« Voilà notre prochain président de la République ! ». Une clameur dans la foule vient rompre le silence quand, aux alentours de 14h, apparait Jordan Bardella. Le président du Rassemblement national est là, au café de la Grande Bourse, pour dédicacer son nouveau livre « Ce que veulent les Français » et il est accueilli comme une rockstar par un public acquis à sa cause. La file d’attente, qui débute devant l'établissement, se termine à la hauteur du musée de la Romanité.
« C’est un grand moment pour moi »
Dans le public, Romane vient pour rencontrer son idole : « Je viens faire signer son livre. J’aime beaucoup et ça explique son parcours et la façon dont il est entré en politique. C’est très intéressant. Je l’ai aperçu au Grau-du-Roi il y a deux ans et là je lui ai écrit une lettre, c’est un grand moment pour moi ». La Marguerittoise est équipée d’un drapeau français sur lequel elle a écrit : « Aimer ce drapeau n’est pas être facho ».
Non loin de là, Serge, le Montpellierain, a franchi le Vidourle et il n’aurait raté ce rendez-vous pour rien au monde : « Je pense que Jordan Bardella incarne la France future et on compte sur lui pour changer le paysage actuel. Il a les idées qu’il faut pour sauver notre souveraineté que l’on est en train de perdre. C’est la première fois que je le rencontre et c’est pas mal d’émotion. Je vais lui dire que des millions de Français sont derrière lui et qu’il est l’espoir de la France avec Marine ».
« Il m’a touché la main, je ne vais plus la laver »
La presse est invitée à entrer dans la Grande Bourse avant que la séance de dédicaces ne commence. « Pas de question sur les Municipales », indique un membre de l’entourage de Jordan Bardella. Ce dernier évoque des sujets nationaux : « Nous considérons que plus les Macronistes restent au pouvoir, plus notre pays s’enfonce dans l’instabilité, dans la précarité et dans le doute. Nous appelons à un retour aux urnes et que de nouvelles élections soient organisées ».
Dehors, les supporters attendent livre dans les mains afin de vivre un moment important pour eux. À la sortie du café, les supporters de Jordan Bardella sont conquis. « Je suis trop contente », s’enthousiasme une jeune fille. « Il m’a touché la main, je ne vais plus la laver », plaisante une autre. Mais la présence du président du RN dans la cité des Antonin n'a pas fait que des heureux.
« Jamais Nîmes ne consentira à passer au RN »
En fin de matinée, un premier rassemblement a eu lieu au Prolé où des représentants de partis politiques de gauche et de syndicats ont pris la parole sous quelques gouttes de pluie. « Le RN est l’héritier de l’histoire de Vichy, de l’antisémitisme, du racisme, de l’homophobie et du sexisme rance. C’est le parti de la nostalgie de l’Algérie française et du colonialisme. Le RN est viscéralement antirépublicain », a expliqué Saliha Boussedra, co-secrétaire départementale du Parti communiste.
Une heure plus tard, c’est devant l’église Saint-Paul que les opposants à Jordan Bardella se sont retrouvés à l’appel d’organisations syndicales : « Jamais Nîmes ne consentira à passer au RN. Nous n’oublions pas que Jordan Bardella a rendu un hommage positif à Jean-Marie Le Pen. Le RN était et demeure un parti ouvertement raciste, xénophobe, antisémite, islamophobe, transphobe et sexiste. Le RN ne passera pas ! », a déclaré Jérôme Amicel, responsable de la section Gard du SNES-FSU. « Boycott de la Grande Bourse ! », a été crié lors de ce rassemblement.
Puis, vers 14h30, la tension est montée quand des opposants à la venue de Jordan Bardella se sont approchés du lieu de la dédicace. Séparés par un imposant dispositif de forces de l'ordre, les deux camps se sont affrontés, mais pas physiquement. En revanche les noms d’oiseaux ont fusé. Aux chants anti-RN des uns les autres répondaient par la Marseillaise. Un drapeau palestinien d’un côté et des drapeaux tricolores de l’autre. Le temps d’un après-midi, Nîmes est sortie de sa torpeur dominicale pour être le théâtre de l’opposition entre deux France que rien ne semble pouvoir réconcilier.