À Nîmes, la tension politique ne retombera pas de si tôt. À quatre mois des municipales, chaque camp essaie d’imposer sa vision et donc, ses arguments. Ce samedi se tenait le débat sur les orientations à donner au budget 2026. À la manœuvre, l’adjoint aux Finances, Frédéric Escogido. Ce dernier a remplacé Pascal Gourdel qui a choisi de soutenir le candidat Nîmes Avenir et ex-premier adjoint, Julien Plantier, aux municipales. L’édile le rappelle : « Ce rapport est un acte fort reflétant les engagements de l’équipe en place. » En l’occurrence, l’équipe, c’est celle de Jean-Paul Fournier, maire LR, qui termine son quatrième mandat. Il a officiellement adoubé Franck Proust pour lui succéder en 2026.
Investissements : Bouget et Plantier sur la même ligne
Le rapport 2026 chiffre les dépenses à 232,5 M€ en 2026. Près de moins de la moitié représente les charges de personnel, comprenant des mesures imposées par l’État, mais aussi le recrutement de 15 policiers municipaux. Côté investissement, 56,5 M€ sont prévus avec une épargne nette à 13,5 M€. La dette, elle, avoisine les 174 M€, soit une capacité de désendettement de 4,9 années. « Ce rapport n’est pas un document d’autosatisfaction, mais le résultat d’un exercice de transparence permettant de constater que la gestion de la ville est saine… D’ailleurs, depuis 2001, 1,2 milliard ont été investis sur la ville », poursuit Frédéric Escojido.
Du côté de l’opposition, le son de cloche diverge. Président du groupe d’opposition Nîmes citoyenne à gauche et, lui aussi, candidat aux municipales, Vincent Bouget l’assure : « La situation financière est tendue. » En cause : « La baisse des fonds de roulement et la dette. Elle n’est pas de 174 M€ mais 264 M€ si l’on additionne ceux des deux budgets annexes de la rénovation urbaine et des cadereaux. » Et d’attaquer : « Les contraintes nationales ne vous exonèrent pas de vos choix. » L’opposant tique d’ailleurs sur les investissements : « Vous prévoyez 27,8 M€ pour la rénovation du stade des Costières. D’où sortez-vous ce chiffre ? Pareil pour les 1,6 M€ pour le conservatoire ? Ça ressemble plus à un catalogue électoraliste ! »
La banderille de Valérie Rouverand
Les critiques sur l’investissement et le niveau d’endettement sont partagées par le candidat Nîmes Avenir : « Le stade va-t-il être rénové ? Vous inscrivez aussi 20 M€ pour la rénovation de la cuisine centrale sans aucune explication ! (…) Le niveau d’endettement ne tient pas compte de la mobilisation d’emprunt à la fin de l’année. » Toutefois, Julien Plantier rappelle sa participation à la majorité de Jean-Paul Fournier pendant 17 ans, tout comme son éviction pour avoir « osé porter un projet pour Nîmes ». Du côté de la présidente du groupe des Progressistes, également candidate, Valérie Rouverand partage elle aussi certains constats avant de tacler l’exercice du pouvoir du maire sortant : « Vous avez toujours pratiqué la concentration des pouvoirs avec des décisions aux mains d’un petit nombre, dont certains n’ont jamais été élus par les Nîmois ! »
Franck Proust : « La peur va changer de camp »
En réponse, le premier adjoint, Franck Proust, rétorque : « La moitié de nos investissements sont financés par notre épargne brute. Et la capacité de désendettement est bien en dessous du seuil d’alerte. Les faits, rien que les faits ! » Sur fond de campagne électorale, l’édile renvoie la balle à la gauche : « Le département du Gard, c’est une capacité de désendettement de 13 ans ! Vous êtes surtout embarrassés… La peur va changer de camp ! » Enfin, Frédéric Escojido rappellera : « Le vrai budget 2026, on le sait très bien, c’est le nouvel exécutif qui le fera en procédant, après l’élection, aux ajustements budgétaires. »
Et aussi :
Couacs techniques ! Suite au débat sur les orientations budgétaires 2026, la pagaille a envahi le conseil, entre choix de voter sur le rapport ou simplement prendre acte des débats. Franck Proust tranche : « On fait comme à l’Agglo. On prend acte que les débats se soient tenus. » Plus tard, ce sont carrément les délibérations affichées sur les écrans qui ne correspondent plus à celles rapportées par les élus. « Rappelez Christophe Madalle, ça ira mieux ! », lance Sophie Roulle, ex-adjoint à la Culture, du nom de l’ancien directeur général des services récemment évincé de la mairie. Un conseil municipal où même la technique semble vouloir prendre sa retraite anticipée…
Passe d’armes entre Daniel-Jean Valade et la gauche. Sur la question des investissements, l’opposant Vincent Bouget a vivement critiqué la majorité. Le projet de conservatoire ? « Dépassé, car trop petit, il limite aussi le développement de l’université. » La rénovation du théâtre ? « Pas une ligne… Encore une promesse de 2020 non tenue, comme la rénovation du Parnasse ou de la Maison de l’avocat des pauvres… » Concernant la médiathèque Marc-Bernard ? « Ça a été une gabegie financière pour un projet mal ficelé, avec un mépris pour les habitants. » De quoi faire bondir l’adjoint à la Culture, Daniel-Jean Valade : « Si on y a mis de l’argent, c’est parce que les seuls coupables sont les voyous qui font des barbecues sur le toit de la médiathèque et ont voulu contrôler les agents ! Qu’aurait-il été commenté si nous ne l’eussions pas fait ! » À part Daniel-Jean Valade, qui oserait manier l'art du subjonctif plus-que-parfait ?