Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 11.06.2024 - Abdel Samari - 6 min  - vu 1737 fois

FAIT DU JOUR Les coulisses politiques dans le Gard au lendemain d'une soirée électorale folle

Photo : Norman Jardin

Le lendemain de la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale a laissé les ténors politiques gardois sous le choc. Même s’ils pensent que le match sera très difficile face au Rassemblement national, personne ne veut soit s’avouer vaincu. Tout le monde se prépare à l’affrontement.

Les principaux politiques du Gard n’avaient pas le sourire des grands jours lundi matin. Ils sont même totalement abasourdis par la nouvelle. Alors que le Gard compte déjà quatre députés RN, le risque d’un grand chelem est dans tous les esprits.

« Le Gard était un laboratoire ces dernières années. Depuis combien de temps, nous n’avons pas eu de ministre gardois en exercice pendant des années ? Est-ce que les financements de l’État ont été suffisamment mobilisés pour le Gard ? Personne n’a voulu y prêter attention. Quand j’ai proposé la talk force contre l’extrême-droite, on m’a ri au nez. Aujourd’hui, ce n'est plus le seul département du Gard, c’est la France entière qui doit faire face à cette peste brune », explique en colère l’ex-députée Françoise Dumas.

Déjà en 2020, lors des municipales à Nîmes, elle avait milité pour un accord global de tous les républicains, de la Droite modérée à la Gauche de gouvernement. Sans succès. Bien au contraire, en 2022, elle s’est retrouvée bien seule alors qu’elle n’avait pas hésité à défendre les dossiers locaux pendant des années sans regarder les étiquettes politiques. « Dans trois semaines, s’il y a un candidat de Droite, de Gauche et d’extrême-Gauche sur les circonscriptions gardoises face au RN et Reconquête, il est évident que l’extrême-Droite peut s’imposer partout », pronostique l’ancienne socialiste.

Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie en première ligne ?

Pour éviter le pire, certains comme Françoise Dumas se tournent vers Carole Delga, la présidente de la région Occitanie. « Elle a tout pouvoir pour exiger, dans les 13 départements, une union populaire de tous les progressistes. Surtout qu’elle est la première à combattre avec efficacité et depuis très longtemps les extrêmes », imagine un militant Renaissance. Est-ce que cet accord pourrait être plus large et engloberait aussi les enjeux municipaux dans 18 mois ? Impossible de le savoir à ce stade, d’autant que les partis à Paris sont en pleines discussions pour se mettre d’accord afin de faire revivre la NUPES. Cette plateforme de LFI jusqu’au PS refusée longtemps par la femme forte d’Occitanie. « Il faut être précurseur et avoir un temps d’avance. Sinon, ce n’est plus le danger qui nous guette, mais la réalité de la France. »

C’est mal parti. Au PS local, un candidat s’est déjà presque déclaré : Pierre Jaumain. Le premier fédéral en rêve jour et nuit depuis des années. Et considère que c’est son tour. « Il est prêt au combat face au RN même s’il manque très clairement de notoriété aujourd’hui. C’est d’ailleurs son principal défaut dans une campagne aussi courte », glisse un membre du PS de Nîmes. Un autre candidat, cette fois à l’extrême-Gauche, n’a pas attendu d’accord des partis. Il a annoncé sa candidature dès ce lundi, le député sortant LFI Michel Sala. « C’est dommage de ne pas attendre l’éventualité d’un accord national pour un front populaire. D’autant que Michel Sala depuis deux ans n’est pas très populaire auprès des maires de la 5ᵉ circonscription. Plusieurs ne l’ont d’ailleurs jamais vu. »

Patrick Malavieille, le retour de Nicolas Cadène ?

Sur le même territoire, une autre candidature pourrait exister, celle du communiste Patrick Malavieille. Mis en jambe par la campagne des Européennes, libéré de tout mandat municipal, le vice-président au Conseil départemental du Gard pourrait se laisser tenter… « Il faut aujourd’hui un projet de transformation dans la sérénité, j’espère que nous parviendrons à nous mettre d’accord nationalement avec toute la gauche », fait savoir Vincent Bouget, secrétaire départemental du PCF. « Il y a une très grosse colère dans le pays et le vote RN et LFI le montre très clairement. Mais des alternatives existent. »

Et qu’en est-il des anciens candidats de 2022 ? Par exemple Nicolas Cadène, qui avait porté les couleurs de la NUPES sur la 6ᵉ circonscription ? « Je suis évidemment prêt à prendre mes responsabilités pour empêcher un gouvernement d’extrême-Droite dangereux pour toutes et tous, bien plus qu’on ne le pense visiblement. Bien sûr, il reste à ma famille politique, la gauche et l’écologie, de s’unir. C’est d’abord uni que nous pourrons proposer de manière convaincante une alternative qui répondra aux attentes des Français. »

Lundi matin, au Conseil départemental du Gard, à l’occasion de la réunion de majorité, malgré le bon score de Raphaël Glucksmann, les langues se sont déliées. Et les premières tractations se sont fait jour : « Le moment est grave. Personne ne peut dire qu’il ne s’y attendait pas. Il faut arrêter de se mentir. Maintenant, il faut un rassemblement républicain et populaire, sinon ce sera un échec collectif », explique un élu de premier plan, présent.

