Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 04.12.2022 - Corentin Corger - 4 min  - vu 1050 fois

FAIT DU JOUR 7 000 km à vélo : l’incroyable périple de Bernard, âgé de 71 ans

bernard lamiable cap nord

Bernard Lamiable n'avait jamais réalisé un tel défi 

- DR

Bernard Lamiable est un Nîmois âgé de 71 ans. Il vient de réussir le pari fou de rejoindre le Cap Nord, point d’Europe le plus au nord situé en Norvège, à vélo. Un parcours de plus de 7 000 kilomètres sur lequel revient cet aventurier hors du commun.

Bernard Lamiable a toujours aimé l’aventure. Son premier voyage est un périple aux Pays-Bas en moto 50 cm3. C’est après avoir travaillé dans la sidérurgie, notamment en Allemagne, puis géré une entreprise spécialisée dans les machines à café qu’il s’est consacré à réaliser des défis. Il y a plus deux ans, le Nîmois s’est rendu à Saint-Jacques-de-Compostelle à pied en dormant la plupart du temps à la belle étoile. Près de 2 000 kilomètres parcourus. «J’avais l’intention de voyager de façon atypique en accrochant une remorque de 12 mètres à un tracteur et me balader comme ça. Mais très vite je me suis dit que ce n’était pas l’idéal », raconte l’intéressé.

Un personnage haut en couleurs qui aime la vie sans se poser de questions. Avec Bernard, tout se décide au jour le jour. Comme de partir en Italie avec sa moto 125 cm3 où il tombera en panne d’essence. Alors il s’est dit que son prochain périple, il le ferait en vélo pour éviter tout problème. L’intéressé l’avoue lui-même, toujours avec une pointe d’humour, il n’est pas un grand cycliste : « La plus grande sortie que j’avais faite c’était entre Nîmes et Sommières. Et seulement l’aller ! ».

"Si j’avais écouté les gens, je serais resté à Nîmes"

Pourtant, le septuagénaire se lance le défi fou de se rendre en bicyclette jusqu’au Cap Nord en Norvège, qui porte bien son nom en tant que point le plus septentrional d’Europe, situé à plus de 4 000 kilomètres de la capitale gardoise. « Si j’avais écouté les gens, je serais resté à Nîmes », confie Bernard qui, du coup, ne les a pas écoutés et a commencé à pédaler à partir du 11 avril 2022. La Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas sont les premiers pays à voir passer le Gardois qui se fixe environ une soixantaine de kilomètres par jour sans avoir forcément de planning établi même si au départ il aurait souhaité atteindre son but début août.

bernard lamiable cap nord
À 71 ans, il apprécie cette vie au plus près de la nature  • DR

Mais son avancée a été ralentie en raison de belles rencontres humaines, ce que recherche aussi notre aventurier. « J’ai sympathisé avec des Néerlandais qui ne voulaient plus me laisser partir, confie le Nîmois, pédaler n’est pas le plus dur. » Sauf quand il a posé le pied en Norvège où c'était plus physique. Ce sont surtout les nuit fraîches à la belle étoile lorsque le froid a commencé à arriver qui ont été difficiles. 

"J'ai dormi quasiment tout le temps dehors"

« J’ai dormi quasiment tout le temps dehors sans ouvrir la toile de tente », assure l’homme de 71 ans qui avait parfois pour chambre des halls d’hôtel ou des fermes, voire des abribus. « J’ai toujours été bien reçu », lâche-t-il avec joie d’avoir pu souvent bénéficier du couvert le soir et du petit-déjeuner le matin. C’est lorsqu’il a commencé à s’approcher de sa destination que les conditions sont devenues plus précaires dans un espace plus désertique. 

Pour supporter le froid, le cycliste portait une polaire offerte par la société nîmoise Ocean. « Le gars est super sympa ! C’est le seul qui honnêtement a cru que j’allais y arriver, peut-être plus que moi », précise Bernard au sujet d’Émilien Marcos, gérant de cette société de nettoyage, qui lui a donné plusieurs habits. Outre ce challenge, Bernard en a profité pour en prendre plein les yeux et observer des paysages exceptionnels. Il a eu même la chance de voir dans le ciel des aurores boréales.

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Bernard Lamiable sur l'île de Svalbard avec les Nîmois Victoire et Hadrien  • DR

Le Nîmois a aussi abandonné quelques jours son vélo pour prendre l’avion et se rendre sur l’archipel de Svalbard situé 800 kilomètres encore plus au nord de la Norvège. Sur place, on recense environ 2 700 habitants pour plus de 3 000 ours. « Il est déconseillé de sortir de la ville sans guide armé », prévient Bernard qui avoue n’avoir pas vu un seul ours. Le plus étonnant dans ce séjour c’est qu’au milieu de nulle part, Bernard est tombé sur un couple de Nîmois, Hadrien et Victoire, qui ont réalisé un road trip de quatre mois dans toute l’Europe.

"Ce genre de voyages il faut le faire vers 25 ans"

Le 9 octobre, le Gardois réussit enfin son incroyable pari et atteint le Cap Nord au bout d’innombrables efforts tout en ayant subi les frasques du climat. La tempête a notamment emporté sa casserole où il se faisait son café et mouillé son duvet. Au total, il a parcouru plus de 7 000 kilomètres à vélo ! Un exploit d’autant plus pour un homme de 71 ans, qui plus est avec des problèmes de dos, mais Bernard n’aime pas qu’on lui rappelle son âge. « Ça me déplaît car il n’y a aucun avantage à avoir 71 ans. Je me suis fait plaisir mais je l’ai fait trop tard. Ce genre de voyages, il faut le faire vers 25 ans. »

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Le Nîmois immortalise l'instant de son défi devant le symbole du Cap Nord • DR

L’homme a aussi pédalé pour la bonne cause puisqu’il a lancé une cagnotte pour l’association Rêves qui permet aux enfants malades de réaliser leurs rêves. Au départ, le cycliste avait prévu de rentrer dans la foulée. Mais Bernard a changé ses plans initiaux et ne veut pas faire le chemin du retour en plein hiver. Il ne rentrera qu’en mars quand les routes seront à peu près dégagées. Ainsi pendant quatre mois, il a posé ses maigres bagages à Nesseby, une ville côtière du nord de la Norvège.

Là-bas, contre le logis, il donne un coup de main à un Français qui propose des excursions en chiens de traîneau. De quoi profiter encore des paysages hivernaux avant de rentrer et de repartir pour de nouvelles aventures. « J’ai envie de faire l’Inde en sac à dos », commente l’intéressé qui compte se déplacer sur place en train et dormir chez l’habitant. Un voyage qu’il aimerait faire en 2023 car « je vais avoir 72 ans alors ça commence à urger », conclut le Nîmois toujours avec ce ton léger. 

Corentin Corger

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