Publié il y a 1 an - Mise à jour le 09.02.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 399 fois

NÎMES Conseiller la ville de Menjez pour une possible inscription à l'Unesco

Mary Bourgade, à gauche de la table, aide la délégation libanaise dans son travail en faveur de son inscrption à l'Unesco (Photo Anthony Maurin).

Une délégation de la ville de Menjez (Liban) est à Nîmes jusqu’au vendredi 10 février pour partager l'expérience d'un dossier de candidature au patrimoine mondial de l’Unesco.

Menjez, village du Nord du Liban, est situé à 130 kilomètres de Beyrouth, dans le Caza de Akkar. En arrivant de Beyrouth, vous n’aurez qu’à emprunter l’autoroute en direction de Tripoli, puis la route côtière jusqu’au niveau d’Al Abdeh. Enfin suivre la direction Menjez et vous découvrirez un paradis perdu.

Menjez se situe sur une colline portant le nom d'une famille française (croisade) "El Guise" qui a construit ou restauré la forteresse de "Notre Dame", située à proximité. Depuis, ce petit village devait porter le nom "Mont Guise."

Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, explique : "Nous avons une pensée pour les victimes du Moyen-Orient et de ce terrible tremblement de terre. Nous recevons le maire et un conseil municipal de Menjez. Leur démarche est bien pour eux comme pour nous, cette commune a un magnifique patrimoine."

Ce voyage d'étude fait suite à la visite au Liban de Mary Bourgade, adjointe déléguée à l'inscription Unesco. Pour l’élue : "C’est en lien avec la démarche du ministère des Affaires étrangères quand nous étions à Tanger en 2019. De notre côté, nous avançons sur le dossier Unesco et on nous a mis en relation avec Menjez. Grâce à une convention on peut travailler, partager et échanger nos expériences avec eux."

Sur la liste indicative de l’Unesco depuis 2019, la commune libanaise ne peut pas aller plus loin et présenter un dossier. Pourquoi ? Par manque de tout. Manque de moyens financiers, humains et de savoir-faire.

"Il est important que l’État libanais partage cette démarche de candidature. Ils ont besoin de support et nous, nous présentons notre candidature en septembre en Arabie Saoudite et nous nous devons de les aider. Ils ont moins d’expérience et l’idée de participer à cette candidature nous plaît", avoue Mary Bourgade.

Georges Youssef, maire de Menjez, est heureux. Après avoir répondu à un appel à projets pour une coopération décentralisée entre la France et le Liban, les premiers efforts se concrétisent : "Nous voulons suivre le savoir-faire français. Mon petit village est à la frontière de la Syrie et nous avons plusieurs sites d’intérêt."

Les fameux 87 monolithes et dolmens et un temple romain dédié à Nemesis détruit par un tremblement de terre, mais dont tous les blocs sont restés sur place. Les historiens et archéologues pourront aussi satisfaire leurs envies en regardant le château des Croisés Qalaat Felis bâti par un comte de Toulouse qui descendait de notre Raymond de Saint-Gilles qui avait lui-même élu domicile à Tripoli (Liban) pour co-créer les états latins d’orient !

Jean-Paul Fournier, Georges Youssef et un élu de la délégation de Menjez (Photo Anthony Maurin).

"Nous sommes dans la région la plus pauvre du Liban et nous comptons développer notre économie en nous basant sur nos ressources et nous apprenons ici les bonnes pratiques. Je croyais que l’inscription à l’Unesco allait être une petite promenade, mais cela implique beaucoup de travail et beaucoup de démarches à faire pour ne pas rater les marches ! Notre patrimoine a été conservé par nos ancêtres, nous devons en faire de même", poursuit Georges Youssef. En effet, le Liban passe par une crise économique sans précédent. La livre libanaise a été dévaluée fortement ce qui fait qu’un médecin ne gagne plus que l’équivalent de 50 euros par mois quand il gagnait 1 000 euros il y a cinq ans.

Mary Bourgade, à gauche de la table, aide la délégation libanaise dans son travail en faveur de son inscrption à l'Unesco (Photo Anthony Maurin).

Faire un dossier coûte environ 150 000 euros, en tout cas c’est ce que ça a coûté à Nîmes en englobant tout. "Et nous avons la chance d’avoir une administration en conséquence. Il va falloir qu’ils choisissent entre leur deux options : le culturel ou le naturel. Et pour ce village, je conseille plutôt l’axe culturel."

Sur la connaissance et l’approche des mégalithes et des dolmens, le père Maurice Tallon avait fouillé Menjez dans les années 1960. Depuis, les recherches et fouilles se poursuivent. Beaucoup de travail a déjà été fait et il y très peu de choses similaires de connues. Le temple romain, lui, s’est effondré sur lui-même lors d’un tremblement de terre en date du début du VIIe siècle de notre ère. Pour le château fort croisé, rien n’a jamais été fait !

(Photo Anthony Maurin).

Avec cette visite libanaise à Nîmes, on retrouve l’esprit universel du partage entre histoires et nations que l’Unesco promeut si bien. L’aide apportée ne sera peut-être pas décisive mais elle ne pourra pas faire de mal, y compris dans la préparation du dossier et la réalisation du complexe "budget."

L’église Mar Daniel (Saint-Daniel), le couvent historique Saïdet el-Qalaa (Notre-Dame de la citadelle), les 87 dolmens mégalithiques marquant l’emplacement de tombes historiques datant d’environ 3000 avant notre ère, le temple Maqam el-Rabb (ou Beit Jaalouk) en pierre basaltiques noires et dédié à la déesse Némésis ou encore les ruines d’un château croisé nommé Qalaat Felis, sans oublier les constructions en pierre basaltique, typiques de la région, voilà tout le patrimoinne que doit dévoiler Menjez.

Anthony Maurin

Nîmes

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