Publié il y a 1 an - Mise à jour le 23.01.2023 - Stéphanie Marin - 3 min  - vu 573 fois

FAIT DU SOIR Festival Flamenco : un millésime 2023 d'exception avec plus de 15 000 spectateurs

François Noël

François Noël quittera ses fonctions de directeur du Théâtre de Nîmes le 31 janvier 2023.

- Photo : S.Ma

Entre le 9 et le 21 janvier 2023, le festival Flamenco a rassemblé 15 200 personnes dans les salles. La preuve pour François Noël, directeur du théâtre de Nîmes, que l'exigence n'est pas qu'une simple prise de risque, mais un argument de poids pour attirer les spectateurs. 

Dans son bureau, au numéro 1 de la place de la Calade, des cartons et des cadres photos sont empilés contre les murs. François Noël s'apprête à quitter ses fonctions de directeur du théâtre de Nîmes après 20 ans d'exercice.

François Noël
François Noël quittera ses fonctions de directeur du Théâtre de Nîmes le 31 janvier 2023. • Photo : S.Ma

Une décision prise il y a un peu plus d'un an suite à un coup de sang assumé après l'annonce d'une baisse de subvention de la Ville de Nîmes, principale tutelle du théâtre de Nîmes. "Je n'ai jamais regretté ma décision. J'ai d'autres choses à faire, d'autres choses à vivre. Ça va me donner l'occasion de me libérer du temps et l'esprit et d'envisager d'autres choses. J'ai quelques propositions... Rien n'est encore signé", embraye-t-il dans la foulée, anticipant la question à venir.

Mystère donc, mais avant de partir le 31 janvier prochain - laissant son fauteuil à Amélie Casasole -, François Noël dresse le bilan du festival Flamenco 2023 au lendemain de sa soirée de clôture avec le généreux Rafael Riqueni. Un bilan qualifié de très satisfaisant avec un taux de remplissage de 95%, soit 15 200 spectateurs accueillis. Coconstruite avec Chema Blanco, conseiller flamenco de l'institution nîmoise, et par ailleurs directeur de la Biennale de flamenco de Séville, cette programmation "de haut niveau", a ainsi suscité la curiosité d'un public local à 50%, régional à 25%. Les 25% restants concernent le reste de la France et l'Europe. 

"Les spectateurs ne sont pas les idiots qu'on veut bien nous faire croire qu'ils sont"

"On a mis la barre très haut à tous points de vue, y compris sur le côté exigeant des spectacles. Et le public a répondu présent de façon incroyable." Preuve en est selon François Noël que "les spectateurs ne sont pas les idiots qu'on veut bien nous faire croire qu'ils sont." Il s'explique : "On pense que tout tirer vers le bas, ça fait venir beaucoup de monde."

Le directeur du théâtre de Nîmes fait référence à la notion de tourisme culturel "qui est en train d'envahir tous nos espaces et pour lequel on produit des animations pour le plus grand nombre. Ici comme ailleurs, on voit ça partout". "La politique du chiffre est à l'œuvre et là, nous venons de faire la démonstration qu'en tirant tout vers le haut, on a encore plus de monde qu'en y venant par le bas." Un succès par ailleurs "partagé avec les bars, les restaurants et les hôtels de la ville", insiste-t-il.

Le madrilène, Alfonso Losa est un passeur entre les maestros et la nouvelle génération de danseurs flamenco. • Photo : Yannick Pons
 

Pour cette 33e édition ponctuée de nombreuses créations et avant-premières mondiales, ce festival a offert un joli panorama du flamenco contemporain. Une prise de risque volontaire dont l'objectif était de présenter des artistes qui, tout en se nourrissant du flamenco, le transforment pour exprimer leur propre art. "On a présenté des choses que personne n'avait jamais vues ici. Mais on se rend compte que ce rapport de confiance qu'il y a entre les spectateurs et nous, les organisateurs, nous mène à l'endroit de l'excellence. Et il n'y avait qu'à voir les salles à la fin des spectacles. On a enchaîné les ovations", souligne François Noël.    

Il y a bien eu des ovations, mais il y a aussi eu des déçus, nous avons pu notamment constater des départs de la salle lors de la représentation de Javiera de la Fuente à l'Odéon. "Ça fait partie des formes artistiques du flamenco qui aujourd'hui sont présentes dans le paysage, défend-il. C'est vrai que sa proposition est très radicale, mais on ne peut pas ignorer que c'est peut-être un courant qui est en train de naître."

Yinka Esi graves a donné une magnifique performance à l'Odéon. • Photo : Yannick Pons

Ce phénomène n'est pas rare, certains artistes aujourd'hui acclamés de tous, dont le talent n'est plus à prouver, en ont souffert à leur début. François Noël cite Pina Bausch, Israel Galván... "Ils étaient peut-être en avance sur leur temps. Et c'est un peu leur rôle d'avoir une vision plus lointaine que la nôtre. Alors peut-être que dans dix ans, on dira que Javiera de la Fuente est un génie. Ou peut-être pas, mais on ne sera pas passé à côté."

Le numéro 1 du théâtre de Nîmes plie bagages sur un dernier succès. "Je suis très heureux de partir après cela. J'ai adoré ce métier, adoré ce théâtre, j'y ai pris beaucoup de plaisir." Reste encore quelques spectacles qu'il avait programmé à venir avant qu'Amélie Casasole ne prenne officiellement la relève au mois de juin, dans un contexte tendu tout de même, notamment marqué par une forte inflation.

Chema Blanco, conseiller flamenco du théâtre de Nîmes, devrait quant à lui travailler sur la 34e édition "au moins, pour permettre une transmission, une passation". François Noël termine : "Le festival Flamenco est un moment important de la saison. Pour le respect des artistes, du public, pour le flamenco en lui-même, c'est très important de continuer à faire un travail de qualité. Maintenant, il faudra en avoir la volonté et les moyens !

Stéphanie Marin

Nîmes

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