Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 06.12.2019 - thierry-allard - 4 min  - vu 614 fois

GARD RHODANIEN La nouvelle taxe transport froisse les entrepreneurs, qui songent à lancer leur propre service

Une soixantaine de personnes ont assisté à la réunion publique hier soir à l'Ardoise (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le collectif, qui regroupe les groupements et associations d’entreprises et de commerçants du Gard rhodanien, et la délégation locale de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) organisaient jeudi soir à Laudun-l’Ardoise une réunion publique sur le versement transport (VT), la nouvelle taxe levée par l’Agglo du Gard rhodanien.

Un impôt que les entreprises et administrations de plus de onze salariés devront payer dès le 1er janvier prochain, et qui servira à financer des services de transport en commun et/ou des pistes cyclables. L’Agglo du Gard rhodanien a décidé de faire appel à cet impôt, déjà en vigueur dans de nombreuses Agglos, comme à Nîmes, Alès ou Avignon, et de fixer le taux à 0,6 % de la masse salariale brute.

Un chiffre pas forcément très parlant, contrairement à ceux-là : Jean-Marc Rouméas, PDG d’une entreprise de 120 salariés, estime à « 35 000 euros » le montant du VT pour son entreprise, Thierry Vézinet, à la tête d’une entreprise de 80 personnes à « 20 000 euros » et Didier Giffard à « 35 à 40 000 euros » pour son entreprise de 120 salariés. « C’est une charge significative pour le résultat des entreprises, c’est ce qui nous a fait réagir », lancera Michel Valentin, du collectif.

Un défaut de consultation ?

Une charge certes, mais pour un service : dès le 1er janvier, l’Agglo mettra en place des navettes entre Bagnols et les différentes zones d’activité et une navette gratuite qui fera le tour de Bagnols. Un service qui ne convient pas aux patrons : « Pour l’heure on ne retrouve pas nos petits dans ce qui est proposé, avance Michel Valentin. Nous demandons au moins de pouvoir revenir autour d’une table pour ré-étudier les trajets et se focaliser sur les horaires les plus adaptés. »

Car les chefs d’entreprises présents hier soir l’affirment, ils n’ont pas assez été consultés par l’Agglo avant le vote du VT le 30 septembre dernier. « Nous avions mis en place des réunions informelles avec l’Agglo tous les trimestres, en avril et en juin on a parlé du sujet. On nous a demandé d’y réfléchir, mais ça a été vite voté », explique Michel Valentin. « Nous avons commencé à travailler, mais nous n’avons pas eu le temps de rendre notre travail », regrette le président de Port l’Ardoise Thierry Vézinet. « Il y a eu un delta au niveau du curseur de la communication entre nous et l’Agglo », résume Michel Valentin.

« Je me sens lésé, lors du vote le président (Jean-Christian Rey, ndlr) nous a dit qu’il y avait eu des discussions avec les chefs d’entreprises, ce qui a changé mon vote », affirmera le maire de Saint-Nazaire, Gérald Missour, qui dira « demander dès demain (vendredi, ndlr) une réunion sur ce sujet, voire un nouveau vote. »

« Notre groupe avait voté contre, car nous sentions très bien que lorsqu’on nous a dit que des discussions avaient été engagées avec les entreprises, ce n’était pas réel », affirmera plus tard le premier-adjoint laudunois Patrick Pannetier. L’élu d’opposition Christian Roux, membre de la commission transports de l’Agglo, affirmera pour sa part avoir été mis « devant le fait accompli. »

Un système privé ?

Reste que les patrons ont bossé de leur côté : « Nous nous sommes rapprochés du CEA, qui a son propre service de transport. Nous avons ciblé douze lignes qui peuvent nous intéresser et contacté un organisme de transport pour chiffrer ce service », avance Thierry Vézinet. Or, la mise en place d’un système de transport qui serait intégral et gratuit pour les salariés permettrait aux entrepreneurs de se faire rembourser le VT versé à l’Agglo, au prorata du nombre de leurs salariés qui l’utiliseraient. En clair : mettre en place un système parallèle permettrait aux patrons de court-circuiter l’Agglo.

Pour en revenir à la piste levée par Thierry Vézinet, « les douze lignes nous coûteraient environ 1 million d’euros par an, pour un maillage à 180 degrés, alors que dans le projet de l’Agglo, tout le monde habite à Bagnols. L’Agglo va collecter 1 à 1,5 million d’euros de VT, pour un service que nous estimons à 200 000 euros par an. » Le chef d’entreprise met ainsi le doigt sur une question centrale : la juxtaposition du coût du service proposé par l’Agglo et du montant attendu du VT. Thierry Vézinet promet pour sa part qu’avec le système alternatif qu’il propose, « si on s’aperçoit que 0,4 % ou 0,3 % suffisent, on baissera le taux. »

Encore faut-il que les salariés prennent ces transports, sous peine d’être perdant sur toute la ligne, comme le soulignera un chef d’entreprise dans la salle. Dans le cas d’une mise en place d’un système privé, « il faudra avoir un vrai maillage du territoire, pose le président de la délégation locale de la CCI Philippe Broche. La mise en place de cette taxe nous donne l’opportunité de réfléchir à un vrai plan transport. » Et le même de citer l’absence de solution de transport comme un frein au recrutement des salariés, « un problème qui bloque aussi la formation », ajoute Thierry Vézinet.

Le chef d’entreprise voit désormais deux solutions : « Soit l’Agglo veut bien revenir en arrière, soit on le fait nous, avec un modèle économique qui est à construire, c’est soit l’un soit l’autre. » « Le système à part, je n’y crois pas du tout », lancera Jean-Marc Rouméas, un des rares à se positionner clairement hier soir. Lui préférerait que « les chefs d’entreprises soient intégrés à la réflexion » avec l’Agglo. Quoi qu’il arrive, il va falloir renouer le dialogue avec l’intercommunalité. Son président, Jean-Christian Rey, qui était invité hier soir d’après Philippe Broche, ne s’est pas présenté à la réunion.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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