ALÈS Au lycée JBD, la retraite est "aussi l'affaire des jeunes"
Ce jeudi matin, à l'aube d'une manifestation intersyndicale et interprofessionnelle contre la réforme des retraites, une cinquantaine d'élèves du lycée Jean-Baptiste Dumas a bloqué l'entrée de l'établissement pour protester contre cette même réforme.
Ils ne sont pas nombreux (environ 50) mais ont bravé le froid polaire pour, dès l'aube, bloquer l'entrée principale de leur lycée à grand renfort de poubelles. Les élèves de JBD, qui ont déjà manifesté en octobre dernier (relire ici), ont remis ça ce jeudi matin à quelques heures d'une mobilisation intersyndicale et interprofessionnelle contre la réforme des retraites.
Le report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans et l'augmentation de la durée de cotisation inquiètent aussi la jeunesse alésienne, à l'image de Gabriel, co-organisateur du blocus : "On n'a pas envie de travailler deux ans de plus. S'il y a moins de personnes âgées qui partent à la retraite, on aura moins d'offres d'emploi quand on rentrera dans la vie active. Déjà qu'on est les plus touchés par le chômage..."
Un avis partagé par Jeanne, en classe de seconde à JBD et co-organisatrice du mouvement : "La génération de mes parents devait bientôt partir en retraite et elle va devoir travailler plus longtemps. Je vais rentrer dans la vie active dans trois ans et, si on demande aux gens de travailler plus longtemps, il y aura inévitablement moins de travail pour nous. Donc contrairement à ce qu'on entend, la réforme des retraites, c'est aussi le problème de la jeunesse !"
Mégaphone en main, Gabriel, qui s'est mué en porte-parole de la "Jeunesse militante alésienne", a tenté de réchauffer la bande en lançant plusieurs chants revendicatifs : "Grève, blocage, Macron dégage !" Ou encore : "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société là, on n'en veut pas !" Certains élèves ont profité du barrage filtrant pour pénétrer dans l'enceinte du lycée, d'autres, et ils sont nombreux, ont carrément fait le choix de rester au chaud à la maison.
Car la veille, de nombreux professeurs auraient averti les élèves de leur absence ce jeudi. Pour autant, impossible pour l'heure de déterminer le pourcentage d'enseignants grévistes. Même Catherine Berthemin, proviseure du lycée, n'en savait "rien". "On fera le point à la mi-journée. Contrairement à ceux du premier degré, ils n'étaient pas tenus de nous en informer à l'avance. Les élèves ont sûrement plus d'informations que nous", a-t-elle confié, emmitouflée dans un gros manteau pour se tenir près de l'entrée de l'établissement aux côtés des "bloqueurs".
"J'essaie simplement d'assurer la sécurité des élèves présents. Il faut bien que la jeunesse se construise. Ils ont besoin de ce mode d'expression. C'est une façon pour eux de devenir des citoyens", a commenté la proviseure, invitée par nos soins à donner son avis sur la mobilisation. Un moyen pour elle de "respecter" le mouvement, tout en relevant la présence majoritaire des jeunes filles dans le cortège, ces dernières étant "pleines de convictions".
Sur fond de musique hard-rock crachée par une enceinte, dans un froid glacial, Gabriel a aussi exprimé une autre doléance : "Ce qu'on a entendu de la part de Brigitte Macron sur le port de l'uniforme et l'interdiction des téléphones au lycée, ça nous inquiète. À l'heure où on réclame plus de liberté, on va encore nous restreindre et nous infantiliser !" Le jeune militant prévoyait d'envoyer une délégation rejoindre la manifestation prévue à 10 heures devant la sous-préfecture d'Alès.
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