Les lavognes ? Ce sont ces bassins informels qui créent une zone humide bienvenue en garrigue pour les moutons, les amphibiens, les libellules ou tout animal qui veut se désaltérer. C’est une petite dépression aménagée par l'Homme, en général dans les zones arides, pour collecter l'eau de pluie et abreuver le bétail, voire lui-même à une époque plus ancienne.
C’est un projet porté par le Syndicat mixte des gorges du Gardon au service du pastoralisme et de la préservation de la biodiversité locale. Voilà quelques mois, des entreprises ont été choisies pour construire des lavognes sur les sites Natura 2000 des « Garrigues de Lussan » et des « gorges du Gardon ». Les Lavognes du plateau Saint-Nicolas à Sainte-Anastasie, de la combe du moulin à Fontarèches, de la combe du Tisonné à Rivières et, donc, la lavogne de Fort Bos à Cabrières.
La présidente du syndicat mixte des gorges du Gardon, Dominique Andrieu-Bonnet , explique : « Nous avons des milieux existants, différents et ici, nous avons du pastoralisme. Nous voulons ouvrir le milieu pour y faire venir une biodiversité encore plus variée, de la faune et de la flore et, ainsi, aider à protéger également notre espèce emblématique, l’aigle de Bonelli, qui est fragile. Cette lavogne permet de capter l’eau et de la conserver pour aider tous les animaux et les végétaux des environs. Le but de cette construction est aussi de ne pas perdre ce savoir-faire ! »
Pour ce dernier point c’est Magali, qui est partie à la retraite depuis, qui a dirigé le chantier d’insertion et qui avait l’habitude de ces techniques usant pierres et topographie. Sele, entreprise locale spécialisée dans la pierre (mais qui a plus l’habitude de restaurer les grands monuments de Nîmes), a bâti cette construction et se chargera des autres chantiers. La pierre de Pompignan a été choisie et utilisée, elle se fond parfaitement dans le décorum, tout comme la lavogne dont l’emplacement a été soigneusement sélectionné.
« L’intégration au territoire est magnifique, tout est en harmonie, et avec ça nous faisons un pas de plus vers le label Grand Site de France », ajoute Dominique Andrieu-Bonnet.
Le maire de Cabrières, Gilles Gadille, est heureux de cette nouveauté. « Merci de nous avoir offert cet équipement, nous sommes très fiers de notre environnement car nous avons deux bergers depuis des années et une chèvrerie. Cette lavogne vient s’intégrer idéalement dans ce paysage, à côté d’un chemin emprunté par les randonneurs. À Cabrières, la pierre sèche est importante ! »
Rapaces et passereaux, moutons ou amphibiens, libellules ou autres… Les lavognes, en terrain aride comme l’est notre belle garrigue, sont une bénédiction. Pour le responsable de Sele, Laurent Defemme : « C’est une première pour notre société qui a pourtant 130 ans d’histoire ! Nous avons une trentaine de tailleurs de pierre et personne n’avait jamais fait ça. Robin et Rémi s’y sont attelés avec succès et Daniel, du syndicat mixte des gorges du Gardon a été une précieuse aide. Cet homme, c’est un coup de cœur, un vrai passionné, un amoureux de ce qu’il fait ! Quand il m’a appelé pour me signaler cet appel d’offre, je n’avais pas tout compris mais en effet, c’était pour nous, parfait pour nos pierreux. Ce projet nous a apporté une nouvelle corde à notre arc, c’est très bien. »
Oui, le but de la manœuvre, outre la création de ce bassin d’eau, était aussi et surtout de préserver ce savoir-faire. Ici, pas de béton, pas de joints. De la pierre et une quasi-éternité devant elle. Magali, pour conclure cet instant, a tenu à rappeler les mots de son maître, Maurice Roustan, le Nîmois qui a repensé les lavognes il y a une quinzaine d’années et qui disait que « la pierre posée prépare l’avenir ». Une certitude, c’est qu’il avait raison ! Un projet à plus de 63 000 euros, mais qui est là pour longtemps.