« Née avec un pinceau dans la main droite, un crayon sanguine dans la main gauche et un stylo entre les dents, j'ai toujours eu plus de facilité à m'exprimer via l'écriture et la peinture, surtout quand les émotions s'emmêlaient. » Facile ? Pas sûr ! « Ma particularité à moi c'est d'être devenue, au fil des créations, une passeuse. »

Passeuse de messages, de secrets. Passeuse de confidences susurrées ou hurlées. Passeuse de moments de vie et de changements. Le tout, parfois sur la pointe des pieds et, plus souvent, de manière décomplexée.

« Au cours de mes années de pratique, j'ai très vite fait le constat que la créativité me permettait un nouveau souffle, une respiration bloquée ou la verbalisation que je ne me permettais plus. »

Communiquer ce que l'on est et entrer en conversation avec soi-même est parfois d'une grande complexité. Comme le fil de la marionnette, peindre ce que sa bouche ne savait pas dire l'a maintenue humaine, vivante... visible. Elle s’est alors dirigée vers la mise en œuvre des politiques culturelles dans les centres hospitaliers et l'art-thérapie.

« J'ai alors multiplié les portraits, les regards. J'étais devenue passeuse d'émotions. Le confinement a marqué un tournant dans ma pratique. Les visages et les regards. L'âme de mes personnages ne m'obsédaient plus... C'est le manque de contact humain, la souffrance psychologique liée à la solitude parfois imposée, l'éloignement et le geste manquant qui m'ont obnubilée. »

Avec sa série « la ligne rouge » est née et ce qui ne devait être qu'une série de trois toiles et qui s'est transformé en l'évacuation millimétrée et scrupuleuse de chaque émotion envahissante, positive ou négative.

Aujourd'hui, devenue art-thérapeute et médiatrice artistique, entre autres activités, croquer et peindre est devenu le plus puissant exutoire jamais testé, qu’elle partage afin de permettre d'identifier certaines de leurs émotions bloquées et de les apprivoiser.