En 2014, les habitants de Beaucaire, charmant village de 16 000 habitants planté au bord du Rhône, ont élu un maire RN (Rassemblement national), Julien Sanchez. Réélu en 2020, l’édile est également porte-parole du parti de Marine Le Pen et maîtrise parfaitement l'art de la communication. Lors de la visite d’Olivier Véran, vendredi dernier, l’édile a de nouveau déploré que sa commune n’ait pas de lycée d’enseignement général : « Nous avons 1 200 élèves dans les collèges, les collectivités en charge du dossier font la sourde oreille ! »

Pour l'élue régionale Aurélie Genolher, le maire semble plutôt lui casser les oreilles : « Nous sommes habitués. À chaque assemblée plénière à la Région, il fait la même chose et la présidente de la Région Carole Delga répond, elle-aussi, toujours la même chose. » Aujourd’hui, c’est le Conseil régional qui est en charge de la sectorisation des lycées, c’est-à-dire du choix de leur lieu d’implantation, le dernier ayant ouvert à Sommières en 2021. L’élue régionale est formelle : « Il n’y a pas la nécessité d’ouvrir un lycée à Beaucaire qui fait partie d’un territoire où l’offre est suffisante… À ce petit jeu, on pourrait d’ailleurs évoquer la question de la ruralité. »

L’académie de Montpellier abonde dans le sens du Conseil régional. À ce jour, elle estime que les collégiens beaucairois disposent de plusieurs possibilités d'affectation. En 2022, 120 élèves sont entrés au lycée Alphonse-Daudet de Tarascon. « Grâce à la coordination étroite avec les services de l'académie d'Aix-Marseille, située à 30 minutes de transport au plus », les élèves peuvent également aller sur Arles, au lycée Pasquet. Enfin, les lycées nîmois accueillent également des Beaucairois « dans des conditions de temps de trajet similaires ». En résumé : « L’accessibilité à une offre de formation riche et diversifiée est donc, à ce jour, disponible pour les élèves de Beaucaire. »

L’offre de formation est-elle suffisante ?

Voilà pour les lycées. Le problème serait plutôt à regarder du côté de l’offre de formation professionnelle : est-elle suffisante ? Pas vraiment pour les responsables de la Mission locale en contact avec 3 000 jeunes, dont 1 500 sont suivis. Le président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence, Juan Martinez, partage cet avis : « Les jeunes ont plus besoin de formation professionnelle que d’un lycée. Nous n’avons plus beaucoup de centres de formation. Moi, Je souhaite que l’on mette en place des centres avec des métiers associés sur des CAP avec, par exemple, la Chambre des métiers ou la Chambre de commerce et d’industrie. »

Ex-président de la Chambre de métiers du Gard aujourd’hui élu régional dans l'équipe de Carole Delga, Henry Brin rappelle que Beaucaire dispose de deux lycées professionnels : le lycée Paul-Langevin - faisant par ailleurs l’objet d’une rénovation par la Région - et le lycée privé Saint-Félix géré par l’institut Emmanuel D’Alzon. Quant à l’accessibilité, autre problématique du territoire, le vice-président aux Transports de la Région, Jean-Luc Gibelin, annonce que la plateforme multimodale autour de la gare de Beaucaire « est en train de se terminer ».