Le ton de la voix est enjoué, sympathique. Puis le flux de paroles se coupe, un bref instant. « J’ai un vol de perroquets du Gabon face à moi », explique Éric Poujade. Après dix ans passés à la cité scolaire André-Chamson du Vigan, ce professeur d’histoire-géographie a rejoint l’an dernier le lycée français de Kinshasa, en RDC. L’établissement accueille environ 1 200 élèves de la maternelle à la terminale.
« On a refusé 534 élèves cette année, indique-t-il. Pourtant les frais de scolarité tournent entre 6 000 et 8 000 dollars l’année, dans un pays où le salaire minimal est de 80 centimes d’euros par jour ». Mais qui s’inscrit là-bas ?
« La moitié des enfants des membres du gouvernement et de l’armée sont scolarisés là-bas », répond ce quadragénaire. Il voit arriver des élèves avec limousine et chauffeur. « Certains ont même une escorte », précise-t-il.
Là-bas, pas de place à l’ennui. Entre le 8 décembre 2023 et mi-janvier 2024, le lycée a basculé en enseignement à distance. Le climat était tendu dans le pays à cause des élections présidentielles. « Les trois écoles internationales ont fermé. On a fait du télétravail depuis la France. Certains élèves étaient en vacances de Noël à Los Angeles, aux Seychelles, se souvient Éric. Les collègues qui sont au lycée depuis 1997 te disent qu’il ferme une semaine par an pour cause de sécurité ».
