SAINT-LAURENT D'AIGOUZE Succès du café citoyen
Du monde et des questions. Au café resto "Chez Momo", face à la mairie, qui accueille amicalement les débats du café citoyen, près de soixante-dix personnes ont écouté les spécialistes conviés, qui ont expliqué les mécanismes de la dépendance et de l'addiction. Dans le public, Lilian, habitante de Saint-Laurent d'Aigouze, est une habituée : "Ils organisent des débats sur des thèmes très variés, c'est toujours intéressant. Personnellement, j'avais beaucoup apprécié les cafés sur le thème de la vie dans les villages ou encore celui sur "vieillir à la campagne."
Une initiative lancée par le Dr Maisto voilà six ans, qui tient avant tout à l'échange entre intervenants et public : "Ce n'est pas une conférence. On attend des questions, un retour d'expérience." L'association veut créer un espace d'échanges pour améliorer le mieux-vivre ensemble. Le premier café citoyen a été en effet organisé suite à une agression violente et raciste dans la région.
Permettre la prise de parole de chacun, comme ce soir là, celle de cet ancien alcoolique qui se saisit du micro pour raconter son sevrage, après une prise de conscience et une remarque d'un de ses amis. "Au bout de dix ans d'excès, j'ai fini par dire à ma famille que j'étais alcoolique et j'ai pu entamer d'un coup une sortie de mon malaise et de ma maladie." Lui a pu s'arrêter tout seul, brutalement, mais ce n'est pas permis à tout le monde. Il raconte aussi le mauvais accueil reçu de la part d'un addictologue de la région : "il faut une relation de confiance."
Une fumeuse invétérée témoigne également. Pas facile non plus d'aider ses proches victimes d'addiction : " plus on est intrusif dans la vie de la personne concernée, moins on a de chance de la convaincre d'arrêter. C'est à la personne de choisir le moment du soin", relève un des médecins conviés. À noter que chacun peut inventer son addiction. L'un des médecins a raconté qu'un de ses patients ressentait toujours le besoin irrépressible, la nuit, de rouler à 160 km/h sur l'autoroute. Une mise en danger de soi et d'autrui. Reste, pour les victimes de ces multiples dépendances toxiques, d'avoir un jour, la volonté et l'envie de sortir de ce cycle vicieux. "Comment chope-t-on le déclic ? ", interrogeait une fumeuse. De nombreux procédés d'accompagnement et de soutien existent. Voilà pour le collectif. Le rebond salvateur ne peut qu'être personnel.
Le compte rendu de la soirée rédigé par le Café Citoyen : Addictions à l’alcool, au tabac ( c'est celle qui entraîne le plus de décès en France : 60.000 annuellement ), aux drogues, mais aussi plus récentes et néanmoins alarmantes, celles aux jeux et aux écrans. Les intervenants au débat, les docteurs Patrice Cukier et Yves Lebars, addictologues, Jean-Louis Mathieu, psychologue, ont expliqué le mécanisme psychique et physiologique de la dépendance : la rencontre d'un produit ou d'une activité avec un individu souvent en quête de la compensation d’un manque (amour, estime de soi, événement de la vie).
Cette rencontre provoque l’inondation du cerveau par la dopamine, neurotransmetteur dit "du plaisir", impliqué dans le circuit de la récompense. La raison de la personne perd le contrôle tant la dopamine est puissante. Plus rien ne compte autant que de reproduire ces schémas de consommations ou de comportements. La prise en charge par les soignants spécialisés dans les différents centres de lutte contre l'addiction nécessite la démarche personnelle du patient. Et elle est d'autant plus probante qu'elle implique sa famille (groupes de parole). Lors du débat , les paroles échangées entre les experts et le public ont délivré des messages de courage, d'écoute, de vigilance et d'optimisme comme celle de la personne qui a arrêté de fumer depuis 24 ans, animée par la force de retrouver sa liberté.
Le prochain café citoyen du mardi 12 décembre, de 18h30 à 20h30, sera consacré à l'envie, à la jalousie et à la rivalité. L'association prépare aussi un festival des soupes. Informations sur la page Facebook de l'association.
florence.genestier@objectifgard.com
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