Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 12.05.2021 - abdel-samari - 5 min  - vu 2925 fois

NÎMES OLYMPIQUE La pression jusqu'à la rupture ?

(Photo Archives Anthony Maurin).

Rani Assaf (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Comme Dallas, ce feuilleton américain des années 1980 qui, à chaque épisode proposait son lot de rebondissements et ses coups fourrés, Nîmes Olympique semble devenir la nouvelle saga de ce printemps. Désormais, elle ne fait rire plus personne. Car cette fois-ci, ce n'est pas de la fiction mais bel et bien du monde réel dont il s'agit. Et Rani Assaf, dans le rôle principal, est au coeur de vives tensions.

Ce lundi, c'est depuis ses locaux de Montpellier que notre nouvelle star immobilière nîmoise a reçu Yannick Liron, le président de l'association Nîmes Olympique, pour évoquer l'avenir du centre de formation. Lieu d'apprentissage du football 100% nîmois pour des professionnels en devenir, il est remis en question pour 1,5 millions d'euros. Rani Assaf a été ferme : il ne changera pas d'avis malgré sa rencontre avec la ville de Nîmes il y a quelques jours et ne veut plus que le club professionnel le finance chaque année.

Son objectif : faire une pause de cinq ans. Le temps de l'arrivée du nouveau stade qui lui offrira des revenus supplémentaires. D'ici là, le président nîmois assure pouvoir composer une équipe en passant uniquement par le scouting, c'est à dire en recrutant des joueurs plutôt en fin de contrat, notamment à l'étranger, pour limiter les coûts.

Mais en attendant que fait-on ? L'association est prête à prendre le relais sur trois ans, pour l'instant. Elle a constitué un budget estimant que le centre de formation pourrait fonctionner avec 1,3 M€ par an. "Survivre", insiste Corentin Carpentier, membre actif de l'association. "Il va falloir réduire la voilure mais ça devrait passer", complète-t-il. Pour boucler cette somme, l'association a déjà l'assurance d'une enveloppe de 640 000 € par an comprenant les aides de l'UEFA mais aussi de la Région et du Département. Lors de cette réunion, Rani Assaf s'est même engagé à donner jusqu'à 200 000 € si Yannick Liron et son équipe présentent tous les engagements suffisants pour supporter le coût du centre sur quatre ans.

Le centre de formation au centre des crispations

Après ce tête-à-tête, Rani Assaf a retrouvé le conseil d'administration de l'association pour une longue réunion de 18h30 à 23h. L'occasion de mettre tous les sujets sur la table. Avant d'évoquer celui qui fâche (le centre de formation), le président a d'abord présenté en long, en large et en travers son futur projet immobilier. Avec le sourire, puisque le permis de construire du stade provisoire devrait être bientôt délivré et les travaux s'enchaîner d'ici janvier 2022. Le NO y jouerait donc dès la saison 2022/2023.

Pour justifier l'urgence de son projet, l'ex-dirigeant de Free en a profité pour évoquer l'état actuel du stade des Costières. Selon lui, un audit commandé par la municipalité datant de 2015 et dont il ignorait l'existence apparemment, montrerait un affaissement de la salle Paul-Calabro, où se tient habituellement le carré VIP. "C'est faux, le club a ce document depuis 2016 et la Ville a fait faire des analyses complémentaires, il n'y a pas de péril imminent" nous indiquent les services de la mairie qui assurent pouvoir lancer des analyses complémentaires rapidement pour le prouver.

Selon Rani Assaf en tout cas, une partie de la tribune Nord devrait donc être fermée la saison prochaine, ce qui permettrait ainsi de reculer les bancs de touche pour répondre aux normes de la LFP et donc continuer à jouer aux Costières...

"Il a été convaincant honnêtement sur son projet de stade. On a vraiment l'impression que c'est son bébé, l'histoire de sa vie professionnelle", commente un intervenant présent hier soir à la réunion. Mais au moment d'évoquer le centre de formation, il a complètement changé d'attitude. On est rentré dans un dialogue de sourds."

"Faut être sérieux deux minutes et surtout honnête"

En effet, "face au mur Assaf", l'Association Nîmes Olympique s'est cassée les dents. Et a eu bien du mal à avancer les arguments pour trouver les 500 000 € manquant. "La ville de Nîmes a été montrée du doigt. Rani n'a pas hésité à dire qu'il fallait mettre la pression sur la mairie qui l'emmerde tous les jours." Laissant entendre qu'elle donnait 1 M€ à l'USAM, pourquoi pas la même chose à l'Association Nîmes Olympique ?

"Il faut être sérieux deux minutes et surtout honnête. La direction du Nîmes Olympique oublie de dire qu'elle bénéficie aussi de subventions pour la société. Ainsi, les deux cumulés représentent près de 900 000 euros, nous explique une source bien informée à l'USAM Nîmes-Gard. Un centre de formation, c'est l'affaire de tous et pas uniquement de la ville de Nîmes. Tous les acteurs institutionnels du territoire sont concernés."

Rani Assaf laisse en tout cas la porte ouverte encore dix jours à l'Association pour proposer un plan viable et pérennisé. "Il est hors de question pour lui de remettre la main à la poche chaque année pour équilibrer le budget de l'Association." D'autant que Rani Assaf considère le projet d'actionnariat populaire tout comme le mécénat "aléatoire d'une année sur l'autre".

"L'association veut se calquer sur le modèle réalisé par les Kalons à Guingamp où 15 000 fans ont investi à hauteur de 40 €. Tout cet aspect a été présenté en fin d'après-midi aux représentants des groupes de supporters : Gladiators Nîmes 91, Nemausus 2013 ou encore le club central des supporters", conclut Corentin Carpentier.

Photo DR Objectif Gard

"Je suis consterné. Je ne comprends pas le comportement de Rani Assaf, indique à Objectif Gard Jean-Paul Fournier ce mercredi. Il dit à tout le monde qu'il veut descendre en Ligue 2, qu'il ne veut plus former les jeunes mais dans le même temps propose un projet immobilier. J'ai l'impression qu'il n'aime pas beaucoup son club ce type."

Difficile pour le maire de Nîmes de faire pression, selon nos informations, car aucune clause suspensive liée à l'avenir du Nîmes Olympique ne permet de remettre en cause la vente du stade des Costières. "On est coincé mais on n'a pas dit notre dernier mot. On ne peut pas être contre la ville de Nîmes quand on dirige le NO", complète un élu bien informé de la situation.

En ce qui concerne les menaces de rendre les clés, échaudés, plusieurs élus de la majorité mais aussi de l'opposition veulent envoyer un message clair à Rani Assaf : "Chiche !" "Est-ce que l'on aura beaucoup de mal à trouver un repreneur, la réponse est non. Je peux même vous dire que tout cela pourrait aller plus vite qu'on ne le croit", indique un proche de Jean-Paul Fournier.

Les clés sont encore dans la poche du président mais ses menaces récurrentes et "son comportement désinvolte" vis-à-vis des acteurs de la Ville qui ont œuvré à l'avancement de son projet personnel "ont agacé beaucoup de monde. L'argent est forcément important dans le football de 2021 mais ce n'est pas l'alpha et l'oméga. L'humain doit être au centre des enjeux. On ne peut pas être sans foi ni loi tout le temps." À bon entendeur...

Abdel Samari (avec Corentin Corger)

Abdel Samari

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