NÎMES/ALÈS Accord National Interprofessionnel : Forte mobilisation des opposants
Nouveau jour de colère pour les militants opposés à l'ANI. Ce mardi 9 avril, ils étaient plusieurs centaines à parcourir les rues alésiennes le matin et nîmoises l'après-midi.
Les nuages venaient tout juste d'assombrir le ciel de l'avenue Jean-Jaurès et quelques gouttes commençaient à tomber… Quand soudain, des haut-parleurs géants, suspendus à un camion blanc estampillé CGT/FO, ont laissé s'envoler la voix de Simon Gévaudan, secrétaire CGT du Gard : "Aujourd'hui nous sommes rassemblés dans 155 villes, pour dire "non" à la transposition en loi, de l'accord national interprofessionnel".
Depuis ce matin, les parlementaires de l'Assemblée nationale buchent sur le texte "qui devrait être légèrement, trop légèrement, amendé", signale le responsable CGT. "Nous avons donc décidé de commencer à manifester devant la permanence de la députée Françoise Dumas pour lui rappeler que nous sommes toujours là… Après une rencontre, le 25 mars, Françoise et William Dumas ont apporté quelques modifications à l'accord concernant essentiellement les délais. Ce n'est pas suffisant, nous espérons plus".
Ce que dit l’accord
Signé début janvier par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ( soit 38% des syndicats), le texte prévoit, côté patrons, des mesures de maintien de l’emploi qui leur permettront, via un accord majoritaire, de moduler le temps de travail et les salaires, en période de difficultés économiques. Ces mesures pourront être prises pour une durée maximale de deux ans. En cas de refus le contrat de travail pourra être rompu pour motif économique, la cause réelle et sérieuse étant attestée par l’accord précité. En outre, une plus grande mobilité interne s’imposera aux salariés, qui pourraient se voir licencié en cas de refus.
Les salariés, quant à eux, obtiennent la généralisation de la complémentaire santé ainsi que des droits rechargeables de l’assurance chômage. Des représentants des salariés pourront faire leur entrée dans des conseils d’administration des entreprises de plus de 5.000 employés. Quant aux CDD, principale forme d’embauche aujourd’hui, l’accord prévoit une taxation de ces contrats pour éviter les abus.
Cuillère de miel et tonneau de goudron
Parmi les 400 manifestants, selon la police, 600 selon les organisateurs, de multiples drapeaux se soulevèrent au gré des variations de ton des délégués syndicaux. "Alors que nous sommes en période de crise et que nous avons besoin que soit instauré une protection urgente pour les salariés, on assiste à la sécurisation des licenciements", vilipende Simon Gévaudan. Et à Gilles Besson de prendre la parole : "non à cet accord scélérat ! Aucune cuillère de miel n'a rendu comestible un tonneau de goudron", lance à son tour Gilles Besson, secrétaire général FO Gard.
Après leurs allocutions respectives, le secrétaire général FO 30 a milité ferme pour un appel à la grève nationale de la part des syndicats parisiens : "Il faut que la CGT et FO appellent à la grève générale". Probablement l'un des derniers moyens pour faire bouger les lignes…
À Alès, comme de bien entendu puisqu'il s'agissait d'une manifestation locale, le mouvement était moins conséquent mais tout aussi remarquable. Quelque 200 opposants se sont réunis ce mardi 9 avril, à 10h30 devant la sous-préfecture d'Alès pour crier leur colère à l'invitation des représentants des unions locales CGT, Solidaires 30 et Force ouvrière. "Nous ne comprenons toujours pas pourquoi la CFDT qui se doit de représenter et de défendre les intérêts des salariés a signé cet accord qui est un danger pour les salariés et le code du travail entre autres, aux côtés du Medef, précise intriguée Aimée Netange, secrétaire de l'union locale FO Alès avant de promettre : "Mais CGT, FO et Solidaires, nous restons unis et nous nous battrons jusqu'à ce que cet accord soit abandonné."
"Fabrice Verdier doit accepter les conditions de la classe ouvrière et pas celle du capitalisme"
Le cortège des opposants au ANI s'est ensuite dirigé vers la permanence du député Fabrice Verdier par simple tradition. "Nous avons déjà été reçus par le député Verdier qui campe sur ses positions à l'égard de cet accord (lire notre article ici). Pour l'heure, le dialogue est rompu. Nous voulons une politique de progrès social pas de l'esclavagisme. Fabrice Verdier doit accepter les conditions de la classe ouvrière et pas celle du capitalisme" s'emporte le représentant de la CGT Alès.
Coralie MOLLARET et Stéphanie MARIN
contact@objectifgard.com
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