Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 27.09.2019 - thierry-allard - 5 min  - vu 1019 fois

FAIT DU JOUR À Aramon, la transition écologique devient palpable

Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy (à G.), les élus et le préfet ont inauguré la centrale solaire du site EDF d'Aramon (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le président directeur général d’EDF, Jean-Bernard Lévy, était à Aramon ce jeudi pour inaugurer l’accélérateur de projets Cleantech Booster et la centrale solaire de l’ancienne centrale thermique. L’occasion de voir les premières réalisations du Contrat de transition écologique (CTE) Aramon-Gard rhodanien, signé en décembre dernier.

Les habitués de la route départementale 2 entre Villeneuve et Beaucaire l’auront perçu. Depuis plusieurs mois, l’ancienne centrale thermique d’EDF est en cours de démantèlement. Ainsi, ce jeudi matin, il ne restait plus qu’une partie des trois immenses réservoirs de fioul qui ont alimenté la centrale de 1977 à 2016, date de sa fermeture définitive. Sa déconstruction durera douze ans, et coûtera pas moins de 50 millions d’euros. « Plus de 96 % de ses composants seront valorisés, en faisant appel très largement à la sous-traitance locale, qui est très présente également à la centrale du Tricastin, dans le cadre du programme Grand carénage », affirmera le PDG de l’électricien national.

Accélérer les projets de technologies propres

Tout à côté de ce paysage industriel finissant, on retrouve la « Villa », siège de l’accélérateur de projets Cleantech Booster, et un champ de panneaux solaires, tous deux inaugurés ce jeudi. Un symbole de la transition énergétique et écologique, entre « un ancien site de production électrique carbonnée », rappellera le député Anthony Cellier, et un site d’accélération de projets dans les technologies propres, les fameuses cleantechs (*), et de production d’électricité propre.

Pour EDF et l’ensemble des partenaires publics et privés, il s’agit aussi de limiter la casse engendrée par la fermeture de la centrale en 2016, « qui a blessé fortement le territoire », rappellera le maire et ancien agent de la centrale, Michel Pronesti. Outre la centaine d’emplois « redéployés » ailleurs par EDF, « la Communauté de communes du Pont du Gard (CCPG, ndlr) a perdu 30 % de ses recettes fiscales », rembobinera son président, Claude Martinet.

Alors EDF, les collectivités locales, l’État et les entreprises locales, ainsi que quelques gros donneurs d’ordre, se sont mis autour d’une table pour imaginer la Cleantech Vallée, un vaste plan visant à faire de la basse vallée du Rhône une sorte de Silicon Valley des technologies propres. Plus tard, la création par l’État des Contrats de transition écologique ira comme un gant à ce projet, qui unit la CCPG et l’Agglo du Gard rhodanien. Le territoire sera d’ailleurs le troisième CTE labellisé en France, en décembre dernier.

Et à l’époque, les différentes parties, à commencer par le gouvernement, promettaient du concret. Depuis, l’association Cleantech Vallée, gouvernée non pas par les élus mais par les entreprises impliquées, rappellera le président de l’Agglo du Gard rhodanien, Jean-Christian Rey, a été créée pour piloter l’application du CTE, et le Cleantech Booster a démarré ce mercredi, au sein de la Villa, un bâtiment établi dans l’enceinte de la centrale d’Aramon. « L’équipe est en place et je tiens à signaler la rapidité avec laquelle ces actions sont mises en place. Nous sommes déjà satisfaits de cette efficacité », soulignera le délégué régional adjoint de l’ADEME, Frédéric Guillot.

La "Cleantech vallée" regroupe quinze partenaires (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le Cleantech Booster a pour but d’accompagner durant neuf mois des start-up ou PME à prospecter, prototyper leurs produits, développer leurs ventes ou encore lever des fonds. Un accompagnement aussi bien individuel que collectif, réalisé par les partenaires de la structure. Onze entreprises ont intégré cette première promotion.

Localement, on y retrouve EAI Ingénierie, qui fait dans la gestion de projet et la supervision de chantiers dans le nucléaire, Fadilec, qui fait des robots pour le nucléaire, ou encore Gambi-M, qui travaille dans la 3D avec l’industrie nucléaire. Le tout « dans un écosystème d’innovation efficace et existant », ajoute le vice-président de l’association Cleantech Vallée, Didier Colin.

En parallèle de cet accélérateur, un master en management de transition écologique et économie circulaire a été créé et vient de démarrer. Soutenu par le CEA, il compte une vingtaine d’étudiants, qui intégreront le master 2 qui ouvrira l’an prochain. Par ailleurs, la CCI du Gard porte une plateforme Cleantech Business, « qui mettra en relation les donneurs d’ordre et les entreprises des cleantechs », précise le président de la CCI du Gard, Éric Giraudier. Cette plateforme doit démarrer en 2020.

La centrale solaire, un projet parmi d’autres

La centrale solaire, inaugurée juste après la Villa, rentre aussi dans le cadre du CTE. D’une capacité de 5 MégaWatts crête, ce qui correspond à la consommation de 3 480 habitants, elle compte 14 000 modules photovoltaïques. Pas n’importe quels modules. « Pour la première fois, cette centrale est équipée de panneaux bi-faces pour absorber aussi les rayons réfléchis par le sol », précise le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy.

Un projet parmi d’autres pour EDF dans le cadre du CTE : « Nous allons avec notre filiale Cyclife (ex-Centraco Socodei, ndlr), à Marcoule, lancer un projet d’entreposage de 60 millions d’euros et nous allons préparer la construction d’une extension à cette centrale solaire, avancera Jean-Bernard Lévy. Et sur le site voisin de Sanofi, nous portons un projet de parc solaire de 3,5 MégaWatts crête. »

Bref, « tout ceci illustre notre engagement sur ce territoire et en Occitanie », ajoute le PDG d’EDF. Un engagement salué par la vice-présidente de la Région Occitanie déléguée à la transition écologique, Agnès Langevine, tout en rappelant l’engagement de la Région : « une ambition très forte : être la première région à énergie positive d’Europe. »

Pour y parvenir, « il faut réduire par cinq les émissions de CO2 liées à l’énergie », poursuivra l’élue, qui rappellera que « au-delà des discours, il faut être au rendez-vous de l’action et ici c’est remarquable. »

« Ici, modestement, nous apportons notre pierre à la transition écologique », estimera ensuite le député Anthony Cellier, qui a mouillé la chemise sur le CTE, et qui se dit convaincu que « le CTE démontrera que l’écologie et l’économie sont intimement liées et que la transition écologique est source d’opportunités. »

« Il y a ici une formidable énergie, une capacité économique, énormément de volonté et de forces positives, mais encore fallait-il les réunir », saluera pour sa part le préfet, Didier Lauga, dont les services ont « arrondi les angles » pour la centrale solaire. Il le fallait, l’installation étant en zone inondable.

Bref, le Contrat de transition écologique Aramon-Gard rhodanien est bel et bien parti, « et il constitue une sorte de modèle », lancera le préfet. Reste à conserver cette dynamique. En tout, le CTE prévoit 200 millions d’investissements sur le territoire en quatre ans.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, accueilli par la CGT à son arrivée sur le site d'Aramon ce jeudi (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Comité d’accueil : le PDG d’EDF et les élus ont eu droit à un comité d’accueil réservé par la CGT Mines-énergie. Les manifestants militent pour « une renationalisation d’EDF » et s’opposent au projet de scission d’EDF.

* Comprendre les transports propres, bâtiments économes smart grid / IOT, économie circulaire, chimie verte / cycle de l’eau, énergie décarbonnée, déconstruction.

Thierry Allard

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