Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.06.2020 - anthony-maurin - 4 min  - vu 2138 fois

NÎMES L'ancien hôtel de l'Académie au coeur d'un futur projet immobilier ?

Depuis lundi soir, des banderoles sont accrochées aux grilles de l'hôtel Séguier, dans la rue éponyme.
" Bien public, propriété citoyenne " Des électeurs rappellent ainsi à la Ville que le patrimoine municipal est aussi celui des Nîmois attachés à leur histoire (Photo Anthony Maurin).

La rumeur et le chuchotement portent le bruit parfois plus loin et plus vite qu'un simple permis de construire déposé en mairie. Nous n'en sommes pas là mais un collectif de citoyens s'inquiète de l'avenir d'une partie du patrimoine de la Ville, en l’occurrence de celui de l'hôtel Séguier.

Il a pris un coup de vieux car il n'a pas été entretenu depuis son acquisition par la Ville voilà plus de 20 ans. L'ancien hôtel de Jean-François Séguier (1703-1784), est aujourd'hui clairement laissé à l'abandon. Pourquoi ? Alors même que la municipalité devrait donner l'exemple et entretenir une telle bâtisse en y proposant quelques belles idées pour le moderniser à la sauce culturelle évidemment, il se murmure qu'elle prévoit de la vendre pour en faire un coup immobilier. Un de plus. Pour cet article, nous n'avons pas contacté la Mairie qui devrait réagir dans les heures à venir.

À deux pas des Carmes, adossé à la Porte romaine, un bel hôtel particulier, un de ceux qui ont compté dans l'histoire de la cité, est aux abois. " On ne comprend pas qu'on puisse vendre un tel bien alors qu'il fait partie de notre histoire. Ici a siégé l'Académie de Nîmes, une des premières en France. Ici se sont déroulées des choses incroyables et nous allons faire des Villégiales ou des Senioriales ? Vous plaisantez ou quoi ? ", affirme un réboussier qui a du sens. De son côté, Fabien Penchinat auquel appartiennent Les Villégiales, dément toute " rumeur ou chuchotement ", concernant sa société, qui n'est, ni de près, ni de loin, pas liée à un quelconque projet immobilier à l'Hôtel Séguier.

L'entrée de l'hôtel (Photo Anthony Maurin).

Et le Nîmois d'en remettre une couche : " Rappelez-vous l'hôtel Colomb de Daunant sur le boulevard Talabot... Il a brûlé et hop, il y a un immonde complexe violacé construit par une grande famille nîmoise. Nous en avons assez de voir de telles choses se produire en douce, dans l'inconscience des citoyens. Tout cela commence à se voir et nous en avons marre !

Hôtel Chouleur, de l'Horloge, de Bernis ou encore de Boudon... Les exemples sont légion quand on s'y penche d'un peu plus près. Il est certain que l'affaire est belle. En plus de prendre quelques pépètes aux passage, la Ville se débarrasserait d'un bien encombrant car inutile et délabré. Mais, avant d'en arriver là, pourquoi cet espace n'a-t-il jamais fait l'objet d'une brillante idée de reconversion ?

Comment peut-on prétendre à l'UNESCO si on n'est pas fichu de former, autour d'un tel patrimoine, une coquille savante et éloquente comme le faisaient les Nîmois de l'époque. Si la notoriété de Nîmes a su perdurer à travers les âges, c'est peut-être grâce au savoir-faire de ses élus en matière d'immobilier et de conservation de celui-ci. Dans un autre temps, mais le murmure bruisse lui aussi de plus en plus fort, c'est le Museum d'histoire naturelle qui est dans le collimateur des militants.

" On a entendu parler que Fournier voudrait y faire un espace de coworking alors que nous avons de très belles collections, parmi les plus importantes de France et d'Europe ! Ces lieux sont également délaissés, volontairement pour que plus personne n'aille dans ce si beau musée, nous n'avons aucun autre moyen que de scander notre désarroi ! Si cet espace sort lui aussi de sa case historique et patrimoniale au profit d'une économie de marché, nous ferons d'autres actions plus visibles ! "

(Photo Anthony Maurin).

Les Nîmois vont bientôt voter pour élire leur maire. Le patrimoine et les bijoux de famille s'étiolent mais les idées, elles s'enhardissent. " Nous devrions prendre à bras le corps tous ces problèmes qui serviraient de base à un nouveau développement économique et culturel. On le voit ailleurs, ces bâtisses passionnent les foules. Si on leur propose des choses attractives à l'intérieur, elles n'auront pas besoin d'être vendues à du privé qui devient nuisible à l'image de la ville. "

Rappelons ici les propos du maire actuel, Jean-Paul Fournier, sur une brochure vantant la vie de Jean-François Séguier. " Parmi ceux de ses fils dont Nîmes est fière, Jean-François Séguier occupe une place éminente et spécifique. Incarnation de l'esprit des Lumières, ce savant alla bien au-delà de la recherche scientifique et de l'expérimentation, disciplines qu'il pratiqua avec bonheur. Tout à la fois intimement attaché à sa ville, il comprit et prouva que la démarche expérimentale et l'échange entre experts ne pouvaient être bornées par les frontières des États. Son tour d'Europe, véritable itinéraire initiatique, fait de lui un pionnier. "

Membre de l'Académie royale de Nîmes depuis 1755, Séguier lui lègue sa maison et ses collections afin qu’elle puisse pérenniser son action dans l'intérêt des chercheurs et du public. L'hôtel Séguier a connu depuis divers propriétaires. Protégé au titre des Monuments historiques en 1990, la ville de Nîmes l'achète en 1996 pour y créer, après sa remise en état, un lieu dédié à la recherche, la diffusion des connaissances et à la mémoire de Séguier... Mais tout cela n'est qu'une vieille histoire !

Anthony Maurin

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