BONNEVAUX Les femmes maires ont rendez-vous pour une journée d'échanges et de patrimoine
La proximité du 8 mars n'est évidemment pas un hasard : comme chaque année, les femmes maires se retrouvent une journée pour échanger sur leurs problématiques. En 2024, la rencontre a lieu ce samedi 9 mars, aux confins du département, dans la mairie de Roseline Boussac, à Bonnevaux. Un seul homme sera présent : le président de l'association des maires du Gard, Philippe Ribot, association qui fut instigatrice de la rencontre, alors qu'elle était présidée par une femme, la maire d'Aubais, Pilar Chaleyssin, il y a une dizaine d'années.
Avec un soupçon de gêne, elle se demande si la salle de sa mairie suffira. Ce samedi, en effet, la maire de Bonnevaux, Roseline Boussac, reçoit plus d'une quinzaine de ses consoeurs maires dans les locaux municipaux du village haut perché, qui abrite un peu moins de cent habitants. Mais du panorama exceptionnel que le village offre sur les reliefs - jusqu'aux Alpes - il n'est pas dit qu'elles en voient grand chose, en raison de prévisions météorologiques très pessimistes.
"D'habitude, la rencontre a lieu le 8 mars. Mais cette année, une séance du Département nous en empêche, explique le président de l'association des maires de France du Gard (AMF 30), Philippe Ribot, lui-même conseiller départemental. On compte entre 15 et 25 participantes chaque année." Du fait de son éloignement géographique, Bonnevaux ne devrait pas être la plus courue des éditions. Mais peut-être la plus insolite, voire la plus riche en patrimoine. "C'est la première fois qu'on monte si haut, confirme la maire, Roseline Boussac. Mais Philippe Ribot tient à ce qu'il y ait de la ruralité dans ces rencontres."
Car, après la visite du superbe village médiéval et de son église au clocher-peigne, à deux pas du col du Péras, et un repas au Bistrot de pays de Malbosc (Ardèche), en compagnie de la présidente du Département du Gard, Françoise Laurent-Perrigot, la quinzaine de maires se rendra au château du Cheylard, à Aujac, pour une visite en compagnie de la propriétaire des lieux, Marlène Léautier. "C'est plutôt une journée patrimoine ancien, confirme Roseline Boussac. Les maires viennent surtout par proximité géographique. On devrait en avoir pas mal de la vallée du Rhône."
"C'est une journée que les femmes maires apprécient, relate Roseline Boussac, parce qu'elle a un sens commun, elle nous permet de partager nos soucis et les particularités d'être femme-maire. D'ailleurs, il y a quelques années, j'avais été étonnée parce qu'on trouvait surtout, parmi les femmes maires, des filles d'anciens maires. C'est moins le cas aujourd'hui." Pour Philippe Ribot, il s'agit de "créer du lien, de façon conviviale, et que les femmes puissent échanger entre elles".
"Souvent, notre voix ne porte pas autant que celle des hommes"
Roseline Boussac, maire de Bonnevaux
Et peut-être, aussi, d'achever de convaincre, à distance, quelques femmes qui hésiteraient à se lancer dans le bain des élections municipales. "Souvent, notre voix ne porte pas autant que celle des hommes, regrette Roseline Boussac. D'ailleurs, depuis 25 ans que je suis ici, je suis la seule maire femme aux alentours. La plus proche de moi doit être à Saint-Denis ou, désormais, à La Grand'Combe..." Philippe Ribot constate néanmoins une évolution, alors qu'une soixantaine de femmes sont maires, dans le Gard, sur les 351 communes que compte le Gard. "Quand j'ai été élu, il n'y avait que trois femmes au conseil d'administration de l'AMF, se souvient le maire de Saint-Privat-des-Vieux. Aujourd'hui, elles sont 13 ou 14."
Si la journée se veut conviviale, l'actualité pourrait bien influencer les discussions. Car outre la présidente du Département et Philippe Ribot, la sénatrice Vivette Lopez sera de la partie. Alors que la rencontre réunira des femmes, et que le motif de cette réunion est la proximité de la Journée des droits des femmes, Vivette Lopez sera sans doute interpellée sur son vote contre l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse dans la constitution. Voire, plus encore, sur la justification qu'elle a livrée sur le plateau d'Objectif Gard pour expliquer son vote : la sénatrice voit un contresens entre l'hommage rendu à Robert Badinter et l'inscription de l'IVG dans la constitution, assimilant cette décision à une réinscription de la peine de mort. Difficile de croire qu'aucune maire n'ait été choquée par ces propos.
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