Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 09.03.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 289 fois

NÎMES Dans les coulisses du théâtre Odéon : un travail dans l'ombre

Lors de la représentation de "Dr Jivago" au théâtre l'Odéon à Nîmes, le mercredi 3 mars. (Photo : ©Sandy Korzekwa) - SANDY_KORZEKWA

À l'issue d'une résidence de création, le metteur en scène britannique, Dan Jemmett, a présenté son "remake" de Dr Jivago au théâtre Odéon à Nîmes, devant un parterre de professionnels. 

Intérieur. Théâtre Odéon, Nîmes. Noir. Les spectateurs interrompent leur conversation. Les comédiens entrent en scène. On croirait presque à un scénario de fiction, et pourtant c'est la réalité qui s'est offerte à nous mercredi dernier à l'occasion de la première représentation de Dr Jivago. Une pièce mise en scène par le britannique Dan Jemmett, inspirée du chef d'œuvre de David Lean sorti en 1965, lui-même adapté du roman éponyme de Boris Pasternak.

Cette pièce a été créée dans l'ombre, à ce moment précis où la culture n'est plus considérée comme une activité de première nécessité. Pour autant, la nécessité d'agir est primordiale pour les acteurs du secteur qui malgré cet épais brouillard qui les empêchent de voir l'horizon heureux, ont fait le choix de continuer d'avancer.

Dan Jemmett, le metteur en scène de "Dr Jivago". (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) • Romain CURA

Pour le théâtre de Nîmes, cela se traduit par l'accueil de résidences d'artistes. Ça a ainsi été le cas pour la compagnie des Monstres de luxe fondée par Valérie Crouzet et Dan Jemmett. Elle est comédienne, lui est metteur en scène. Avec le théâtre de Nîmes (production déléguée) et le comédien Geoffrey Carey, ils présentent Dr Jivago.

"Ce n’est pas une adaptation du film. C'est tout à fait impossible de raconter toute l’histoire, elle est bien trop vaste. L'idée était plutôt d'aborder des thèmes, notamment le contexte de la Révolution, la poésie et l'histoire d'amour. Ce film se prête à une forme de recherche théâtrale", souligne le metteur en scène.

Des marionnettes à l'effigie d'Omar Sharif et de Julie Christie. (Photo : ©Sandy Korzekwa) • SANDY_KORZEKWA

Il pousse même la réflexion au sujet du 7e art parlant même de la "fin de l'âge d'or du cinéma, cette époque où il était encore possible d'imaginer des films de trois heures. De prendre le temps". Le même de poursuivre : "Aujourd'hui, on n'a plus de patience, tout est mesuré à la page." Pour illustrer son propos, Dan Jemmett s'appuie sur la façon de filmer de David Lean, de s'arrêter sur la beauté d'Omar Sharif et de Julie Christie.

Lui aussi s'est prêté à cet exercice en intégrant dans sa pièce des marionnettes à l'effigie des deux acteurs. Une manière aussi de rendre hommage au réalisateur qui a eu recours au système D pour le tournage de son film. "Avec ces marionnettes, de même que la scène avec le train, j'ai voulu aller dans le sens de David Lean en ramenant le côté artisanal à l’échelle du théâtre", commente le co-fondateur de la compagnie des Monstres de luxe.

Les professionnels ont assisté à une représentation du "Dr Jivago" au théâtre Odéon à Nîmes. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard)

Une longue ovation a salué le travail des comédiens et du metteur en scène mercredi dernier au théâtre Odéon. Amateurs ou amoureux du théâtre, nous savons votre frustration, mais cette représentation, de même que celle du lendemain, n'était pas ouverte au public lambda mais aux professionnels et notamment les programmateurs qui, malgré le contexte, préparent la saison à venir.

Parmi eux, Claude Nuel, présidente de l'ATP (Association théâtre populaire) d'Uzès et sa secrétaire, Dominique Granier. En sortant du théâtre, les deux femmes ne cachaient pas leur plaisir de pouvoir retrouver la scène, les comédiens. Au mois de février, Claude Nuel a pu découvrir quatre pièces dans ces mêmes conditions, entre professionnels. "Je reconnais que lors du premier spectacle, j'étais, comme tous les professionnels, sous l'émotion. C'était comme un choc de pouvoir retrouver le théâtre, de le partager avec des personnes. C'est quelque chose qui nous manque énormément."

Claude Nuel, présidente de l'ATP d'Uzès (à droite) et sa secrétaire, Dominique Granier. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard)

L'ATP d'Uzès n'a pas rouvert ses portes depuis le mois d'octobre. "On a passé notre temps à programmer, à déprogrammer et à reprogrammer", explique la présidente. Et d'ajouter : "On essaie parce qu'on se dit qu'à un moment donné, on va y arriver. Le problème c'est de savoir si le public viendra, si on aura assez de temps en amont pour le prévenir. Mais on fait le pari à chaque fois. Là, j'essaie de programmer quelque chose pour le 15 avril."

Une organisation compliquée pour les bénévoles qui font vivre la structure mais qui n'ont cependant pas à se soucier de sa survie grâce aux subventions qui courent toujours. Quant à savoir si cette création de Dan Jemmett pourrait intéresser l'ATP d'Uzès, Claude Nuel ne laisse aucune place au suspense. "Oui. J'ai vu le film je ne sais combien de fois et lu le roman évidemment. Cette version, avec cette lenteur, nous apprend à connaître le théâtre. Il y a beaucoup de choses théâtrales et en même temps ça parle de cinéma, ça parle de l'Histoire, de politique, d'amour. Les possibilités de s'échapper sont multiples. Par moments, j'avais le coeur qui battait fort."

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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