais, des Belges, des Tchèques, mais pas d’Américains. Même si les gains sont de 10 000 euros pour le duo vainqueur de la catégorie expert, cela ne compense pas les 14 000 euros de frais nécessaires pour le transport d’un cheval depuis les États-Unis. Nathan Balenbois a déjà participé à des compétitions outre-Atlantique. Dans sa famille, son père, son frère, sa compagne, celle de Nathan, pratiquent ce sport. « On fait 10 à 15 compétitions par an. »

Ceux qui ne seront pas disponibles pour les « Authentic cowboys », pourront se rattraper. Entre le 23 juillet et le 27 août, tous les mercredis à 19h, les éleveurs organisent un spectacle de tri de bétail. Le spectacle peut être couplé à un repas où on déguste de la charcuterie et de la viande de bison. On peut aussi dormir dans une maison en rondin. On voit les bisons depuis le chalet et, à 30 mètres de là, paissent six chevaux retraités. Des animaux de western dans un paysage de western.

Pratique. Il y a encore de la disponibilité en semaine dans les quatre chambres du chalet en rondin. 75 euros la nuit pour une personne et 10 euros par personne supplémentaire. 10 euros la visite en chariot, 7 euros pour les 6-13 ans. Le spectacle de tri du bétail, sans le repas, s’élève à 8 euros pour les enfants et 14 euros pour les adultes. https://www.randals-bison.com

Le jardin toscan de l'abbaye de Villeneuve-les-Avignon invite à la détente. • © Sabrina Ranvier

Un air de Toscane à Villeneuve-les-Avignon

Un luxuriant jardin italien se cache à l’intérieur du fort Saint-André. Un endroit idéal pour s’apaiser et fuir les records de chaleur estivaux.

Chaises longues sur les terrasses face au palais des papes, bancs en pierre, tout est propice à la rêverie aux jardins de l'abbaye Saint-André. • © Sabrina Ranvier

Deux solides tours de garde, une ceinture de remparts, difficile d’imaginer que derrière l’enceinte massive du fort Saint-André, se cache un délicat jardin toscan. Les deux hectares de parc de l’abbaye Saint-André dominent Villeneuve-les-Avignon et la frénétique Avignon. Mais ils sont totalement hermétiques aux bruits de la ville. On y entend seulement les oiseaux ou le souffle du climatiseur naturel, le Mistral. Ce sont ses assauts qui ont donné des formes improbables aux pins parasols.

« Jardin remarquable », « monument historique »… Les jardins de l’abbaye Saint-André de Villeneuve-les-Avignon cumulent les distinctions. Et c’est plus que mérité. L’abbaye a été fondée sur le mont Andaon au Xe siècle, au sommet de la colline où Sainte-Casarie a vécu en ermite. En 1916, l’abbaye et ses jardins sont achetés par Gustave Fayet. Ce peintre qui collectionnait des œuvres de Van Gogh, Gauguin, Matisse, confie l’abbaye à une amie poétesse, Elsa Koeberlé. Entre 1916 et 1950, aidée de Génia Lioubow, elle crée un jardin d’inspiration italienne. Les nénuphars s’étalent dans des bassins en miroirs. Des glycines, des rosiers Banks dégoulinent de longues pergolas. Juste à côté, des banquettes d’iris les observent. D’immenses prairies fleuries égaient les bâtiments. Le jardin italien, construit en amphithéâtre, est fermé par des cyprès de Florence.

Oliveraies et chaises longues

À partir de 1950, c’est la petite-fille de Gustave Fayet, Roseline Bacou qui prend le relais. Elle s’attaque au reste du parc. Elle remet à jour l’ensemble des vestiges de l’abbaye mauriste détruite après la Révolution, retape la chapelle Sainte-Casarie. Elle domine une vaste oliveraie. Le long d’un sentier botanique, les odeurs de lavandes, de romarin ou de laurier tin se bousculent.

Partout, on peut se poser sur des petits bancs de pierres, sur des chiliennes. Certaines, installées sur les terrasses, offrent une vue panoramique sur le palais des papes. Le pique-nique est interdit, mais on peut grignoter à l’Hortus café. Il est tenu par une cheffe d’origine italienne, Alexia Buonvino. Son défi : proposer des recettes végétales en harmonie avec le jardin.

Concert au petit matin

L’abbaye appartient toujours aux descendants de Gustave Fayet. Ils proposent diverses activités cet été. À l’occasion du centenaire de la mort de leur aïeul, ils exposent, à l’intérieur, ses œuvres en lien avec la Provence. Il a notamment illustré « Mireille Mireio » de Frédéric Mistral.

Un concert « Vagabondage en terre de Mistral » est d’ailleurs programmé dimanche 13 juillet à 5h30 pour profiter en même temps du lever de soleil sur l’abbaye. Dimanche 6 juillet, à 19h, on pourra assister à une « battle », un duel entre un violoniste et un violoncelliste, autour de Bach.

Pour savourer la fraîcheur du jardin le soir, on peut miser sur une visite guidée au clair de lune les jeudis 14 et 28 août à 20h30. Et si on veut créer chez soi un jardin aussi paisible, on peut suivre des ateliers avec Jérôme Lestruhaut, jardinier de l’abbaye, samedi 19 juillet ou samedi 23 août

Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Gratuit jusqu’à 7 ans. Entre 8 et 9,5 euros. Tarif famille 22 euros. Concerts entre 20 et 25 euros, ateliers jardinage entre 15 et 20 euros, visite au clair de lune entre 9 et 8 euros.

04 90 25 55 95 ou info@abbayesaintandre.fr

© Sabrina Ranvier

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