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Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 10.07.2020 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 2590 fois

FAIT DU JOUR Qui est vraiment le nouveau président de Nîmes métropole, Franck Proust ?

De gauche à droite : Franck Proust lors de son entrée au conseil municipal avec Jean Bousquet ; Franck Proust à l'Europe et enfin au côté du maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier (Photo : droits réservés)

À 57 ans, l’adjoint nîmois a pris la présidence de Nîmes métropole. Élu depuis 31 ans, Franck Proust prend enfin les pleins pouvoirs d'une collectivité. Portrait d’un fidèle de Jean-Paul Fournier qui a attendu patiemment son heure. 

C’est après une campagne bordée d’incertitudes que Franck Proust a été élu, ce mercredi, président de Nîmes métropole. L’Agglo, c’était son but, son Graal. « Demandez à Jean-Paul Fournier, j’étais déjà candidat en 2002 et en 2014 ! », martelait-il encore la veille du scrutin. Sa phrase est familière, répétitive. Avant d'autres, le Nîmois a compris l’ampleur qu'étaient vouées à prendre les intercommunalités. Une ampleur essentiellement dans le secteur économique, « leitmotiv de Franck Proust », confie son ami de longue date, Pascal Gourdel. 

Débuts politiques avec Jean Bousquet 

Au centre, l’ancien maire de Nîmes Jean Bousquet aux côtés de Franck Proust (à gauche) et de Jean-Paul Fournier (à droite) (Photo : droits réservés)

Franck Proust débute sa carrière à l'âge de 25 ans, en intégrant la majorité de Jean Bousquet. À l'époque, le maire est intrigué par ce jeune homme, originaire de Poitiers, qui vient d'ouvrir son cabinet conseil en marketing. Ses origines viennoises lui seront quelques fois reprochées. « Je ne suis pas né à Nîmes mais moi au moins, je l’ai choisie ! », ressasse-t-il, comme si le rejet de certains l'avait atteint plus qu'il n'y paraît. Franck Proust fait ses premières armes dans la délégation Tourisme et lance les Jeudis de Nîmes.

À la mairie, il gravit rapidement les échelons. En seulement deux ans, le Nîmois d'adoption devient adjoint et président de l'office du tourisme. « Il a développé son sens politique, poussé par Jean Bousquet qui lui prédisait un bel avenir », se souvient Pascal Gourdel. En parallèle de son mandat, Franck Proust prend la tête du parti Démocratie Libérale. Un petit parti qui correspondait à ses convictions et lui donnait un cadre pour ses ambitions. « Ce n'était pas une grosse machine comme le RPR (Rassemblement pour la République) mais notre mouvement incarnait surtout des idées », se souvient Frédéric Escojido, un autre de ses proches.

Fournier-Proust : un respect mutuel

Sur l’estrade, Franck Proust et Jean-Paul Fournier en campagne pour les élections départementales sur le feu canton de Nîmes 5 (photo : droits réservés)

Franck Proust s’inscrit durablement dans la vie politique. Après la défaite de Jean Bousquet en 1995, il siège dans l'opposition avec Jean-Paul Fournier, encarté lui au RPR. Aux Municipales de 2001, il se range avec le secrétaire départemental de Force Démocrate, un certain Yvan Lachaud, derrière Jean-Paul Fournier. De retour aux affaires, Franck Proust, 39 ans, devient deuxième adjoint, en charge du développement économique. Lorsque Nîmes métropole se crée en 2002, il prend la vice-présidence dédiée à l'Économie, sa martingale. « Franck Proust a toujours eu le respect du chef. Lorsqu'il n'est pas d'accord, il le dit en tête-à-tête », commente son ex-collaborateur avec qui il a travaillé sept ans, Jérémy Rosier.

Ce respect mutuel a contribué à asseoir sa carrière politique. Lors de la création de l'UMP, les deux hommes se retrouvent dans le même parti. C'est soutenu par le maire de Nîmes que Franck Proust devient conseiller départemental de 2004 à 2011. « Ce fut le seul canton à basculer à Droite alors qu’il y avait une vague rose », souligne Pascal Gourdel, son directeur de campagne de l'époque. Jérémy Rosier abonde : « Franck Proust a gagné avec 21 voix d’écart. On peut noter qu’il n’a jamais eu de victoire facile. Rien ne lui a été servi sur un plateau. »

Guerre fratricide avec Yvan Lachaud

Au centre, Jean-Paul Fournier entouré de Franck Proust à gauche et Yvan Lachaud à droite (Photo : Objectif Gard)

