Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 05.04.2016 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 622 fois

FAIT DU JOUR À Barjac, la chanson française est un rude combat

Le festival Chanson de paroles est remplacé par Barjac m'enchante dès cet été. Photo Anne Marie Panigada.

Vingt ans que le festival Chanson de Paroles faisait le bonheur des irréductibles de la langue de Molière à Barjac. Après un imbroglio interne, les bénévoles de l'association Chant Libre à l'origine de l'évènement repartent à zéro, sans leur directeur artistique historique.

Un festival de musique dans un village de 1 500 habitants niché au beau milieu des Cévennes, ce n'est pas rien. Surtout quand celui-ci a vingt ans d'existence et qu'il a vu se succéder sur sa scène de grands noms de la chanson française comme celui de Jean Ferrat, pour ne citer que lui. Défendre la chanson française, celle qui met en avant le texte, c'est le combat de l'association à l'origine du festival, Chant Libre, qui regroupait à l'époque une poignet de bénévoles dévoués dont l'artiste belge Jofroi. Aux balbutiements de l'aventure, il est désigné directeur artistique et prend en charge la programmation à titre bénévole, comme l'ensemble de l'équipe. "Cela fonctionnait très bien, il y avait un conseil d'administration, un président élu" se souvient Jean Michel Bovy, président de Chanson de Paroles depuis une dizaine d'année. Au fil du temps, le festival prend une autre dimension, et se professionnalise. Le conseil d'administration prend alors la décision de rémunérer Jofroi en fonction des tâches réalisées ainsi que son épouse Anne-Marie, en contrat aidé. "Petit à petit, ils ont pris un statut qui n'était pas le leur. On a laissé faire jusqu'à l'année dernière." Alors que Chanson de Paroles fête ses vingts ans en 2015, les conflits internes deviennent insoutenables et la décision est prise de ne pas renouveler leurs contrats, "pas parce qu'ils faisaient mal leur job, mais parce qu'ils s’appropriaient un festival qui appartenait aux bénévoles et habitants de Barjac."

"Ils ont un peu exagéré"

En coulisse, rien ne va plus. Un audit de l'association réclamé par la DRAC et réalisé par l'ARDEC aurait révélé "un conflit d'intérêt entre l'association Les Productions du Soleil dont Anne-Marie est présidente et l'association Chant libre où elle officiait en tant que coordinatrice". Mais Jofroi pointe du doigt l'audit et son manque d'impartialité. "Il est rempli d'erreurs et ils n'ont interrogé que deux personnes." Un rendez vous est fixé la semaine prochaine entre Jofroi, son épouse, et l'ARDEC pour apporter leur version des faitsà l'audit. Des services facturés à l'association Chant Libre par Les Productions du Soleil apparaissent aussi, ainsi que l'achat à titre personnel des noms de domaines (.fr, .org, .net) relatifs à Chansons de Paroles. Un nom que Jofroi a aussi déposé à l'INPI et que l'association ne peut, par conséquent, plus utiliser aujourd'hui. Car même s'il en était le créateur, c'était dans le cadre de ses activités avec l'association. "Nous n'avons pas été assez vigilants, ils ont un peu exagéré" ajoute Jean Michel Bovy. Une gestion opaque dont se défend Jofroi dans une lettre adressée à notre rédaction : "Pour quelques personnes, c’était trop. Je prenais trop de place. (...) Si ce nom, je l’ai déposé, c’est justement pour le faire perdurer sans qu’il perde le sens. (...). De toutes façons, pour eux, la ligne "Chansons de parole "était devenue obsolète." Au delà des accusations, ce sont surtout des bénévoles - pas la totalité - qui ne se sentaient pas considérés et mis à l'écart. "Nous vous tiendront au courant du déroulement" se souvient Jean Michel des réponses qui leur étaient adressées. À 71 ans, ce dernier avait décidé d'arrêter après ce coup dure.

Finalement, c'est sous un nouveau nom que le festival dédié à la chanson française renait en 2016, le Barjac m'enchante, avec un nouveau directeur artistique nommé en octobre dernier, Jean Claude Barens, ancien directeur du Festi'Val de Marnes. "On a décidé de résister et de continuer. La philosophie n'a pas changé, la programmation tourne autour de la francophonie, nous y tenons." Une trentaine de bénévoles ont aussi répondu présent pour six jours de concerts du 30 juillet au 4 août prochain. Et pour Chanson de Paroles, Jofroi assure vouloir perdurer le nom au travers d'une nouvelle association, mais se donne une année de réflexion. "Non, nous n’arrêterons pas Chanson de Paroles pour autant." Du côté de Jean Michel Bovy, on tient tête : "S'il nous attaque, nous irons en justice. Dans sa tête on est ennemi, pas dans la mienne. Le plus important, c'est 2016 et le nouveau festival qui se prépare merveilleusement bien." À Barjac, la chanson française est tout, sauf un long fleuve tranquille.

Baptiste Manzinali

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