Publié il y a 1 an - Mise à jour le 01.02.2023 - Corentin Migoule - 4 min  - vu 5007 fois

FOOTBALL Qui veut la tête de l'OAC ?

Diaby

Souleymane Diaby, recrue estivale de l'OAC, est dans la tourmente. (Photo OAC)

Sportivement, l'OAC s'est complètement relancé dans la course au maintien en gagnant contre Louhans-Cuiseaux, Sète et Aubagne. Mais voilà que ces clubs battus ont saisi la commission fédérale des règlements et contentieux de la Fédération française de football (FFF) pour contester la validité de la licence d'un joueur oacien : Souleymane Diaby. La sanction encourue est très inquiétante...

Souleymane Diaby a-t-il un sosie ou un frère jumeau ? Le jeune attaquant de l'OAC, arrivé en Cévennes l'été dernier en provenance de Chusclan-Laudun, est au cœur d'une sombre affaire qui pourrait mettre en péril le club cévenol. La saison 2022/2023 est déjà mouvementée pour les Alésiens qui, après un changement de coach en novembre et une pénalité de 5 points infligée par le gendarme financier du football en décembre, avaient amorcé une innatendue "remontada" à la faveur d'une série de 5 matchs sans défaite (3 victoires, 2 nuls).

Ce mardi 31 janvier, le retour en grâce de l'OAC a malheureusement pris du plomb dans l'aile avec les révélations de FootAmateur. Le média spécialisé annonce que le club alésien pourrait perdre le bénéfice de ses trois récentes victoires (Louhans-Cuiseaux, Sète et Aubagne) après que ces trois adversaires battus ont saisi la commission fédérale des règlements et contentieux de la 3F, remettant en cause la situation du joueur Souleymane Diaby, présent sur les trois feuilles de match bien qu'étant remplaçant au coup d'envoi.

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Souleymane Diaby, recrue estivale de l'OAC, est dans la tourmente. (Photo OAC)

Selon FootAmateur, l'ailier alésien serait "susceptible d'avoir joué sous une autre identité (Souhalia Mangama) avec le club de l'Amicale de Lucé" basé dans l'Eure-et-Loir. C'est le club buccorhodanien du FC Aubagne, battu à deux reprises par l'OAC cette saison et concurrent dans la course au maintien, qui a lancé l'alerte. De graves accusations, susceptibles d'engendrer une pénalité de 9 points, laquelle condamnerait quasiment le club oacien à la rétrogradation en National 3 puisque celui-ci se retrouverait dernier du classement avec 12 points de retard sur le premier non-relégable. Un gouffre !

La parution de l'article sur le site FootAmateur a tôt fait de glacer le sang des fans cévenols, lesquels ont peut-être été rassurés (ce n'est pas sûr) par un communiqué officiel de l'OAC publié dans la foulée. "L’Olympique d’Alès apprend que l'un de ses joueurs aurait eu deux identités successives avec alors, pour chacune d’elle, une licence délivrée par la Fédération Française de Football. Pour sa part, le joueur en question, soit Souleymane Diaby, a été enregistré le 13 juillet 2022 en tant que joueur muté, en provenance du club voisin de Chusclan, par la Ligue de football d’Occitanie, et sous son identité actuelle, avec d’ailleurs à la clé un passeport la validant", écrit en premier lieu la direction alésienne.

À qui profite le crime ?

"Le club a respecté en tous points le formalisme de la procédure, de bonne foi, sans omettre, sans dissimuler quelconques éléments, sans déroger aux règles en vigueur et n’a, dans ces conditions, rien de plus à rajouter", conclut le communiqué. Évidemment meurtri par cette nouvelle affaire extra-sportive, Philippe Mallaroni a tout de même pris soin d'apporter un complément d'information ce mercredi matin : "On ne va pas mener des enquêtes au-delà de la procédure pour chacun des joueurs que l'on recrute. À partir du moment où sa licence a été validée par la FFF, je ne vois pas ce qu'on peut faire de plus. Je suis droit dans mes bottes. Je n'ai absoluement rien à me reprocher."

D'autant que le manager général de l'OAC le fait fort justement remarquer : "Je ne vois même pas quel pourrait être le bénéfice de cette pseudo fraude. Je me demande à qui profite le crime." Car le joueur en question, qu'il s'appelle Souleymane Diaby ou Souhalia Mangama, jouit d'un statut de remplaçant et n'a pas été une seule fois décisif en championnat depuis son arrivée. 

Une question se pose donc : qui veut la tête de l'OAC ? "Il y a une balance visiblement informée qui a transmis des documents à plusieurs clubs sauf au nôtre, ça veut bien dire qu'il y a une intention derrière", analyse Philippe Mallaroni. Et d'ajouter : "C'est la poule C, tous les coups sont permis ! Mais bizarrement, ceux qui nous ont battus ne portent pas réclamation (rires)."

18 ans ou 24 ans ?

Le manager général oacien se raccroche tout de même à une issue favorable : "Au fond, quelle est la bonne identité ? Souleymane Diaby, c'est peut-être sa bonne identité. Ça voudrait dire que ce sont les autres qui ont été grugés." Quelques recherches sur Internet permettent de découvrir des photos sur lesquelles on reconnaît formellement le joueur qui porte les couleurs de l'OAC depuis cet été. On aperçoit le jeune homme vêtu du maillot du FC Akanda, club basé à Libreville qui n'est autre que la capitale du Gabon.

Au Gabon, c'est bel et bien sous le nom de Souhalia Mangama que "Souley" est identifié dans plusieurs articles de presse. Le joueur est évoqué en des termes élogieux faisant de lui "un dribbleur à fort potentiel" qui s'apprête à "passer pro". En 2021, sur le site Footeo, il dispose alors d'un profil mentionnant sa date de naissance : 23 juin 1998. Mangama/Diaby aurait donc 24 ans aujourd'hui. Or à sa signature à Alès en juillet dernier, le joueur a été enregistré en tant que natif de Bin-Houye en Côte d'Ivoire le 1er juin 2004. 

Une tentative de "déstabilisation" 

À ne plus rien y comprendre ! C'est justement la prétendue jeunesse et la précocité de l'ailier  qui avaient tapé dans l'œil des recruteurs alésiens lorsque ces derniers l'avaient vu jouer face au Nîmes Olympique en Coupe de France. Un match qui avait bien failli capoter en raison de l'absence de signature d'un tuteur légal sur la licence de Souleymane Diaby, lequel s'était présenté au club de Chusclan quelques mois plus tôt en qualité de "mineur isolé sans papier" (relire ici). 

À l'OAC, Philippe Mallaroni le sait. La sanction à l'encontre de son club deviendra officielle si la 3F et les autorités saisies parviennent à prouver qu'une fraude a été opérée de manière "intentionnelle". "Ce qui peut se comprendre car ce serait très grave", commente Philippe Mallaroni, reconnaissant que la situation "dépasse l'entendement". Mais au-delà des 9 points potentiellement perdus, le manager général y voit "une tentative de déstabilisation" qui pourrait semer le doute dans l'esprit des joueurs alésiens pourtant sur la voie du maintien après une métamorphose sportive. 

Le club oacien dit malgré tout être focus sur "la prochaine échéance", à savoir la réception de Jura Sud, une grosse écurie de la poule, ce samedi (19h) à Pibarot. En toute logique, Souleymane Diaby a été écarté du groupe - duquel il était très apprécié - jusqu'à nouvel ordre et ne participe plus aux séances d'entraînement. 

Corentin Migoule

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