FAIT DU JOUR Mathieu Makosso, un "infatigable" au service des femmes
Gynécologue-obstétricien de métier, Mathieu Makosso est aussi chef du pôle femme, mère, enfant du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze depuis 2006. Chaque jour, il veille à ce que son service et ses équipes soient à la hauteur et a encore plein de projets pour améliorer la prise en charge des patientes.
"Je suis un infatigable", lance avec un sourire le Dr Mathieu Makosso en traversant le couloir de la maternité de Bagnols-sur-Cèze. Depuis 2006, il est chef du pôle femme, mère, enfant, installé dans le bâtiment n°2 du centre hospitalier. Il comprend les services de pédiatrie-néonatologie, de gynécologie-obstétrique (notamment la maternité) et le CAMSP (centre d'action médico-sociale précoce). Une petite fourmilière où l'on s'occupe des mamans venant accoucher, des enfants en situation de handicap, mais aussi tout un champ de maladies touchant la sphère génitale de la femme en dehors de la grossesse.
Même avec son statut de chef et 30 ans de gynécologie-obstétrique derrière lui, Mathieu Makosso n'a jamais rogné sur ses gardes. Il en fait au moins 70 par an, comme les autres professionnels de santé. "Il faut une forme de solidarité, un enthousiasme pour maintenir le niveau dans l'équipe", assure-t-il. Il est 17h30, il marche dans le service et vérifie que les portes, les fenêtres sont bien fermées. Toujours scrupuleux, il ne laisse rien au hasard. Il s'est d'ailleurs formé à la gestion des risques en 2022 : "On fait tout pour que les personnes qui sont là sortent en bonne santé. Alors on suit tout leur parcours et on vérifie qu'il n'y ait pas de défaillance possible. On prévient tout risque d'accident", explique-t-il. Quatre fois par an, son équipe suit des exercices de simulation d'accouchements et ils débriefent à chaque fois de ce qui peut être amélioré. "Tous sont particulièrement aguerris à l'hémorragie post-partum grâce à une rapidité et dextérité de prise en charge. Ils y sont préparés grâce aux entraînements et à leurs savoirs", insiste le chef de service.
Vers "une amélioration continue et sans fin"
D'ailleurs, des gynécologues-obstétriciens du monde entier viennent se former spécialement au centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze. L'hémorragie post-partum, c'est la première cause de mortalité maternelle dans le monde (mais pas en France). Actuellement, deux professionnels de Cotonou (Bénin) et de Bangui (République Centrafricaine) sont dans le service pour acquérir en compétences.
Si Mathieu Makosso a toujours eu à cœur de transmettre, lui-même n'a jamais cessé d'apprendre. Bien que professeur à l'école de sages-femmes de l'université de Montpellier depuis 2004, il fréquente encore aujourd'hui les bancs de l'université pour se former, se spécialiser. Il a passé des stages en chirurgie, en obstétrique à Lyon, Besançon, Vichy etc. et détient même un Master en gestion hospitalière et management du personnel médical. "J'étais un élève persévérant et tenace. Pas du genre à retrouver les copains mais plutôt à passer son temps à travailler. Ça n'a pas changé depuis", avoue-t-il en riant. À ses yeux, il est essentiel de se remettre toujours en question, de ne pas se reposer sur ses acquis et tendre vers "une amélioration continue et sans fin".
Des filières complètes et des technologies
Car entre ses mains, il a bien conscience de tenir des vies humaines : "On ne nous demande pas de tout savoir mais de bien faire ce que l'on sait faire en l'état actuel des connaissances", résume-t-il. Mais Mathieu Makosso n'est pas du genre à se contenter du b.a.-ba. Il veut proposer des soins de qualité dans son service bagnolais, parfois délaissé au profit des grandes villes alentours. Lui-même est colposcope et peut ainsi dépister des lésions précancéreuses ou cancéreuses du col de l'utérus : "Depuis que je suis à l'hôpital, on propose une filière où l'on prend en charge de A à Z la chirurgie du col de l'utérus. Du dépistage jusqu'au traitement, en respectant les règles édictées par la Société française de colposcopie."
Depuis 2021, le service de gynécologie s'est aussi doté de la technique de pointe V-Notes, rare dans les petits hôpitaux, pour pratiquer les hystérectomies. C'est-à-dire l'ablation chirurgicale de l'utérus dont peuvent bénéficier des femmes touchées par des fibromes, l'adénomyose ou qui saignent beaucoup et qui ne le supportent plus. Une telle opération laissait forcément des petites cicatrices dues à la cœlioscopie. Mais pas avec la technique V-Notes : "À la fin, les patientes se réveillent et me demandent si je les ai vraiment opérées. Elles ne ressentent que quelques tiraillements", assure le gynécologue-obstétricien. Une cinquantaine de femmes en ont déjà bénéficié.
Être médecin, Mathieu Makosso ne l'avait pas envisagé au départ
Offrir les meilleurs soins possibles aux femmes, c'est le leitmotiv du chef de service bagnolais. Il a pour projet de développer à l'échelle de l'Agglomération un dépistage du vieillissement du corps afin que les patientes profitent de conseils appropriés pour avoir une vie épanouie après 50 ans. Pourtant, quand il a commencé sa carrière, Mathieu Makosso ne s'imaginait pas du tout médecin pour les femmes. Il n'avait même pas songé à choisir médecine au départ, mais a fini par s'inscrire poussé par son beau-frère. Au bout de ses 6 ans et demi de médecine générale à Brazzaville, en République du Congo, son pays d'origine, il envisageait de devenir cardiologue, gastro-entérologue ou en médecine interne mais pas du tout gynécologue-obstétricien.
C'est un stage qui a déclenché chez lui le déclic. Ce jour-là, une de ses proches est sur le billard, entre les mains du médecin qui détecte des fibromes et veut retirer l'utérus. Mathieu Makosso, encore jeune carabin, le supplie de ne pas le faire : "Il a réfléchi, il a pris son bistouri et là, je découvre qu'on peut juste enlever des fibromes. Ça m'avait impacté car cette femme que je connais a failli perdre son utérus alors qu'elle a eu des enfants après l'opération."
Il soutiendra sa thèse devant le professeur Jean-Luc Viala et Yves Darbois qui était chef du service gynécologie-obstétrique de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris, puis poursuivra ses études à l'université de Montpellier jusqu'à obtenir son diplôme en gynécologie-obstétrique en 1992. Il intégrera le centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze dans le même temps, et encore aujourd'hui remercie ses deux prédecesseurs au poste de chef de service que sont Hervé Arène et Hugues Coulondre.
La maternité de Bagnols-sur-Cèze en chiffre
La natalité en France est en recul de 6,6% en France en 2023 par rapport à l'année précédente. La maternité bagnolaise n'échappe malheureusement pas à la tendance. En 2023, moins de 700 naissances ont été comptabilisées dans la capitale du Gard rhodanien, contre 775 en 2022. "Ça ne nous inquiète pas, ce qui compte, c'est la qualité de notre travail et de la prise en charge. Bagnols-sur-Cèze est dans un contexte de concurrence important, avec de grandes villes à proximité. On a encore besoin de se faire connaître", estime Mathieu Makosso. Car les chiffres de la plus petite maternité du Gard sont très bons. Elle enregistre seulement 12,6% de césariennes en 2022 contre environ 20% en moyenne en France. Pareil, le nombre d'épisiotomies est faible : seulement 3,5% contre 8,3% en France en 2021. Lors de l'entretien post-partum, le chef de service demande toujours comment les mamans ont vécu leur accouchement et leur séjour à la maternité pour toujours plus améliorer la prise en charge. La maternité a aussi été une des premières à disposer d'une salle nature en 2007, un espace beaucoup moins médicalisé et permettant d'accoucher debout, assis, sans péridurale... C'est la maman qui choisit. Le projet de deuxième salle nature est pour l'instant en stand-by car d'abord, d'importants travaux vont se lancer pour rénover les urgences. La maternité bagnolaise est de niveau 2A, ce qui permet d'accoucher des femmes à 34 SA.
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