Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 14.10.2020 - abdel-samari - 3 min  - vu 2410 fois

LE 7H50 de Corentin Carpentier : "On nous infantilise alors que l'on devrait nous responsabiliser"

Photo DR Objectif Gard

Il y a un an et demi, Corentin Carpentier ouvrait un nouveau restaurant, rue Fresque, à Nîmes, Les Enfants denîm, avec le pari de proposer des produits 100% gardois. Depuis, l'épidémie de coronavirus est passée par là, le confinement, le déconfinement et depuis la rentrée, l'épée de Damoclès de mesures restrictives. Alors que le Gard pourrait passer en alerte renforcée, il nous explique la situation de son établissement.

Objectif Gard : Comment se porte votre affaire à l'heure actuelle ?

Corentin Carpentier : C'est compliqué. Si je regarde mon chiffre d'affaires par rapport à la rentrée dernière, j'accuse une perte de 40%. Sans compter le confinement où de mars à mai, nous avons fait de maigres résultats. On s'est lancé dans le drive qui a pas trop mal fonctionné car les gens étaient enfermés chez eux durant cette période. Mais depuis, les commandes sont quasi nulles. J'ai donc fait appel au prêt garanti par l'État sur le montant du déficit d'exploitation et j'ai bénéficié des 1 500 euros versés aux entrepreneurs pendant que l'établissement était fermé. Sans compter le chômage partiel pour mes employés. Par contre, je n'ai pas fait de report de charges ,ni sur le règlement des loyers. J'ai préféré payer au fur et à mesure pour ne pas me mettre en situation impossible en cette fin d'année. Et au vu des annonces à venir, j'ai bien fait.

Depuis septembre, comment se passe l'activité ?

Malheureusement depuis septembre, la trésorerie a beaucoup souffert. Pourtant, il faut continuer à payer les fournisseurs, les salariés. Aujourd'hui, je me bats pour maintenir les emplois dans mon établissement.

Votre sentiment c'est que l'État ne fait rien ?

Je serais malhonnête de dire que l'on est complètement abandonnés. Le chômage partiel par exemple a permis de limiter la casse. Là où je ne comprends plus le Gouvernement, c'est depuis le déconfinement. Tous les 15 jours, ça change. Aujourd'hui, on ne sait plus où l'on va. On prend des décisions de fermeture de bars ou d'ajustement des horaires alors que si je prends le Gard, l'épidémie touche qu'une partie infime de la population. Et puis, soyons sérieux, les gens sont responsables. On décide pour des questions de santé, mais l'économie, c'est aussi la santé. Si demain les restaurants ferment, ce sont tous les fournisseurs qui vont trinquer. Un mouvement en cascade qui va être dramatique.

Vous reprochez donc le choix du Gouvernement de s'attaquer aux bars et restaurants ?

Je n'arrive pas à comprendre la stratégie. On nous dit que les clusters se forment dans les entreprises, dans les réunions de famille ou dans les établissements scolaires. Et dans le même temps, on s'attaque aux bars et restaurants car on ne veut pas que les gens se rassemblent. Mais les gens ont besoin de se retrouver en petit nombre dans des lieux où les mesures sanitaires sont parfaitement respectées. Si notre vie désormais c'est d'aller travailler et de rentrer se coucher chez soi, les gens vont exploser.

Vous êtes inquiet des annonces prévues dans le Gard dans les prochains jours ?

Je suis pessimiste. L'automne, l'hiver arrivent, cela va être long, très long. Combien de temps on va tenir ?

Si vous aviez Emmanuel Macron devant vous ce matin, vous lui diriez quoi ?

Si j'avais une chose à lui dire, ce serait, préservez l'emploi, c'est préserver la vie des gens. On ne peux pas prendre des décisions comme un parapluie que l'on ouvre pour se protéger. Il faut protéger tout le monde et l'ensemble de la société. On nous infantilise alors que l'on devrait nous responsabiliser et nous engager à prendre soin de nos proches. L'interdiction c'est comme tout, au bout d'un moment, on a envie de la braver. Et j'insiste encore une fois : dans les bars, les restaurants, les patrons sont responsables. On fait respecter le port du masque, on respecte les distanciations physiques, etc. Ce ne sont pas les bars et restaurants qui forment les foyers d'infection. À titre personnel, je n'ai pas embrassé mes grands-parents depuis six mois.

Vous êtes virulent quelques fois à l'endroit du préfet du Gard alors qu'il agit pour protéger la population et s'assurer que les mesures nationales soient respectées. Il est dans son rôle non ?

Je n'ai pas de problème avec le préfet, Didier Lauga. C'est l'absence de dialogue que je déplore. Sur les traditions, sur la covid et les mesures sanitaires, on a le sentiment que les choses sont imposées sans explications. Bon, j'ai cru comprendre que désormais, il recevrait nos représentants avant de prendre des décisions. C'est un point positif.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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