GARD Mobilisation du social et du médico-social, acte II
À Bagnols-sur-Cèze, dès 11h, une quarantaine de grévistes ont investi le rond-point de l'Europe et distribué des tracts aux automobilistes. C'est la 2e journée d'action menée suite au 7 décembre 2021. Les revendications sont toujours les mêmes : "On n'a rien obtenu depuis cette date. Ils sont en train d'essayer de faire une convention collective commune. On tire la sonnette d'alarme car la convention risque d'être au rabais, en prenant sur nos droits, sur nos acquis, sur nos congés", atteste Stéphane Vervacke, éducateur spécialisé à l'IME La Barandonne à Pont-Saint-Esprit et membre du collectif Travail social du Gard.
À cette crainte, s'ajoutent des salaires bas et peu valorisés, des conditions difficiles "avec des burn-out, des mises à pied dus au pass vaccinal obligatoire", poursuit-il. Avant d'ajouter : "Au final, les conditions d'accueil des enfants et des adultes handicapés sont de moins bonne qualité." Il dénonce aussi la "marchandisation du social et du médico-social".
Magali, éducatrice spécialisée depuis 17 ans, déplore aussi "un manque de reconnaissance" dans son travail mais aussi sur sa fiche de paie. "Quand il faut vacciner, on nous considère tous comme des soignants mais maintenant, on repasse au statut d'accompagnants. On n'est jamais dans la bonne case." Lucie a travaillé longtemps en maison de retraite où elle déplorait la "maltraitance institutionnalisée" et le "manque de moyens créant des tensions". Maintenant qu'elle évolue en tant que maîtresse de main à l'IME La Barandonne, elle déplore le manque d'éducateurs spécialisés. La faute à l'attractivité décroissante du métier, qui oblige les structures à recruter parfois des profils peu qualifiés...
À Alès quelques travailleurs du social et médico-social se sont également mobilisés en fin de matinée sur le rond-point de la route de Bagnols pour distribuer des tracts aux automobilistes. Avant de rejoindre la manifestation nîmoise, plusieurs salariés alésiens du secteur social et médico-social se sont rassemblés au rond-point de la route de Bagnols. Tracts en main, ils ont ralenti le trafic pour sensibiliser les automobilistes à leur situation. « Si nous sommes là, c’est parce que les personnes handicapées doivent avoir le meilleur accompagnement possible et que pour cela, on doit nous donner les moyens humains, matériels et financiers de fonctionner », explique Michaël Diaz, éducateur sportif à l’Institut médico-éducatif de Rochebelle.
Il dénonce « la perte de sens » des métiers de ce secteur « qui répondent désormais à des logiques de marchandisation », « des salaires en berne avec aucune augmentation depuis vingt ans », ou encore « la remise en cause des conventions collectives ». Les revendications portent notamment sur l’augmentation des salaires, la « CDIsation » et titularisation des contrats précaires, mais aussi l’amélioration des conditions de travail, des statuts et des conventions collectives.
À Nîmes, ils étaient environ 600 à s’être donné rendez-vous rue du Mail, devant les locaux de la délégation départementale de l’ARS (Agence régionale de santé). Tous revendiquaient de meilleures conditions de travail et des revalorisations salariales. « Stop à la marchandisation de la santé. On veut plus de lits disponibles et plus de personnel qualifié. Depuis 20 ans, nous avons perdu 400€ de pouvoir d’achat. Les stratégies managériales sont oppressantes et malveillantes », expliquait Franck Walter, qui représentait le syndicat Sud.
« La semaine dernière, nous avons interpellé les élus du Gard, pour connaître leur position sur nos problèmes », souligne Lionel Hebrard de la CGT. En attendant des réponses, les manifestants comptent bien poursuivre leur combat. Ils vont même se cotiser pour organiser la participation à une manifestation, mais cette fois à Paris.
Marie Meunier (à Bagnols-sur-Cèze), Élodie Boschet (à Alès) et Norman Jardin (à Nîmes)
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