Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 23.07.2023 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 3005 fois

QUE SONT-ILS DEVENUS ? William Portal, le village de Marguerittes chevillé au corps

William Portal à son domicile à Marguerittes

William Portal à son domicile à Marguerittes

- (Photo : Coralie Mollaret)

Battu aux dernières élections municipales, William Portal, qui a dirigé le village pendant 31 ans, a eu du mal à s’en remettre. Toutefois l’élu continue de s’investir dans la commune, promettant aux prochaines municipales de dire ce qu’il pense de la gestion du nouveau maire, Rémi Nicolas.

S’il ça ne tenait qu’à lui, William Portal se présenterait de nouveau aux élections municipales de 2026. Mais l’âge avançant, l’octogénaire va rester sage… Enfin presque : « Je ne sais pas ce que je ferai dans trois ans, malgré mes 80 ans ! », plaisante-t-il. Avant de revenir à la raison : « J’interviendrai dans le débat public gentiment, sans animosité, pour dire ce que je pense. » Le soir du 28 juin 2020 a viré au cauchemar pour William Portal : après six mandats, le maire sortant est battu par son opposant Rémi Nicolas, « un gamin que j’ai vu courir dans la cour de l’école. » Quelques mois plus tard, la descente aux enfers continue : ce même Rémi Nicolas lui rafle son fauteuil au conseil départemental.

« J’ai été démoli »

C’est la fin de l’ère Portal, démarrée en 1989 avec son élection à la mairie. « Le projet d’une bande de copains qui voulaient s’investir dans le village, avec une liste baptisée Marguerittes Civisme », se remémore l’instituteur retraité. La politique et le rugby lui ont permis, dit-il, de sortir de son « introversion ». Alors pas étonnant que sa défaite l’ait «démoli ». Après 31 ans de règne, n’était-ce pas le mandat de trop ? « M’arrêter, ce n’était pas possible », confie l’édile, dopé à la politique locale. Pour expliquer son échec, il ne peut s’empêcher d’évoquer la division entre ses anciens adjoints, Denis Bruyère et Stéphane Guillemin, principale cause, selon lui, de son échec. Sans compter que « tous les 3 500 Marguerittois ne sont pas déplacés à cause du Covid ».

Le sort de William Portal a toutefois été scellé. Les Marguerittois n’ont toutefois pas fini d’entendre parler de leur ancien maire. Le retraité continue de s’investir dans le village : « Je vais à la chasse, je suis au club de pétanque et j’écris un peu. » Un carnet à la main, il y glisse soigneusement les coupures de presse. William Portal assiste parfois aux conseils municipaux, « dans le public ». Un exercice « très dur, on doit se taire ». En séance publique, ce simple citoyen s’est mordu la langue lorsque les élus ont évoqué le projet de ferme photovoltaïque : « Un projet en pleine garrigue… On va devoir couper des arbres. Et quid des risques incendies et de la disparition des capitelles et mazets ? »

« Ne pas voir détruire ce que j’ai mis 30 ans à construire »

Le maire « honoraire », comme l’a distingué la préfecture, entend veiller sur son héritage : « Ce qu’on leur a laissé est considérable. D’où mon importante vigilance de ne pas voir détruire ce que j’ai mis 30 ans à construire. » Rémi Nicolas étant élu « seulement depuis trois ans », William Portal dit vouloir se garder de « tout jugement ». Même s’il s’autorise : « il (Rémi Nicolas, NDLR) enfonce pour l’instant des portes ouvertes. » Très fier du maillage social de son territoire, « qui a ouvert la voie à d’autres villages », William Portal se félicite aussi de la zone d’activité du Tech mise en place avec l’aide de Nîmes métropole. Ses mandats à l’intercommunalité sont l’une de ses plus belles réussites.

« J’ai travaillé dix ans sur les lois Chevènement et Voynet. Si on mutualise des projets, on fait des économies d’échelle », souligne William Portal. Et de citer le projet de station d’épuration : « Nous avons créé une structure équivalent à 15 000 habitants alors qu’à l’époque, nous étions 6 000 ou 7 000. » Le projet d’intercommunalité n’a pu être créé sans l’accord du maire de Nîmes : « Il a tout de suite compris l’intérêt de l’intercommunalité », salue l’édile qui a parfois connu quelques conflits avec la Droite nîmoise, notamment aux élections départementales 2015 lorsque Les Républicains ont voulu imposer un suppléant à l’édile sans étiquette.

L’indomptable Portal

L’indomptable William Portal a toutefois triomphé, affirmant un peu plus son caractère. Seul regret ? La défaite, peut-être de Jean Denat, en 2015. L’ancien président du département lui ayant promis une vice-présidence aux Transports : « Il fallait créer un syndicat mixte des transports du Gard. Aujourd’hui, les cars de la région traversent porte fermée les communes de Nîmes métropole. Les gens ne comprennent pas. » La politique locale chevillée au corps, William Portal jure ne jamais avoir été tenté par un mandat national, de député ou de sénateur : « J’avais atteint mon niveau de compétence… Je ne voulais pas entrer dans mon niveau d’incompétence. »

Il vous reste 80% de l'article à lire.

Pour continuer à découvrir l'actualité d'Objectif Gard, abonnez-vous !

Votre abonnement papier et numérique
à partir de 69€ pour 1 an :

  • Votre magazine en version papier et numérique chaque quinzaine dans votre boite aux lettres et en ligne
  • Un accès illimité aux articles exclusifs sur objectifgard.com
Coralie Mollaret

Politique

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio