Ils étaient nombreux à venir dans la région pour essayer de marquer les esprits et de remporter un concours fait sur mesure pour eux. Après des qualifications intenses et avant de défiler en feria dans les arènes Émile-Bilhau de Saint-Gilles, ils étaient encore six, ce matin, en lice pour la finale de ce concours organisé par Nîmes métropole.

Le Nîmois Clovis Germain (ET Béziers), Isaac Galvin (ET Rafael Ortega de San Fernando) que le public connaît plutôt bien, Cristian Restrepo Medina (ET Navas del Rey) que les tendidos ont aussi vu ces derniers mois dans les arènes locales et d’autres profils à découvrir comme Esteban Navarro (ET Béziers), Hugo Tarbelli (ET Navas del Rey) ou encore Hugo Casado (ET de Cataluña).

Un comble, aucun élève d’une école nîmoise. Dans les toros, c’est comme ça. Rappelons qu’étaient également en lice Léo Pallatier, Rémy Asensio, Sacha Mosti, Mathias Sauvaire, José Huelves, Manuel Fuentes, Lisares ou encore Jules Dujols.

Ce vendredi matin, les six novilleros qualifiés la veille devaient combattre, sans mise à mort, trois erales de la ganaderia Charlotte Yonnet. À deux novilleros par eral, la sélection est plus complexe mais le jury a l’habitude. Cet ultime palier se déroulait à la ganaderia la Paluna, voisine.

Donc, nous voilà en ouverture de la feria de la Pêche et de l’Abricot à Saint-Gilles et le trio de la tarde est le suivant : Clovis, le Colombien Cristian Restrepo Medina et Hugo Tarbelli.

Premier à sortir sur le sable et à pouvoir donner la de la finale, Clovis.

Devant un beau becerro de François André, un peu retors et mobile avec un fond de noblesse mais aussi quelques coups de tête. Clovis pose les paires de banderilles avant d’entamer une faena un peu décousue à cause du complexe adversaire.

Clovis trouve peu à peu les armes et les recours nécessaires à cette lutte. Le palco envoie la musique, tout le monde semble content et la journée débute bien. Clovis se fait prendre et est bon pour une belle frayeur, mais, piqué dans son orgueil et par son apoderado Thomas à Cerqueira, Clovis se réveille et révèle son envie, sa ténacité, son courage pour finir sur un combat hargneux con aguante et une entière, on ne peut plus efficace et rapide. Oreille.

Sur sa seconde chance, le jeune nîmois accueille son Bernard Taurelle presque au centre de la piste, les genoux à terre et face au toril. Une larga cambiada ainsi et une autre plus loin, dans les planches. Les tendidos sont ravis ! Ils le resteront lors d’un tercio de banderilles partagé avec Tarbelli après un quite de Restrepo. D’ailleurs, les quites ont été pris par les trois toreros, une bonne chose pour assurer le spectacle. Le brindis est pour Gaël Dupret, maire de Sernhac et vice-président de Nîmes métropole en charge de ce bolsin. Un clin d’œil sympa et qui fait plaisir.

Une série aux planches, une frayeur pour Clovis qui se reprend peu à peu et qui réalise même une paire de séries d'intérêt avant de retomber dans des travers un peu trop précipités. Clovis s’arrime, il continue le travail et règle peu à peu son Taurelle sur la distance qu'il désire et la profondeur qu'il souhaite mais il perd les trastos et la musique s'arrête. Une ultime série avant une entière totalement engagée et purement fulgurante. Deux oreilles pas volées mais le jeune homme a du mal à sourire et à savourer un bilan comptable pourtant doté de trois oreilles, dans la droite ligne de sa temporada.

Deuxième à s’élancer devant un public calme et studieux, Cristian Restrepo Medina touche le deuxième becerro de François André, tout aussi complexe à déchiffrer pour lui que le premier le fut pour Clovis. Le brindis du Colombien est pour Gilles Raoux et Hervé Galtier et l’adversaire du moment, comme le premier, demande les papiers mais donne beaucoup une fois qu'on le tient dans la muleta.

Quelques séries, la musique, et un caractère tenace, pugnace, sans oublier quelques gestes plaisants éparpillés dans une opposition intense. La musique de Chicuelo II, qui était en concert hier ici même pour lancer la feria, redonne un coup de boost. Les François André permettent de belles choses mais il faut savoir les prendre. Leur sang ne ment pas… Restrepo s'est accroché et c'est bien ce qu'on lui demande dans ce genre de course. Il a plié mais il n'a jamais rompu. Salut.

Avec son second becerro, un de chez Bernard Taurelle, Cristian Restrepo Medina revient en piste pour tenter son va-tout. On ne le verra pas plus au capote, dommage pour un Colombien à la tradition fleurie. A la faena, l’apprenti torero se fait prendre par un eral puissant et qui peu à peu se détériore (comme les conseils donnés par son entourage au torero). La musique est demandée par le président de la course, peut-être pas au meilleur des moments, mais la musique est nécessaire, ne serait-ce que pour encourager le novillero à continuer dans cette voie et pour garder le public en éveil.

Restrepo réalise une bonne première moitié de faena sur la gauche avant de tenter une série droitière puis de repasser sur des naturelles étirées et âpres. Le jeune est peut-être vert mais on sent qu’il donne beaucoup, tout. On sent chez lui comme chez le suivant ou le précédent, Tarbelli et Clovis, une réelle générosité et en engagement total.

Enfin, terminant le cartel d’apprentis toreros, c’est Hugo Tarbelli qui veut éveiller le soutien des tendidos avec toute la responsabilité que cela incombe. Le Landais entre en piste, solide sur ses appuis et plein de fougue. Il accueille au capote de belle manière son François André. Clovis prend un très bon quite et Hugo Tarbelli en remet une couche en banderillant.

Le torero est puissant, il a également droit à la musique pour une faena qui met du temps à se mettre en place. On sent l’envie de bien faire mais le manque de ressources pour y parvenir pleinement. Hugo se rapproche doucement et termine dans les cornes, sur la courte distance. Plusieurs envois. Salut un peu forcé mais quel plaisir de voir des jeunes en apprentissage comprendre que la route est longue mais que si l’envie demeure le chemin sera plaisant.

Dernier duel et ultime chance pour Hugo Tarbelli de sortir en triomphe et de possiblement ravir le trophée en jeu. Il coupera tout de même une oreille après un tercio de banderille partagé avec Clovis, un brindis à Gilles Raoux et un début de faena face à un exemplaire de Taurelle moins charpenté mais avec plus de gaz.

L'apprenti torero se fait peur une paire de fois en se faisant soit désarmer, soit prendre directement par un adversaire aux aguets et qui se rapproche de plus en plus.

Hugo ne quitte pas son objectif de vue et assure les séries, fait le boulot donne du liant à son toreo. Petit dernier du cartel, non local même si Français, il s’en tire avec les honneurs. Oreille.

Le trophée est logiquement allé à Clovis et c’est le public qui a voté !