Publié il y a 3 h - Mise à jour le 08.07.2025 - Propos recueillis par Abdel Samari - 4 min  - vu 938 fois

L'INTERVIEW Richard Schieven, adjoint à la Sécurité : "Julien Plantier doit arrêter de raconter des conneries"

Richard Schieven, adjoint à la sécurité de la ville de Nîmes

- Photo DR Objectif Gard

"Julien Plantier ne fait que des constatations, au même titre que les élus de l'opposition. Mais finalement, en termes de solution, il ne propose strictement rien."

Il y a quelques jours, le quartier de Valdegour était le théâtre d’un nouvel épisode de fusillade. L’adjoint au maire de Nîmes en charge de la Sécurité veut réagir aux propos de l’ex-premier adjoint, Julien Plantier.

Objectif Gard : L’expression de Julien Plantier dans les colonnes d’Objectif Gard vous a fait réagir. Pourquoi ?

Richard Schieven : Oui, cela m'a fait réagir. Parce qu'on a l'impression que Julien Plantier, c'est l'homme providentiel. Il ne fait que des constatations, au même titre que les élus de l'opposition. Mais finalement, en termes de solution, il ne propose strictement rien.

Sur le futur poste de police de Pissevin, il peut donner son avis non ?

C’est un dossier partagé avec l'État, il faut donc être patient. Rien ne se fait en un claquement de doigt. Quand monsieur Plantier dit qu’il faut de la profondeur, j'aimerais bien savoir de quoi il parle. Les policiers municipaux ne sont pas en charge de l'investigation. Je lui rappelle que nous avons déjà une compagnie républicaine de sécurité qui est là jusqu'au 1ᵉʳ septembre 2025. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui est un ami intime de Jean-Paul Fournier, a bien expliqué sa volonté de positionner sur Nîmes des moyens pérennisés. Les mots ont un sens. Quand mon ex-collègue dit qu’il faut « fidéliser une unité de force mobile », c’est un contre-sens. Si on fidélise une unité de force mobile, elle n'est plus mobile par principe.

Ce qui vous a mis en colère, c’est l’absence, dans les propos de Julien Plantier, de mention des résultats obtenus en matière de sécurité à Nîmes…

Je pense que depuis le début de l'année, Nîmes n'a pas à rougir. De nombreuses actions ont été menées. Des opérations coup de poing avec de véritables résultats du côté Est comme du côté Ouest de la ville. Si l’on regarde uniquement la dernière semaine de juin, il y a eu plus de 40 interpellations. Et à chaque fois, avec saisie d’armes, de munitions et de l'argent. Donc, bien évidemment, les policiers travaillent. Et la police municipale de Nîmes sur la voie publique fait un travail très important. Elle est fidélisée dans tous les quartiers Nîmois. Mais en effet, elle n'a pas du tout les mêmes prérogatives et les mêmes compétences que la police nationale. Il faut peut-être le redire à monsieur Plantier…

Mais en tant que candidat, il a le droit de dire que la sécurité doit être la priorité numéro un…

Mais comment peut-il dire cela ? On ne peut pas échapper à un acte soudain. Bien sûr, les policiers nationaux ou municipaux auraient pu riposter et interpeller les personnes s’ils avaient été sur place au moment de la fusillade à Valdegour. Ces mêmes faits se produisent à Nîmes, mais aussi un peu partout dans les villes de France. On ne peut pas l'anticiper aussi facilement que le suggère Julien Plantier.

Il indique que la Ville doit réinvestir l'espace public au sein des quartiers et le faire de manière continue, il a tort ?

Ça se fait. Et il était premier adjoint il y a encore trois-quatre mois. Pourquoi quand je l’ai sollicité pour déplacer le poste de police municipale de Rangueil, qui n'est absolument pas fréquenté par la population, au centre-ville, dans l’Écusson, il n’a rien fait ? Autre chose, j’ai souhaité, comme à Nice, installer des bornes d’appel d’urgence pour la population. Le maire était d’accord. Il ne m’a pas aidé. Alors, moi, je le dis très clairement, Julien Plantier doit arrêter de raconter des conneries. Les habitants, il faut expliquer ce qui est réalisable. Il y a aussi une question de moyens financiers. Dernièrement aussi, je l'ai vu quand il est venu dans votre émission TV pour parler des portiques de sécurité devant les écoles élémentaires et primaires. Déjà que les collèges et les lycées en soient pourvus, ce serait bien. Les collèges, parce que c'est le Département, et les lycées, c'est la Région. Julien Plantier, pour ceux qui ne le savent pas, est élu au Département. Il n’est jamais monté au créneau pour défendre cette proposition… Et pour sa pleine information, toutes nos écoles élémentaires et primaires ont fait l'objet depuis maintenant quelques années d'un système anti-agression.

Êtes-vous favorable, comme le suggère Bruno Retailleau, d’élargir le champ de compétences des policiers municipaux ?

Il faut faire attention. Donner davantage de prérogatives aux policiers municipaux, notamment à partir de l'article 16 du Code de procédure pénale, cela veut dire que les policiers municipaux vont être obligés de faire de l'investigation. Ils échapperont complètement au contrôle du maire. Ils seront placés sous la coupe de Mme la procureure de la République.

L’investissement de la municipalité dans la sécurité est colossal en comparaison à d’autres villes de même strate. C’est une crainte pour vous de perdre cette autorité ?

Bien sûr. Fin 2026, nous aurons plus de 200 policiers municipaux. Et 700 caméras de vidéosurveillance. On fait partie, sur l’ensemble du pays, du top 5 en termes de police municipale et du top 3 en termes de vidéoprotection. On a un hyperviseur que de nombreuses villes nous envient. Même le préfet du Gard qui a visité l'hyperviseur urbain a souligné la qualité de notre offre.

Propos recueillis par Abdel Samari

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