Publié il y a 1 an - Mise à jour le 29.10.2023 - Norman Jardin - 3 min  - vu 1723 fois

FAIT DU JOUR Paul Barthès, l’autre Crocodile de Vauvert

Paul Barthès était un solide défenseur qui a fait les belles heures de Nîmes Olympique et Vauvert

- Collection privée Kiki et Jean-Marie Barthès

Quand on parle du FC Vauvert et de Nîmes Olympique, il revient immuablement le nom de René Girard. Pourtant, bien avant le célèbre milieu de terrain, un autre homme a marqué l’histoire des deux clubs. Il s’appelle Paul Barthès et il a été un des grands Crocodiles des années 1950, puis un serviteur du football gardois. Ce passionné de football, de pêche, de chasse et jeu provençal est décédé en 1986. La rencontre de Coupe de France de ce dimanche est une belle occasion de se replonger dans la vie de ce joueur, dont le nom est un peu oublié.

Paul Barthès et son fils Jean-Marie • Collection privée Kiki et Jean-Marie Barthès

Paul Barthès, voilà un nom qui s’est peu à peu estompé dans les souvenirs des plus anciens supporters de Nîmes Olympique. Quant aux plus jeunes, ils ignorent même son existence. Et puis, le 16 octobre dernier, le hasard du tirage au sort du sixième tour de la Coupe de France a offert un derby FC Vauvert – Nîmes Olympique. Les fans de football gardois ont instantanément pensé au plus célèbre vauverdois du football, René Girard. Bien sûr, l’ancien milieu de terrain des Crocodiles a grandi à Vauvert et il y habite, mais avant lui un autre a écrit des chapitres de l’histoire des deux clubs.

Paul Barthés (debout, troisième en partant de la gauche) avec l’équipe de Vauvert • Collection privée Kiki et Jean-Marie Barthés

Recruté par Nîmes Olympique en 1947

Paul Barthès est le premier grand joueur a avoir porté le maillot de Vauvert et de Nîmes Olympique. Le défenseur a aussi défendu les couleurs de l’Olympique d’Alès. Bien que né à Roquebrum (Hérault), il arrive à Vauvert alors qu’il est enfant et s’y installe pour toujours. Après avoir brillé avec le club local, il est repéré par René Dedieu, l’entraîneur nîmois de l’époque. Paul intègre alors le NO en 1947, où il va vivre les premiers grands moments de ce club.

La première licence nîmoise de Paul Barthès • Collection privée Kiki et Jean-Marie Barthès

« À Jean-Bouin, en mettant le ballon au centre du terrain, il arrivait à l’envoyer derrière le tableau d’affichage »

« Il ne mesurait que 1,73 m et il a commencé ailier droit. Mais il avait une bonne frappe des deux pieds et un bon jeu de tête. Il ne lâchait rien. Il était hargneux et volontaire. À Jean-Bouin, en mettant le ballon au centre du terrain, il arrivait à l’envoyer derrière le tableau d’affichage ! Il n’y avait que lui et Dakowski qui y parvenaient », se souvient son fils Jean-Marie. Pendant six ans, il est un Crocodile vaillant. Il participe à la saison 1949-50, l’une des plus belles de l’histoire du club.

Paul Barthès (debout, troisième en partant de la gauche) avec la première grande équipe nîmoise lors de la saison 1949-50 • Collection privée Norman Jardin

La première grande équipe nîmoise

Entraîné par Pierre Pibarot, Nîmes Olympique décroche sa première montée en D1 (avec un titre de champion de France de D2) et sa première demi-finale de la Coupe de France (perdue à Lyon contre le Racing Paris 3-0). Avec son équipe, Paul place Nîmes Olympique sur la carte du football hexagonal. Dans cette formidable formation nîmoise, il fait partie des quelques méridionaux avec Rouvière et Moureau. En 1951, avec son épouse Mimi, il devient le patron du bar du Caveau, à Vauvert.

Paul Barthès et les Crocodiles s’apprêtent à s’envoler vers les sommets du football français • Collection privée Kiki et Jean-Marie Barthès

Vauvert, Nîmes mais aussi Alès

Le couple gérera l’établissement pendant 24 ans. Quand Paul quitte le NO, la Berrichonne de Châteauroux, qui lui offrait un bar, est très intéressée pour récupérer le Crocodile. Mais il décide de rejoindre l’Olympique d’Alès en 1953. Il aime trop de la Gard pour s’expatrier. En parallèle, Paul est un bon vivant et il pratique la chasse, la pêche et le jeu provençal où il excelle puisqu’il terminera troisième du championnat de France en 1979.

Paul Barthès (Premier rang, le premier en partant de la droite) avec ses coéquipiers de l’Olympique d’Alès • Collection privée Kiki et Jean-Marie Barthès

Il termine sa carrière de joueur à 50 ans, à Vauvert

C’est évidement à Vauvert où il décide de terminer son parcours de footballeur. « Il y a joué jusqu’à 45 ans en équipe première, puis cinq ans de plus avec la réserve. Il s’est arrêté à 50 ans », rappelle Jean-Marie. On le voit aussi parfois avec les anciens de Nîmes Olympique. Une fois la page du football tournée, les amitiés avec les Crocodiles restent. Pour autant, Paul ne s’étend pas sur ses exploits sportifs.

Kiki et Jean-Marie se souvienne avec amour de Paul Barthès • Photo : Norman Jardin

« C'était un sacré gaillard, du solide au caractère bien trempé, il ne fallait pas s’y frotter »

Nombreux sont les Vauverdois qui ont été marqués par ce personnage et parmi eux on retrouve un certain René Girard : « Il m’appelait toujours "camarade". Au niveau football, c’était un papa. Avec sa femme, ils avaient le bar du Caveau et ma mère avait travaillé pour eux. J’allais souvent le saluer et je l’ai beaucoup apprécié. Quand je jouais à Bordeaux, j’étais allé le voir à Talence alors qu’il disputait un championnat de France de pétanque, c’était un bon bouliste. C'était un sacré gaillard, du solide au caractère bien trempé, il ne fallait pas s’y frotter. » Parole de connaisseur...

À Vauvert, un terrain porte le nom de Paul Barthès • Photo : Norman Jardin

« Ça me fait de la peine qu’il soit un peu oublié »

L’ancien défenseur du NO s’éteint en 1986 à l’âge de 63 ans. Un hommage lui est rendu en 1994 quand la ville de Vauvert donne son nom à un terrain jouxtant la stade Radelyevitch. « Ça me fait de la peine qu’il soit un peu oublié », regrette Kiki, sa belle-fille. C’est triste en effet, mais cet après-midi lors du match des Crocodiles, il y aura un peu de Paul Barthès dans les mémoires. C'est ainsi que le destin a décidé d'honorer ce serviteur du sport gardois, l’année de son centenaire.

Norman Jardin

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