Les Législatives 2007 sont encore un douloureux souvenir. Candidat sur la 1ère circonscription, « il apprend le jour de l’inauguration de sa permanence qu’il doit céder sa place à Yvan Lachaud, accords nationaux obligent », rappelle Frédéric Escojido. Un tournant dans sa vie politique. « À partir de ce moment-là, Franck Proust a compris l’importance des réseaux nationaux », pense Jérémy Rosier. Cet épisode est aussi le départ d'une profonde inimitié entre Franck Proust et Yvan Lachaud puisque la même année, le centriste dénonce des irrégularités soupçonnées dans l’affaire de la Senim pour laquelle il est mis en examen.

Aux municipales de 2014, lorsque Jean-Paul Fournier propose la présidence de Nîmes métropole à Yvan Lachaud pour sceller l'union, Franck Proust sort de ses gonds. Il n'accepte pas que l'intéressé refuse dans un premier temps la proposition. À l'époque, il avait commenté sur Objectif Gard : « Si la présidence de Nîmes métropole ne l'intéresse pas, moi oui. J'ai une vision politique et des projets qui me tiennent à coeur, comme la gare TVG ou l'aéroport régional. » Quelques jours plus tard, Yvan Lachaud accepte l'offre du maire de Nîmes et devient le président de l'Agglo nîmoise. Une pilule difficile à avaler.

Le tournant européen

Brice Hortefeux, ancien ministre de Nicolas Sarkozy ,et Franck Proust en février 2016 (Photo : Coralie Mollaret)

Franck Proust se console avec l'Europe. À Bruxelles, le Nîmois apprend. Il se démène pour obtenir le report de l'arrêt des aides publiques pour les aéroports régionaux en 2014, l'une de ses plus belles victoires. Un an plus tard, il est élu meilleur député du Parlement européen et prend la présidence de la délégation française des eurodéputés PPE (Parti populaire européen). Un groupe rassemblant d'anciens ministres tels que Rachida Dati, Brice Hortefeux ou Nadine Morano. « Ce n'est pas n'importe quel Nîmois qui peut se vanter d'être président d'un tel groupe », relève son ex-collaborateur.

Cette envergure européenne lui permet d’intégrer le bureau politique des Républicains. Franck Proust devient membre de la CNI (Commission nationale d’investiture). Si Jean-Paul Fournier lui a fait confiance en soutenant ses candidatures, « Franck Proust s’est toujours battu pour obtenir des choses », pointe Jérémy Rosier.  Sa passion pour l’Europe a toutefois bien failli supplanter ses ambitions locales. « Trop éloigné du terrain, pas assez proche des Nîmois », jugeait certains de ses camarades. L'intérim à la mairie en 2016, lors des problèmes de santé de Jean-Paul Fournier, le pose en successeur naturel du maire. 

Un avenir qui se dessine à Nîmes

Franck Proust, a été élu président de Nîmes métropole ce mercredi matin (Photo : Romain Cura)

« Ce n’était pas facile de travailler avec un cabinet et une administration qui n’est pas la sienne à proprement parler, se souvient Jérémy Rosier. Mais Franck Proust a développé son style, celui d’un homme rassembleur qui travaille. » Son collaborateur retiendra de son intérim le maintien de la feria après les attentats de Nice, le stationnement à quatre euros dans les parkings couverts de 18h à 6h ou l’arrêté municipal interdisant le prêche de Hani Ramadan dans une mosquée à Valdegour.

Remis sur pieds, Jean-Paul Fournier lui remet les clefs du parti Les Républicains. Le premier pas de la succession. Seulement à l'approche des Européennes, le cœur de Franck Proust balance entre Nîmes et l'Europe. Les électeurs choisissent finalement pour lui : en mai 2019, l'eurodéputé n'est pas réélu. Quelques mois plus tard, Jean-Paul Fournier annonce sa candidature aux municipales de 2020 et propose à Franck Proust de reprendre Nîmes métropole. Un choix qui pose les jalons de sa succession, que peu de monde aurait alors soupçonné.

Quelques mois plus tard, Jean-Paul Fournier remporte les élections municipales. Reste que la présidence de Nîmes métropole est incertaine. Avec les délégués communautaires nîmois et sa campagne auprès des maires, Franck Proust est finalement élu à la tête de l'intercommunalité. Au perchoir, c'est à présent à lui de conjuguer les talents pour écrire une nouvelle page de l'histoire politique nîmoise.

Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com

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