NÎMES Les Errances de Richard Ortiz à la Salamandre

Richard Ortiz est un de ces êtres à part qui ne cessent de surprendre...
Son entreprise de bâtiment spécialisée dans la peinture et les revêtements particuliers, (comme le prouve son travail sur les murs du musée de la Romanité), ses voyages et sa propension au rêve l'ont conduit, appareil photo en bandoulière, à des errances qu'il ne faut pas confondre avec des égarements.
Lorsque l'artiste expose ses œuvres sous la dénomination "d'errances", c'est loin d'être un effet de style. C'est une vraie démarche, qui consiste à donner de l'harmonie. "Si l'on reste immobile, il ne se passe rien. L'errance permet les rencontres, de s'approprier des lieux, des objets et de leur donner quelque chose qui a de la grâce, de l'intérêt, du sens, de l'harmonie". Une recherche qui peut s'apparenter, dans l'esprit du photographe, à celle du matador ou encore du danseur de flamenco. Car dans l'harmonie, il y a la notion de "trouver la bonne distance".
Mise en abîme
Cette distance, cette harmonie, Richard Ortiz la trouve en façonnant le réel par une mise en abîme. C'est-dire qu'il prend une photo d'un lieu. Le détail d'un chantier par exemple, dont le désordre ou le dénuement l'émeut. Il développe cette image, l'encadre et la replace dans le décor premier pour réaliser la photo finale. Un rendu bluffant et riche d'interprétations.
Papier peint
Une autre de ces errances l'a conduit à Taboussac, au bord du fleuve Saint-Laurent, au Canada, où une falaise méprise le temps qu'elle affiche fièrement en strates sombres. Là, bravant les lois de la gravité, il a multiplié les clichés de matière minérale. Une fois rentré au bercail, les tirages ont été dûment sélectionnés puis combinés jusqu'à ce qu'ils fonctionnent 4 par 4. Ces assemblages ont fait l'objet de tirages sur des lés de papier peint.
Cagettes
Promenade au bord du Gardon. Cette fois, de l'eau, du minéral et une rencontre avec Évelyne qui vend des légumes au bord de la route. Les clichés seront exposés dans les cagettes sur le stand d'Évelyne. On en retrouve sur les murs de la Salamandre et c'est tant mieux. Pour le vernissage Évelyne viendra avec ses cagettes pleines de légumes pour offrir une anchoïade aux visiteurs.
Les amis errants
Richard a invité ses amis errants à venir exposer une création en rapport avec l'errance. On y verra le travail de Jules Milhau, un artiste prodige dont nous reparlerons, celui de Géraldine Rey-Deschamps ou encore de Swan Soto, Éddie Pons et une poignée d'autres.
Le toro de Géraldine Rey-Deschamps
Géraldine Rey-Deschamps peint, aime le rouge et… le toro de l'Esplanade, refusant de hurler avec les loups. Elle le rencontre, le découvre et le peint, pour faire la nique aux réboussiers et rendre justice à l'artiste. Le résultat lui, rend justice à la démarche.
Jules Milhau hors du Nid
Jules prépare une expo que nous aurons l'occasion d'évoquer. Ce jeune homme d'allure tranquille foisonne d'inspiration. Et son inspiration a du sens, chatoie, étonne, ravit. À son ami Richard, il a apporté un dessin émouvant dans sa simplicité : un nid vide, rencontré lors d'une errance… ou bien était-ce celle de l'oiseau ?
Véronique Palomar-Camplan
Pratique. Après un vernissage à ne pas manquer, vendredi 19 octobre, à 19h, à la galerie de la Salamandre, (place de la Salamandre à Nîmes), l'exposition sera visible jusqu'au 27 les jeudis, vendredis et samedi, de 15h à 19h.