RN et LR, un accord possible ?

Mais se rassembler avec qui ? La majorité présidentielle ? Les Républicains ? Ces derniers sont pris en étau entre survivre et se vendre au RN. D’ailleurs, Marine le Pen, la présidente du groupe à l’Assemblée nationale, vient d’annoncer qu’elle était prête à ne pas mettre de candidat estampillé Bardella face à des députés LR. Contacté, Richard Tiberino, le président des LR dans le Gard, que la rumeur indique comme candidat sur la 1ʳᵉ circonscription, dément formellement : « Non, je ne serai jamais candidat à une élection nationale ! Seul le local et la proximité des administrés me plait. » Demain soir, le bureau politique local devrait lever le voile sur les différents scénarios… Un élu de la majorité municipale est cependant sévère : « Ils vont mettre encore des gugus qui vont se ridiculiser. Quel intérêt ? »

Au RN, on est déjà à la tâche. Julien Sanchez et Sylvie Josserand, fraichement élus députés européens, sont montés en urgence sur Paris. "Nous allons finaliser le Plan Matignon pour les législatives", glisse le futur ex-maire de Beaucaire. Chez les députés de la nation, on attend avec impatience la fumée blanche. Même si on redoute des accords programmatiques qui pourraient coûter quelques places... "Pour le moment, Meurin, Gillet et Meizonnet sont assurés de repartir. Pour les autres…", croit savoir un élu gardois du parti de Marine le Pen.

La majorité présidentielle dans le flou

Enfin, chez Renaissance, c’est la soupe à la grimace. Mais pas le choix, il faut retourner au combat. Les commissions d’investiture se déroulent demain mardi, en fin de journée. Mais qui pourrait se présenter face au RN ? La présidente des Macronistes dans le Gard pourrait partir sur la première circonscription. Sur la deuxième, Yvan Lachaud contacté par nos soins, refuse de s’exprimer pour l’heure… Mais il pourrait laisser la place cette fois.

Anthony Cellier, député battu en 2022 sur la 3ᵉ circonscription, aurait pu se relancer. Poussé par ses amis à la Ville et à l’Agglo du Gard Rhodanien. Mais dans un échange avec notre rédaction, il déclare : "Malgré de nombreuses sollicitations qui m’ont profondément touché, je continuerai mon engagement au service de la France au sein de l’autorité indépendante de la Commission de régulation de l’énergie. J’aime profondément le Gard Rhodanien et la vie politique, mais j’ai toujours respecté mes engagements. Aussi, en cohérence, je me dois d’aller au bout de ma mission, le plus important pour l’heure, est d’être utile à son pays."

Sur la 4ᵉ, il faudra peut-être trouver un autre candidat que le maire de Saint-Privat des Vieux, Philippe Ribot. Demain, invité dans notre émission TV, il précisera sa pensée… Enfin, sur la 5ᵉ, rien n’est à ce stade acté. Tout comme sur la 6ᵉ circonscription où le député sortant Philippe Berta l’avait emporté d’un cheveu. Sollicité, il semble accuser le coup. Une réunion était organisée lundi après-midi par la direction du Modem. S’il devait jeter l’éponge, son suppléant devrait le remplacer au pied levé. Aurélien Colson, désormais président du MoDem du Gard, aurait l’envie de se frotter à la bagarre électorale, selon nos informations.

Reste à savoir quelle sera la position des plus petits partis ? Un nom revient avec insistance… Celui d’Olivier Jalaguier qui pourrait se lancer dans le grand bain, sur la 6ᵉ circonscription. Sous les couleurs du nouveau parti Nouvelle Énergie, fondé par le maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France David Lisnard. Ce dernier, membre des LR, a annoncé, hier soir, pouvoir présenter des candidats sur tout le territoire national. Même à Nîmes apparemment…

La campagne des législatives est très courte. Elle a fait irruption par surprise… Et devrait probablement en offrir quelques-unes d'ici le 7 juillet prochain.

Abdel Samari

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