Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 09.06.2020 - corentin-corger - 4 min  - vu 6436 fois

FAIT DU JOUR Réouverture des bars et restaurants : une semaine après, l'heure du bilan

Lionel, le gérant du Mogador, attend impatiemment l'arrivée des touristes (Photo Corentin Corger)

Après une semaine de réouverture, c'est l'heure de tirer un premier bilan pour les gérants de bars et restaurants du centre-ville de Nîmes. Si pour certains le retour de la clientèle s'est fait calmement, d'autres ont ressenti l'euphorie de cette deuxième étape du déconfinement. Tour d'horizon.

Ce mardi 9 juin, cela fait une semaine tout pile que les bars et les restaurants ont pu rouvrir. Si chaque établissement a ses particularités, la tendance générale prévaut que les Nîmois avaient davantage envie de boire un coup plutôt que de manger. Notre tour des popotes débute devant l'esplanade Charles De Gaulle au café et crêperie "Le Goéland" où c'est "très calme" depuis la reprise "avec moitié moins de clientèle" que d'habitude précise la responsable, Juliette. "On se croirait en octobre. Et encore", poursuit-elle évoquant une affluence de fin de saison alors qu'il s'agit normalement d'une période bien plus animée.

Elle constate surtout que "sur la restauration, les clients sont plus méfiants" et espère que les touristes, potentiels clients, pourront venir dans la capitale gardoise début juillet. Les touristes, Houcine Rezgui, gérant du "Café Latin" situé en face la Maison carrée, les attend avec impatience : "s'ils ne sont pas là, ça sera plus difficile." Concernant la réouverture, le cafetier a constaté dans l'ensemble "une terrasse bien pleine, surtout le soir" sur une surface amputée de 30% de son nombre de tables habituel.

Au Goéland, l'affluence reste très calme (Photo Corentin Corger)

Vu la conjoncture le gérant va du coup adapter son recrutement : "D'habitude on embauchait trois, quatre personnes en vue de l'été. Là il n'y en aura peut-être qu'une si les "Jeudis de Nîmes" ont lieu". Ce marché nocturne qui se déroule en juillet et en août mais aussi la Feria des vendanges sont les événements sur lesquels comptent véritablement ces commerçants pour faire rentrer un maximum de trésorerie avant la période creuse de l'hiver.

Une semaine post feria réussie

Une reprise calme au "Goéland", plutôt satisfaisante au "Café Latin" et qualifiée d'encourageante au bar "Le Victor Hugo"."On a senti une petite euphorie avec de belles soirées ce week-end et du monde à l'heure de l'apéro. Pour une semaine post feria c'est plutôt très bien", commente le gérant, Nicolas Delprat. Un moment plutôt calme en règle générale après cinq jours de fiesta intense et qui a donc été plus rentable pour 2020. Le hasard du calendrier a voulu que cette réouverture tombe le lendemain où ces festivités étaient prévues et des festaïres qui ont rongé leur frein tout le week-end.

Samedi soir, la rue Fresque était bondée pour ce premier week-end de déconfinement (Photo Stéphanie Marin)

Forcément, le mardi et même toute la semaine ont sonné comme une libération et l'heure du rattrapage. D'où la foule aperçue notamment dans certaines ruelles étroites comme la rue Fresque et la rue de l'Étoile où il devient rapidement difficile de respecter la distanciation.

Et des gestes, en journée, pas encore bien assimilés, "deux personnes sur trois rentrent sans le masque", assure Lionel Amat de la brasserie "Le Mogador", objet obligatoire à l'intérieur pour se rendre aux toilettes. Un besoin de se retrouver en dehors de son domicile ressenti par les professionnels. "Ça leur manquait d'être servi", réagit Houcine du "Café Latin" alors que Nicolas a remarqué que les "clients ont plus consommé et ont laissé davantage de pourboire en signe de solidarité."

Un retour de la clientèle qui lui a donné le sourire : "Ça fait du bien moralement". Reste à savoir si cela va continuer les prochaines semaines. Lui aussi souhaite évidemment que la deuxième Feria ait lieu pour ne pas subir à nouveau un "gros manque à gagner". Nicolas Delprat propose par ailleurs que "si les taureaux ne peuvent pas venir, de ne pas organiser de corrida mais au moins de laisser une Feria pour les commerçants." Son premier événement dans le viseur est la Fête de la musique le 22 juin et de savoir s'il est possible de mettre en place quelques animations.

Nicolas Delprat, le patron du Victor Hugo (Photo Corentin Corger)

Ce contexte économique a forcément un impact sur son recrutement avec des contrats non renouvelés, aucune embauche prévue cet été et un patron qui s'est remis dans le roulement du service pour réaliser quelques économies. Si ces gérants espèrent que les clients seront présents pendant les vacances c'est pour obtenir une trésorerie suffisante, indispensable pour passer l'hiver sans trop de pépins afin de payer toutes les charges et garder l'ensemble du personnel permanent.

Avec le télé-travail, moins de déjeuners entre collègues

Une période que redoute Lionel Amat, gérant de la brasserie "Le Mogador", "avec une demi-terrasse et des événements annulés (Feria de Pentecôte, Festival de Nîmes), ça s'annonce compliqué." Du monde dans la plupart des bars, un peu moins dans les restaurants. Dans cet établissement situé place du Marché, "on s'attendait à plus de monde, confie le restaurateur qui tient une explication : Il y a encore pas mal de personnes en télé-travail. Donc on n'a plus les tables de deux collègues qui déjeunent ensemble le midi, ce qui représente la moitié de notre clientèle." Un public particulier qui risque de revenir sur son lieu de travail seulement en septembre.

Au Madow, la terrasse de Justine affichait complet (Photo Corentin Corger)

Et puis il y a ceux qui parviennent à tirer leur épingle du jeu comme "Le Madow", ce restaurant implanté depuis environ dix mois face à l'Hôtel de ville."C'était l'euphorie sur les premiers jours. On a été complet tous les midis et nous avons fait le même nombre de couverts qu'avant la crise", explique Justine Confort, la gérante, qui a pu étaler sa terrasse. "Durant le confinement, nous avons fait de la vente à emporter et fidélisé une nouvelle clientèle en lui donnant rendez-vous à la réouverture, d'où cette reprise positive", complète-t-elle pour expliquer cette forte affluence. Si les semaines se suivent, Justine espère aussi qu'elles vont se ressembler.

Corentin Corger

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